Manhattan Stories : une sympathique virée new-yorkaise
Pour son second long métrage, Dustin Guy Defa nous convie à New York: l’espace d’une journée, il nous invite à partager le quotidien d’une dizaine d’individus à travers des chassés-croisés ponctués d’humour et d’incertitudes.
Tranches de vie new-yorkaise
Parmi ces parcours parallèles l’on rencontre un vieil horloger, une gamine sociopathe, des journalistes en quête de scoop, un voleur, un dépressif, un assassin et, enfin, Benny. Benny, le hippie au grand cœur qui ressemble tant à John Lennon. Benny le passionné de musique qui n’hésite pas à débourser ses derniers cents pour s’offrir un vinyle collector de Charlie Parker.
Dans cette grande galerie de portraits se dessinent beaucoup d’âmes perdues. Certaines doutent d’elles-même, d’autres cherchent leur place au sein de la société, d’autres enfin ne parviennent pas à comprendre les comportements de leurs semblables. Une chose pourtant unit toutes ces existences : le besoin d’amour et d’attention.
Des âmes en quête d’amour et de reconnaissance
Privilégiant le dialogue permanent entre ses protagonistes, le réalisateur de Manhattan Stories a opté pour une approche assez expérimentale de sa direction d’artistes. Intéressé par leurs interactions et leurs pensées, Dustin Guy Defa les laisse parler de tout et de rien sans vraiment tracer de ligne directrice. Son survol des relations humaines et de leur complexité est plutôt intéressant – même s’il manque de profondeur – car il montre que la quête de soi passe obligatoirement par une confrontation avec le monde extérieur. L’on aimerait néanmoins voir toutes ces destinés se regrouper à un moment du film afin de donner plus de cohérence à l’histoire et aux lignes de vie de chacun.
Quartiers rétros et musique des 70’s
Outre ce parti-pris un peu désarticulé, Dustin Guy Defa offre également une vision singulière de New York. Loin des lumières de Broadway ou du brouhaha clinquant de la Fifth avenue, il nous propose de déambuler avec nonchalance au cœur de Harlem et des vieux quartiers de Manhattan en leur conférant une couleur volontairement “rétro” : entre les boutiques vétustes, les vendeurs de donuts, les vieux vélos et les magasins de disques, l’on a l’impression d’avoir effectué un come-back dans les années 80, voire 70 !
Tout ce manège de personnages à la dérive est fort heureusement nourri par une musique jazz & blues qui enveloppe leurs quotidiens à la manière de Woody Allen. Parmi les acteurs, Bene Coopersmith apporte beaucoup d’authenticité au sympathique personnage de Benny, quant à Tavi Gevinson (Wendy), elle nous séduit d’office par son étrangeté : avec ses grands yeux de biche et sa moue à la Scarlett Johansson, la fashion-blogueuse dégage naturellement une très belle prestance. De surcroit, elle nous livre l’un des personnages les plus intéressants du film : à la fois lucide et effrayée par le monde qui l’entoure, sa protagoniste est la seule à dire constamment ce qu’elle pense sans se cacher derrière le mensonge, la honte ou l’hypocrisie.
Dustin Guy Defa aurait du s’inspirer du franc-parler et des émotions intenses de ce personnage pour construire Manhattan Stories : certes, son film aurait été moins complaisant mais il aurait eu bien plus de force.
Manhattan Stories ? Un film burlesque, un brin rétro mais sympathique.
Manhattan Stories
(Person to Person)
Un film de Dustin Guy Defa
Avec Tavi Gevinson, Bene Coopersmith, Michael Cera, Abbi Jacobson, George Sample III, Philip Baker Hall, Isiah Whitlock Jr, Michaela Watkins, Olivia Luccardi, Eleonore Hendricks, Benny Safdie Sortie nationale: le 16 mai 2018
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Manhattan Stories – PDF Syma News – Florence Ye?re?mian
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