Pour son dernier opus cinématographique (le 46ème !), Claude Lelouch a vraiment réuni un casting de choix : entre Francis Huster, Jean Dujardin, Vincent Perez, Vanessa Demouy, Christophe Lambert, Nadia Farès, Michel Leeb, Mathilde Seignier, Marianne Denicourt et bien d’autres, l’on a l’impression de voir défiler à l’écran tout le gratin du cinéma français ! Afin de parfaire son oeuvre, le réalisateur presque octogénaire s’est aussi offert la présence de Johnny Hallyday (et ses sosies) qui illumine le film de sa musique et d’un humour décapant.
L’histoire est celle d’un procès où tout commence et finit précisément par des chansons, d’ailleurs le scénario débute à Beaune en plein Festival de Jazz ! Tandis que Liane Foly (la vraie) joue les crooneuses sur la Place Carnot, les personnages de l’intrigue font leur entrée : un juge, des flics, un assassin, une poignée d’avocats corrompus, une comtesse infidèle, un vieux taxiste, quelques gourgandines, un philosophe épicurien… Les uns après les autres, ils se présentent avec leurs joies et leurs peines puis commencent à tisser des liens entre eux sans trop s’en rendre compte. Au cœur de cette toile Lelouchienne, l’auteur s’amuse alors à analyser les émotions et les sentiments de chacun pour tenter une fois de plus de capter les multiples facettes de l’âme humaine.
Mélangeant les genres, il fait se croiser la romance, le polar et la comédie en saupoudrant l’ensemble d’une fine analyse psychologique. A travers cette avalanche de destins qui s’effleurent et se percutent, l’on découvre alors le quotidien des petites gens et des notables de province. Lelouch parvient cependant à capturer leurs existences et leurs contradictions avec une telle simplicité qu’on a l’impression de déjà tous les connaître.
Il faut dire que le cinéaste aime ses comédiens et qu’il les dirige avec bonheur. Derrière son objectif avide, il les filme en gros plan, leur colle à la peau et les déstabilise en leur confiant des rôles inconfortables : il en va ainsi de Christophe Lambert transformé en avocat alcoolique, de Bigard qui joue les chefs de clinique en hoverboard, de Gérard Darmon étalant sans ambages son homosexualité ou de la savoureuse Béatrice Dalle qui prend goulûment les traits d’une prostituée voulant écrire ses mémoires.
La connivence entre le réalisateur et ses interprètes est parfaite: elle respire le respect mutuel autant que la bonne humeur. Même si le film est un peu long et que l’ensemble du casting finit par se retrouver dans une solennelle cour d’assises, l’ambiance qui se dégage de « Chacun sa vie » est lumineuse : c’est fou, c’est frais, c’est vrai, ça nous parle, ça nous touche, mais ce qu’on aime le plus dans cette grande fresque humaine c’est son optimisme ! Malgré les meurtres, les mensonges, les tromperies, les divorces, l’on ne parvient pas à blâmer ces personnages car ils nous ressemblent trop ! Et oui, tous ces amants-aimant sont un peu une part de nous-même, voilà pourquoi on les apprécie autant !
En orchestrant cette vertigineuse galerie de portraits, Claude Lelouch se positionne en modeste juge de l’espèce humaine. Etalant les vices et les petites vertus de ses semblables, il finit par rendre sa justice à la façon d’un sage patriarche. Son verdict est fort simple: il faut pardonner à chacun d’entre nous et savourer la vie tant qu’elle est encore là !
Chacun sa vie ? Un message d’amour et d’humour qui nous incite sympathiquement à suivre le précepte d’Horace : Carpe Diem !
Un film de Claude Lelouch
Avec Éric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Nadia Farès, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Rufus, Chantal Ladesou, Gérard Darmon, Jean-Marie Bigard, Liane Foly, Francis Huster, Mathilde Seigner, Michel Leeb, Béatrice Dalle, Vincent Perez, William Leymergie, Vanessa Demouy, Elsa Zylberstein… la liste est trop longue, allez-les voir !
Sortie nationale: le 15 mars 2017
Photo: © Valérie Perrin