SoulCalibur VI, un retour ambitieux
Disparue des radars depuis 2012, la série de jeux de combat SoulCalibur ne donnait plus beaucoup d’espoir de retour. C’est pourtant en grande pompe à la célèbre cérémonie des Game Awards en 2017 que BandaiNamco a révélé l’existence du sixième épisode. Le message était clair : le jeu de combat à l’arme blanche revient pour gagner.
Après la déception sur le mode histoire des quatrième et cinquième épisodes, SoulCalibur VI arrive avec la promesse d’un gros mode solo apte à rivaliser avec celui de l’illustre SoulCalibur II par exemple. Mais, comme le disait un célèbre homme politique, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, et la réalité n’est pas toujours si rose. Le solo est composé en deux parties : le mode Libra Soul et le mode Chronicle.
Le mode Libra soul ne manque pas d’intérêt
Libra Soul est, sans conteste, la partie la plus intéressante et la plus riche. Après avoir créé son personnage de A à Z, le jeu nous jette sur une grande carte du monde remplie de quêtes principales et annexes. Le premier souci est qu’on ne peut pas importer de personnage du mode création, ce qui aurait pourtant été aussi logique que pratique puisque c’est là que les créations du joueur sont centralisées. C’est un peu pénible mais au final ça ne prend que 10 ou 20 minutes de plus. Les quêtes sont donc très nombreuses et on ne manque pas de défis à relever : il faut par exemple parfois gagner malgré certains handicaps comme la barre de vie qui décroît progressivement ou des sols glissants (dans SoulCalibur, être éjecté de l’aire de combat est synonyme de défaite immédiate).
Certaines quêtes cachées permettent également de dénicher les personnages historiques de SoulCalibur. Hélas, ces derniers ne font que de la figuration… L’aventure du joueur n’est pas linéaire et dépend des choix effectués sur la carte du monde. On peut également choisir de se mettre du côté du bien ou du mal, avec des parcours différents à la clé. Ce contenu garantit un grand nombre d’heures de jeu et une bonne rejouabilité, même si le contenu garde un certain caractère redondant.
La grosse surprise, c’est que cette partie aventure distribue maintenant des points d’expérience : le personnage monte de niveau au fil du temps, comme dans un jeu de rôles ! Le gameplay n’est pourtant pas totalement satisfaisant, en premier lieu parce qu’on ne peut pas changer de personnage en cours de partie. On peut changer le style de combat, mais pas le personnage. Cela aurait apporté une certaine variété à ce mode de jeu, comme cela était le cas dans SoulCalibur II. En revanche, on retrouve une richesse d’équipement comme par le passé : les armes à collectionner sont très nombreuses, et on peut maintenant les améliorer à la forge! L’interface elle, est beaucoup moins jolie qu’avant mais la bande-son assure un max grâce à moult thèmes enjoués et motivants.
Mais le mode Chronicle est décevant
Si l’aventure en Libra Soul garde un certain intérêt, la deuxième partie du mode histoire appelé Chronicle est totalement décevante. Chaque personnage de SoulCalibur a sa propre histoire, mais celle-ci est rarement renversante. Les héros ne rencontrent que des personnages sans importance, lors de scènes de dialogues très pauvres avec simplement des écrans fixes. Le manque d’ambition est ici assez criant. Les défis ne sont pas non plus très motivants : toute la partie solo est globalement très facile, à des années-lumière de SoulCalibur II qui poussait le joueur dans ses derniers retranchements. Les modes arcade et entraînement, bien présents, restent toutefois des valeurs sûres du genre.
SoulCalibur a pris un petit coup de vieux
A l’ère de l’ultra-connectivité, le mode multijoueur en ligne est déterminant pour tout jeu de combat. Et là, force de constater que SoulCalibur a pris un petit coup de vieux… Le gameplay repose toujours sur trois type de coups : horizontal, vertical et coups de pied. L’aire en 3D permet donc esquives et contre-attaques par les côtés, qualité conservée dans ce sixième épisode. Le guard impact, système emblématique de la série permettant de bloquer un coup de l’adversaire, a été modifié : l’attaquant est maintenant repoussé assez loin vers l’arrière et non sur le côté, ce qui limite grandement la possibilité d’enchaîner avec une projection par exemple. Comparé à SoulCalibur II, il est donc beaucoup moins utile.
