Le film de Nicolas Vanier est un véritable hommage aux terres de Sologne. Tel un beau livre d’images encensant la nature, il propose aux spectateurs une promenade solaire parmi les bois et les étangs du Val de Loire.
L’histoire se situe en 1930 dans un vaste domaine solognot. Un jeune orphelin nommé Paul est recueilli par une certaine Celestine travaillant comme servante dans le manoir du Comte de la Fresnaye. Livré à lui même durant les après-midi, le petit Paul parcourt les forêts, s’acoquine avec une jeune gitane et se prend d’amitié pour Totoche, un vieux braconnier. Au fil des jours, ce dernier l’initie aux joies infinies de la campagne: entre la traque au gibier, la pêche à la mouche et la farniente, l’enfant savoure enfin sa liberté et donne un sens à son existence. Au cœur de ce jardin d’Eden et d’innocence, des secrets de famille vont cependant refaire surface et révéler au jeune orphelin les sombres origines de sa naissance…
Ce charmant long métrage est pétri de candeur et de poésie. Beau et bienveillant, il se visionne comme un conte de fées et peut séduire aussi bien les enfants que leurs parents. Malgré quelques clichés et une fin assez prévisible, on se laisse prendre au jeu car l’image est sublime et les acteurs investis.
Il en va ainsi de François Cluzet qui s’est laissé pousser la barbe pour jouer les braconniers : la peau tannée et le jargon vert, il incarne le personnage de Totoche en lui conférant autant de coeur que de grogne. A ses côtés, le tout jeune Jean Scandel prête ses yeux splendides et ses fossettes craquantes au petit Paul: malgré une certaine réserve d’interprétation, il nous entraine allègrement dans ses aventures forestières et ses rêveries d’enfant. Afin de couver cet orphelin, la comédienne Valérie Karsenti a pris la place de Célestine : calme et apaisante, elle joue les mères adoptives avec beaucoup de douceur et autorise au petit Paul autant de liberté qu’à son propre couple… Reste enfin le Garde-chasse (Eric Elmosnino) qui ne cesse de traquer Totoche sans même savoir que ce bougre bourru le cocufie depuis des lustres…
Une grande famille donc pour porter cette fresque campagnarde qui peut aussi se percevoir comme une réflexion lyrique autour de l’amour et l’existence. Prenant le parti des insouciants et des hommes libres, le réalisateur Nicolas Vanier, met en exergue la soif de vie et de liberté de Totoche tout en montrant la mélancolie du Comte (François Berléand) qui s’enferme à tord dans le deuil et la solitude.
L’on aime la pudeur de ce récit, l’émotion qui s’en dégage par petites touches et la musique planante d’Armand Amar qui nous met la tête dans les nuages. Ce que l’on préfère cependant c’est le regard amoureux de Nicolas Vanier envers la Sologne: comme toujours avec ce cinéaste aventurier (L’Odyssée sauvage, Belle et Sébastien, Le dernier trappeur…), les passionnés de nature sont comblés : quel bonheur, en effet, de plonger à ses côtés dans ces sous-bois ornés de fougères, d’y admirer des renards et des sangliers, de suivre le vol minutieux d’un rouge-gorge ou d’entendre le chant d’une fauvette qui se mêle au brame d’un cerf ! En admirant ce royaume de verdure, l’on songe à L’Appel de la foret de Jack London avec ses paysages majestueux, l’on pense aussi aux aventures enfantines de Tom Sawyer et puis, tout simplement… l’on s’émerveille !
L’école buissonnière? Une histoire à suivre paisiblement comme le cours d’une rivière.
L’école buissonnière
Un film de Nicolas Vanier
Avec : François Cluzet, Jean Scandel, Eric Elmosnino, François Berléand, Valérie Karsenti, Thomas Durand, Ilona Cabrera, Frédéric Saurel
Musique de Armand Amar
Chanson Régala me de Toto Garcia
Sortie nationale : le 11 octobre 2017