La Japan Expo parisienne rayonne en Europe depuis bientôt 20 ans, attirant des dizaines de milliers de visiteurs d’horizons divers. Bien qu’elle soit devenue un rendez-vous de référence pour beaucoup, ses organisateurs et d’autres festivals consacrés à la culture geek ont vite compris la nécessité de se rapprocher le plus possible du public en organisant des événements régionaux. La Japan Expo Sud, organisée à Marseille, est l’un d’eux et elle ne cesse de gagner en qualité.
Une impressionnante gamme de souvenirs
Quand on rentre dans le hall principal, rien ne distingue vraiment le version sud de celle de la capitale. La Japan Expo est un événement très commercial : de nombreux stands vendent des produits liés à la culture japonaise dans son ensemble. Mangas et animés sont évidemment disponibles, et parmi les coffrets on découvre des séries récentes comme Sword Oratoria, diffusé sur Crunchyroll en 2017.
On trouve également de super coffrets collectors : le rêve des grands fans des séries concernées… à condition qu’ils y mettent le prix!
Mais la cible des collectionneurs quand ils viennent à la Japan Expo, ce sont évidemment les produits dérivés. Quand on achète hors du Japon, c’est toujours le même problème : il faut distinguer le vrai du faux. Certains commerçants colportent hélas un certain nombre de contrefaçons, ce qui avait conduit la douane à agir à Paris en 2016.
Mais à Marseille cette année, la majeure partie des produits n’avait pas ce problème, notamment les (nombreuses) figurines puisque les boîtes sont visibles et font apparaître le fabricant japonais. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses : de Fate GO à Hatsune Miku, en passant par One Piece, la gamme est plus que complète. Les prix s’échelonnent entre 30€ et 300€, voire 500€ pour les plus belles.
Pour ceux qui préfèrent la robotique, le stand Gundam comblera leurs attentes. Les modèles réduits de la célèbre série de combats robotiques s’entassent les uns sur les autres pour le plus grand bonheur des grands et des moins grands.
La Japan Expo est un véritable temple pour les amateurs de mangas typés action, car le salon propose toujours des répliques d’armes tirées de séries ou de jeux vidéo célèbres. Ce qui frappe cette année à la Japan Expo Sud, c’est le très grand choix d’épées disponibles : mêmes celles de personnages secondaires deviennent des produits dérivés! La finition est du reste excellente.
De très bonnes conférences à la Japan Expo Sud
Concernant la culture japonaise plus traditionnelle, la Japan Expo Sud a accueilli Claude Estèbe, historien de l’art japonais auprès de l’Inalco, et spécialiste de la photographie au Japon. Sa conférence s’est concentrée sur la photographie durant l’ère Meiji, et son rôle dans la vague japoniste de l’époque, dont nous avions déjà parlé il y a quelques mois.
Claude Estèbe a notamment évoqué la figure d’Apollinaire LeBas, capitaine de marine dans l’armée française en mission en Asie dans les années 1860, qui fut aussi l’un des premiers à photographier le Japon. Ses photos de guerriers ont contribuer à faire naître l’intérêt pour le Japon ancien, qui à l’époque était en train de disparaître.
Le discours de Claude Estèbe s’est également attardé sur le rôle de l’autrichien Raimund von Stillfried, célèbre pour ses clichés appelés Yokohama Shashin. Sans compromis, l’historien a “dézingué” les erreurs historiques commises par Stillfried. Contrairement à Apollinaire LeBas, Stillfried n’a photographié pas le Japon tel qu’il était mais il a réalisé des montages dans le but de constituer des albums pour les touristes. Le photographe a donc rassemblé des figurants et du matériel d’occasion, sans coller strictement à la réalité historique. Sur la photo ci-dessus, le “samouraï” porte un costume de kabuki (théâtre japonais), et non une tenue traditionnelle de son rang.