SoulCalibur VI a deux nouvelles commandes, le reversal edge et le critical edge. Le premier plonge les deux combattants dans un espèce de duel au ralenti dont l’issue est aléatoire. Difficile de saisir le sens d’un tel système tant son caractère hasardeux le rend impropre à la compétition… Avec le critical edge, la série de BandaiNamco cède une nouvelle fois à la mode des “super-coups” : il s’agit d’une attaque aussi puissante que violente qui en met plein la vue. Son utilisation est très limitée, car il faut remplir une jauge prévue à cette effet, mais c’est terriblement exaltant!
Tout cela pour dire que Soulcalibur VI n’est vraiment pas tendre avec les débutants. Les possibilités de gameplay sont très vastes et la surenchère de commandes en font un vrai casse-tête à maîtriser. De surcroît, on déplore encore un trop grand laxisme vis-à-vis des coups à terre : on peut se faire battre au sol sans même pouvoir se relever. A l’ère de l’e-sport, voilà qui n’est pas très sport… Les développeurs feraient bien de s’inspirer du concurrent Dead or Alive, où le combattant qui se relève a la priorité absolue.
Pour ne rien arranger, le système de recherche d’adversaire n’est pas très performant. Le mode en ligne n’arrive pas correctement à faire se rencontrer des adversaires de même niveau. Une mise à jour pour corriger ce (gros) défaut est annoncée, mais sa date de mise en ligne n’est toujours pas connue au moment du bouclage de cet article. Le jeu étant sur le marché depuis trois mois, il serait temps de s’y mettre…
… mais conserve une richesse de jeu toujours incroyable
Ceux qui prennent le temps de faire le tour du titre y trouveront néanmoins une grande richesse de gameplay au niveau des personnages. Chacun des 20 personnages possède une liste de coups immense, à partir de laquelle on peut initier sa propre stratégie de combat. Des heures et des heures de bonheur en perspective pour les mordus, tant les styles d’arme et de combat sont variés. Les fans d’Ivy se réjouiront d’apprendre qu’elle retrouve sa jouabilité de SoulCalibur II, avec seulement deux positions de combats et pas plus. Le personnage est beaucoup plus facile à gérer, et donc plus fun à utiliser.
Le mode création de personnage hérité de SoulCalibur IV est de retour dans SoulCalibur VI. Très complet, il permet même maintenant de créer, en plus des humains, des êtres démoniaques entre autres créatures fantastiques! Avec beaucoup de minutie, le joueur peut régler la corpulence de son combattant, ainsi que choisir des vêtements originaux et faire varier les couleurs. Il y a un vaste choix, mais certaines tenues du quatrième épisode manquent à l’appel. Apparement, ce déficit devrait être provisoire puisqu’un grand nombre de costumes supplémentaires doivent être rendus disponibles en téléchargement… payant. Hélas, entre les anciens SoulCalibur et celui-ci, l’inflation est passée discrètement par le Playstation Store! On peut aussi modifier les personnages existants de SoulCalibur, ce qui est toujours agréable.
En matière de contenu téléchargeable en revanche, l’arrivée fin décembre de 2B du mythique jeu de rôle NieR Automata mettra tout le monde d’accord. Pour 6€, le titre reçoit une épéiste extrêmement polyvalente dotée d’une panoplie de coups impressionnante mais aussi la possibilité de constituer un personnage original sur son style de combat. 2B croise le fer au moyen de ses deux célèbres épées, cependant, elle peut aussi sortir sa lance, ses gantelets et tirer des lasers surpuissants depuis son droïde! Les fans du jeu d’origine seront aux anges, d’autant que BandaiNamco a intégré plein de clins d’œil amusants. Visuellement, 2B est à l’image du titre : la modélisation est splendide et les animations très travaillées.
En conclusion, SoulCalibur VI représente un retour en demi-teinte. Le mode solo, bien que divertissant, ne présente pas le même intérêt qu’auparavant : ni la liberté du jeu, ni le niveau de défi n’atteignent les sommets d’antan. Les déséquilibres des rencontres en ligne gâchent également un peu le plaisir de jeu. Toutefois, le gameplay profond, l’excellente sélection de personnages et la réalisation exquise sont autant de qualités conservées qui pourront convaincre les fans de la série.
SoulCalibur VI
Editeur/développeur : Bandai Namco
Genre : jeu de combat
Modes : Solo, 2 joueurs
Sortie en France : 19/10/18
Machines : PS4, Xbox One, PC