Le Comte de Monte-Cristo est l’histoire d’une vengeance. Celle d’un homme trahi par ses proches qui va tout mettre en oeuvre pour rendre sa propre justice. Cet homme c’est Edmond Dantès, un marin simple et honnête, amoureux fou de la belle Mercédès.
Le jour même de ses noces, il est accusé d’être un conspirateur bonapartiste et se retrouve enfermé sans comprendre dans les cachots du Château d’If. Durant quatorze années il va y croupir aux côtés d’un pauvre abbé doté d’une rare érudition. Lorsque par miracle Dantès réussit à fuir sa prison, il ressurgit dans le grand monde sous les traits du mystérieux Comte de Monte-Cristo. Petri de haine et de rancune, il décide alors de retrouver les responsables de sa déchéance pour tous les détruire.
Ce récit d’Alexandre Dumas est un petit bijou : truffé d’émotions, de complots et de bravoure, il nous invite à une réflexion profonde sur les dérives de l’âme humaine et le droit de justice. En dépit des deux mille pages du roman initial, Richard Arselin a eu l’audace de vouloir mettre en scène ce texte fleuve en ne misant que sur trois comédiens. C’est donc à Véronique Boutonnet, Luca Lomazzi et Franck Etenna que reviennent les rôles de tous les protagonistes de l’histoire ! Qu’il s’agisse de l’Abbé Faria, du Baron Danglars, du Comte de Morcef ou de la belle Mercédès, les personnages de Dumas sont ainsi interprétés à tour de rôle dans un tourbillon scénique des plus étourdissants !
En moins d’une heure trente, ce trio d’artistes réussit avec brio à entraîner les spectateurs sur les rivages de Marseille, dans les rues de Paris mais aussi au fond des sombres cachots du Château d’If. Même si le décor est minimaliste et la chronologie totalement chamboulée, cela ne gêne en rien la narration qui gagne étrangement en suspens : entre les flashbacks, les effets de capes, les accélérations et le travail de sons et lumières, tout est splendidement orchestré pour compléter le jeu fougueux des acteurs.
Multiples et talentueux, ils possèdent tous les trois une étonnante habileté à investir spontanément leurs rôles : il en va ainsi de Véronique Boutonnet qui prête alternativement ses traits à la Princesse Haydée, à Mercédès mais aussi au jeune Dantès ou à son geôlier. Vive et infatigable, (parfois un peu trop emphatique tant elle aime son texte !) Veronique Boutonnet narre, crie, vogue et transmet avec une belle authenticité son plaisir de jouer.
Face à elle, Franck Etenna incarne un imposant Comte de Monte-Cristo : sombre et intense, il possède une prestance troublante, un regard mortifère et une habileté bluffante pour les décélérations. Dans un tout autre genre, Lucas Lomazzi construit ses personnages sur un registre beaucoup plus fantaisiste : l’oeil fou, la démarche reptilienne, la voix flouée et la consonne roulante, cet acteur d’origine italienne est, à n’en pas douter, un digne fils de la Comedia del Arte. Aussi amusant qu’inventif, il s’immisce avec mille et une nuances à travers les figures emblématiques de l’Abbe Faria, du médecin de Villefort ou de Peppino.
Si un seul mot devait définir cette très belle adaptation du roman de Dumas ce serait « vertigineux ». Grace à la parfaite maîtrise du texte, au rythme époustouflant de la pièce et à l’avalanche de scènes qui s’entrechoquent, l’on est transporté du début à la fin dans la quête de justice d’Edmond Dantès. Bravo !
Le Comte de Monte-Cristo ? Une performance vertigineuse pour un texte qui demeure intemporel.
PS: Due à la complexité de son intrigue, cette pièce pourrait être difficile à comprendre pour les moins de 12 ans. Un petit briefing la veille serait le bienvenu…
Le Comte de Monte-Cristo
Mise en scène : Richard Arselin
Avec Véronique Boutonnet, Luca Lomazzi et Franck Etenna
1h25
Théâtre de l’Essaïon
6, rue Pierre au Lard – Paris 4e
Métro Hotel-de-Ville
Tous les samedis et dimanches à 17h30
Du 13 mai au 2 juillet 2017
Réservations : 0142784642
www.essaion.com
Photos © Luca Lomazzi
Le Comte de Monte-Cristo sera de nouveau au Festival Off d’Avignon cet été ! Jusqu’au 28 juillet 2019 au Théâtre des Gémeaux – RDV à 13h55