Un vent d’afro-américanisme souffle t-il sur Paris ?
Hasard ou pas, la scène culturelle parisienne semble être actuellement le siège éclairé de revendications afro-américaines : tandis que le Théâtre de la Tempête rend hommage à la quête identitaire de Jean-Michel Basquiat (SAMO – À Tribute to Basquiat), le cinéma s’apprête de son coté a accueillir le film Green Book racontant le difficile parcours du pianiste noir Don Shirley durant la ségrégation.
Respectant l’expression, « Jamais deux sans trois », David Lescot a, de son côté, mis en scène une pièce musicale sur Nina Simone qui, comme chacun sait, était l’une des artistes les plus engagées de sa génération pour défendre les droits du peuple noir.
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Nina Simone, la révoltée
Toute sa vie, Nina Simone a porté en elle une blessure : à cause de sa couleur de peau, cette pianiste surdouée n’a pu mener la carrière classique à laquelle elle aspirait. Certes, elle a su rebondir, devenir une icône planétaire et ne pas s’empêtrer dans d’inutiles regrets mais ce renoncement contraint a laissé au sein de sa chair une colère qu’elle a instinctivement transfusé dans ses chansons.
Inspiré par son enfance, ses premiers amours, sa passion pour Bach et ses idées égalitaires, David Lescot a construit un beau spectacle musical entre jazz, gospel et narration.
Se plaçant au second plan avec son humour et sa guitare rouge, il a opté pour un portrait double et cédé le devant de la scène à Ludmilla Dabo. Qu’il en soit remercié car cette jeune chanteuse contemporaine s’est glissé dans le rôle de Nina Simone avec une telle aisance qu’elle l’a presque ressuscitée !
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Ludmilla Dabo : Quel groove !!! Quelle voix !!!
Si vous ne connaissez pas encore Ludmilla Dabo, vous allez être conquis car c’est une artiste magnifique. Entière, sensuelle, la voix chaude et grave, elle interprète les hits de Nina Simone avec un instinct et un naturel épatant. Qu’il s’agisse de « Feeling good », « Mississippi Goddam », « To be young, gifted and black » ou « My baby just cares for me », elle chante avec son coeur, nous offre son âme et va jusqu’à prêcher pour nous convertir ! On la suit d’ailleurs avec ferveur tant elle confère à ses mélodies une puissance et une suavité qui nous font merveilleusement frissonner.
Nina et Ludmilla ? Même combat !
Par delà sa voix qui doit être un don de dieu, Ludmilla Daho possède aussi une belle audace scénique et un humour véritable. Aussi caractérielle que sa protagoniste, elle profite intelligemment de cet hommage à la grande Nina pour interpeller ses spectateurs : mettant en parallèle le racisme américain des années 70 et l’actuelle crise des banlieues françaises, la comédienne militante déplore qu’à cinquante ans d’écart, le racisme continue encore sa triste route.
Souhaitons qu’avec sa voix et son énergie, cette artiste engagée parvienne à faire bouger les gens autant que les mentalités.
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Portrait de Ludmilla en Nina Simone – PDF SYMA News – Florence Yeremian
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Portrait de Ludmilla en Nina Simone
Texte et mise en scène David Lescot
Avec Ludmilla Dabo et David Lescot
Théâtre de la Ville – Espace Cardin – Petite salle
1, avenue Gabriel – Paris 8e
Réservations : 0142742277
Durée 1h05
Jusqu’au 27 janvier 2019
Photos : ©Tristan Jeanne-Valès