Anecdote amusante, Claude Estèbe a précisé que si vers 1860, les principaux sujets de photographies étaient des hommes, cette tendance s’est totalement inversée au début du 20e siècle : en 1900, 70% des clichés font apparaître des femmes japonaises. C’est ainsi que des portraits comme celui-ci dessus se sont généralisés : la geisha souriante à côté de l’armure devenue inutile symbolise en quelque sorte un Japon plus ouvert vis-à-vis de l’étranger.
Alors que les éditeurs de jeux vidéo préfèrent habituellement se déplacer à Villepinte, la Japan Expo Sud a eu la visite du développeur CyberConnect 2, qui a entre autres développé les jeux Naruto Ultimate Ninja Storm. Le vice-président M. Miyazaki a brièvement présenté la société, qui a trois centres de développement dont un à Montréal, et a donné les derniers chiffres de ventes de Naruto Ultimate Ninja Storm 4 : l’ultime volet a été distribué à 4 millions d’exemplaires à travers le monde, dont plus de la moitié en occident!
Très proche de ses fans, M. Miyazaki s’est rendu disponible pour une session de photos avec le public directement après la conférence. Très ouvert aux questions, il nous a également confié que “Fuga” le tout premier jeu auto-édité par CyberConnect 2, sortira bien cette année et sera présenté plus en détail à la Japan Expo Paris. Pour les deux autres jeux de la “trilogie de la vengeance”, comme le studio l’appelle, il faudra en revanche patienter au minimum jusqu’en 2020.
Le charme du jeu vidéo rétro … et du saké
Le jeu vidéo rétro était à la fête : une grande salle rassemblait toutes les anciennes consoles et les visiteurs pouvaient se défier sur les hits du passé.
On pouvait ainsi admirer et essayer des consoles très anciennes et très rares comme la PC Engine Super GrafX. Cette version améliorée de la PC Engine originelle de NEC sortie en 1989 ne recevra que cinq jeux.
La Japan Expo Sud est aussi synonyme de saveurs. On y trouve de très bon sakés dans de belles bouteilles, à des prix assez divers. La grosse surprise réside dans ces alcools de riz brassés en France par la société Les Larmes du Levant.
Une foule de divertissements
La chanteuse Emi Arisaka était présente, comme promis, tout au long des trois jours pour des mini-concerts, des séances photos et bien sûr des autographes. L’idole a même entonné une chanson en français et a longuement répondu aux questions du public.
Les diffusions d’animés étaient régulières tout au long des trois jours. On retiendra particulièrement Zombie Land Saga, une série déjantée dans laquelle les héroïnes sont… des zombies !! Le pitch de cette saga est simple : décédée dans un accident de voiture, la jeune Sakura se réveille des années plus tard en tant que zombie. Repérée par un mystérieux producteur, elle se retrouve embarquée dans un groupe de chanteuses avec d’autres filles dans le même cas. Un animé désopilant et tout en musique à ne pas manquer sur le site Crunchyroll.
Mais le moment le plus attendu était évidemment la projection de Fate Stay Night Heaven’s Feel II par Wakanim, un mois seulement après sa première japonaise. La licence Fate comporte trois grandes histoires et Fate Stay Night est la première. Les spectateurs étaient donc invités à redécouvrir l’original à travers un film d’animation de très haute qualité. Combats dantesques et gros retournements scénaristiques sont au programme de cette suite survitaminée à la réalisation impeccable. L’histoire en revanche, ne prend toujours pas une très grande ampleur.
Si elle n’atteint pas la démesure de sa rivale parisienne, la Japan Expo Sud s’est démarquée cette année par un contenu exclusif de haut niveau. Véritable bonheur pour les amateurs de mangas et de souvenirs, elle recèle d’objets collector de bonne qualité et finition. Avec un programme aussi riche cette année, nul doute qu’elle va, à son tour, devenir un rendez-vous incontournable des aficionados du Japon.
Japan Expo Sud
Du 22 au 24 février 2019
Marseille – Chanot
