Plus rien n’arrête les Battle Royale : Call of Duty Black Ops 4 a fait grand bruit en décidant de supprimer la traditionnelle campagne solo au profit d’un mode imitant les jeux à succès que sont PlayerUnknown’s Battlegrounds et Fortnite. Le tout multijoueur peut-il être la réponse pour le FPS (jeu de tir) d’Activision, de plus en plus contesté par la série Battlefield d’Electronic Arts ?
La première chose qui choque dans Call of Duty Black Ops 4, c’est son interface aussi dépouillée que peu ergonomique. Rien à voir avec le menu principal du précédent épisode, Call of Duty World War II, où le QG était une plage de débarquement sur laquelle le joueur pouvait se promener à sa guise. Rien de cela dans le récent titre d’Activision qui aligne menus sommaires et tutoriels écrits en tout petit, ce qui n’aide vraiment pas à se familiariser avec le système de jeu. Les explications manquent cruellement dans tous les modes de jeu, au risque de perdre le joueur au bout de cinq minutes. Comment ne pas partir déçu quand on connaît la série depuis longtemps ?
Une bataille… pas si royale
Puisque c’est la grande nouveauté, lançons-nous dans le mode Blackout (la fameuse Battle Royale). Après un prologue dont on cherche encore l’utilité, vous êtes parachuté sur la très grande aire de combat. Le principe est alors simple : il faut être le dernier (ou la dernière équipe) à survivre parmi 100 joueurs. Jouer à Call of Duty sur une vaste carte est une bonne idée, surtout que celle du mode Blackout comporte nombre d’environnements différents et des véhicules pour jouer plus tactiquement.
L’ennui avec ce mode est que l’on commence sans arme. C’est peut-être la règle dans les jeux desquels Call of Duty Black Ops 4 s’inspire, mais c’est contraire aux habitudes de la série. Dans Blackout, on démarre les mains vides et il faut trouver son équipement soi-même : il n’est pas du tout certain de mettre la main sur son arme préférée. Les joueurs qui se sont spécialisés pendant des années sur un type d’arme en particulier en sont pour leurs frais… Pour les plus polyvalents, il n’en reste pas moins que la carte de Blackout est plutôt riche et il est amusant d’en percer les secrets petit à petit. Cela demandera cependant énormément de patience, car pas mal de joueurs tendent des embuscades et il est bien difficile de se défendre.
La drôle de guerre
Le multijoueur classique est bien sûr toujours là avec ses divers modes de jeu (match par équipe, mêlée générale, domination…). L’équipement est encore une fois très complet, avec plusieurs armes de chaque catégorie, et il faudra comme d’habitude monter en grade pour tout débloquer. Les accessoires à ajouter sur les armes (lunettes de visée, plus grand chargeurs, etc.) sont disponibles très rapidement, ce qui est relativement plaisant. La pratique est nettement moins convaincante : ces modes n’accueillent toujours que 12 joueurs au maximum. Après quasiment deux générations de consoles, on aurait aimé quelque chose de plus ambitieux. Dans Battefield 1, les matchs par équipe accueillent vingt participants.
Ce n’est pas la seule déception de Call of Duty Black Ops 4 puisque les cartes multijoueur, hors celle de Blackout, sont minuscules, étroites et n’offrent quasiment aucune verticalité. Il en résulte des combats brouillons et frustrants, dans lesquels tout le monde canarde frénétiquement devant soi sans réfléchir. Il n’y a pas vraiment de tactique et tous les styles de jeu ne peuvent pas s’exprimer. Il n’y a pas cette tension qu’on ressent dans Battlefield 1, aussi bien dans le repérage de l’ennemi que dans le placement de son soldat. Non, Call of Duty Black Ops 4 propose une action à deux cent à l’heure où le seul enjeu est de dégainer plus vite que l’adversaire. Certains aimeront, mais c’est tout ce qu’il y a. Le développeur Treyarch rate le rendez-vous de la diversification cette année, avec un jeu qui semble délibérément clivant.
A l’attaque de l’armée des morts
Le mode Zombie est très en vogue depuis quelques années. Comme son nom l’indique, il vous met face à des hordes de mort-vivants qui ne désirent que vous avoir pour repas. Chose intéressante, c’est un mode coopératif : vous jouez avec trois autres aventuriers, et les joueurs peuvent se réanimer mutuellement. C’est agréable de se serrer les coudes dans la lutte acharnée contre ces créatures maléfiques, surtout que de temps en temps des monstres nettement plus puissants font leur apparition.
L’équipement se gagne aussi sur place : on commence avec un petit revolver, puis avec les crédits gagnés à l’issue des vagues de zombies, on peut acheter des fusils plus puissants. Ceux-ci sont à repérer sur les murs des différentes salles ou catacombes qui composent la carte de ce mode. Ouvrir les grilles pour accéder à des zones plus dangereuses coûte également des crédits. Cependant, c’est dans ce mode où le système de jeu est le plus catastrophique. L’interface est illisible sur l’écran de préparation, et guère mieux dans les phases de jeu. On navigue souvent au hasard…
Comme on s’y attendait, la partie solo a été réduite au strict minimum. Pour chaque personnage, après une courte cinématique, vous êtes envoyés dans une mission d’entraînement où le jeu va vous demander des actions basiques, puis de faire un match contre l’IA. Il faut répéter ce processus un grand nombre de fois pour avoir accès à d’autres cinématiques et connaître le fin mot de l’histoire. C’est une expérience désespérément redondante, avec en plus au final pas grand chose à se mettre sous la dent…
En plus de ce système peu attrayant, Call of Duty Black Ops 4 arbore un design qui n’a plus rien à voir avec le reste de la série, ni même avec les anciens Black Ops. On perd totalement le thème militaire au profit d’un look fantaisiste vraisemblablement inspiré par la concurrence, et du reste, parfaitement caricatural. Le fans de Call of Duty n’ont certainement pas signé pour une copie bas de gamme d’Overwatch ou de Fortnite.
Avec son maigre contenu, son look discutable et son style de jeu à sens unique, on voit mal comment Call of Duty Black Ops 4 peut rassembler les passionnés de jeux de tir cette année. Néanmoins, les amateurs d’action non-stop y trouveront sûrement leur compte. Les autres n’y verront qu’un gameplay limité et bancal, et attendront sagement la sortie de Battlefield V.
Call of Duty Black Ops IIII
Développeur : Treyarch
Editeur : Activision
Genre : FPS (jeu de tir)
Modes : Solo & multijoueur (12 à 100 joueurs en ligne)
Machines : PS4, Xbox One, PC