Films, animé, mangas et maintenant jeux vidéo, Fate est la licence qui monte au Japon et ailleurs. Après avoir touché le jackpot en 2016 avec Fate Extella et ses quelques 250’000 exemplaires vendus sur l’archipel, l’éditeur Marvelous revient avec un nouvel épisode intitulé Fate Extella Link qui débarque fin mars en France. Galvanisée par le succès pharaonique du jeu smartphone Fate Grand Order, la série peut-elle enflammer les foules sur console une nouvelle fois?
Fate Extella Link, une suite sans lien direct
En dépit de son titre, Fate Extella Link n’a pas de véritable lien scénaristique avec le premier titre. Toujours basé sur des personnages historiques de l’ancien temps, le jeu de Marvelous oppose un jeune Charlemagne à son alter ego maléfique Charles 1er. Ces deux intervenants sont d’ailleurs exclusifs de cette version console, ce qui ne manquera pas d’attiser la jalousie des joueurs de Fate Grand Order. Habité par une mission divine, Charles 1er veut effacer l’âme des habitants du SERAPH (comme s’appelle le monde de Fate Extella) pour atteindre le paix perpétuelle. Le scénario du jeu n’est pas vraiment étoffé mais en revanche il est très bien écrit. Le niveau de langue est plutôt élevé dans la version originale en japonais et la façon de conter l’histoire est très poétique, qualité déjà présente dans le premier Fate Extella.
Pour continuer sur le sujet des “Servants” (comme on appelle les personnages dans Fate), Fate Extella Link reçoit quelques transfuges de Fate Grand Order, notamment Astolfo (qui historiquement est un chevalier de Charlemagne). Pour compléter l’allégorie française, le jeu conserve également Jeanne d’Arc et ajoute Gilles de Rais, sous les traits d’un mage maléfique et difforme. Ceci renvoie probablement aux rumeurs historiques de méfaits perpétrés par Gilles de Rais après sa carrière militaire.
Des héros très séduisants…
Mais l’arrivante la plus intéressante est sans doute Scathach. La tutrice du guerrier des légendes irlandaises Cu Chulainn allie gameplay impressionnant et rapidité d’action avec sa lance magique, devenant sans mal le Servant le plus destructeur du jeu. Le joueur a le choix entre presque trente personnages différents à débloquer progressivement dans le jeu. Le titre s’enrichit donc régulièrement et donne envie d’aller de l’avant, surtout qu’on peut pratiquer le mode histoire avec le guerrier de son choix. On se souvient que dans le premier, on était limité aux trois héroïnes principales.
Ce qui fait nettement moins envie dans cette suite, c’est la narration et la mise en scène. Quand Fate Extella premier du nom comportait de nombreuses scènes en 3D, toutes extrêmement drôles et divertissantes, Fate Extella Link n’en montre… qu’une seule ! Tout le reste est constitué de dialogues entre personnages représentés par des illustrations en 2D. On se demande bien où est passée cette partie du budget… Reste qu’au final, l’histoire est nettement moins divertissante que dans le précédent.
… mais un gameplay détérioré
Fate Extella était particulièrement excitant par son gameplay nerveux, mais là encore ce nouvel épisode déçoit par un certain nombre de choix contestables. Le premier gros changement concerne les zones : il n’est plus du tout nécessaire de conquérir la majorité des secteurs pour gagner. Chaque niveau de Fate Extella Link est toujours divisé en petites zones qu’il faut prendre en battant des gardiens, mais cela est devenu totalement secondaire. Au lieu de ça, le jeu vous donnera des objectifs intermédiaires très banals comme aller battre des clones ou détruire certains éléments du décor avant de filer vers le boss et compléter la mission. C’est nettement plus facile, plus classique, et fatalement moins passionnant à jouer que son illustre pré-quelle. L’interface ultra-encombrée n’aide pas : la lisibilité de l’action est mauvaise, la mini-carte étant par exemple bien trop grande.
On attendait aussi beaucoup des batailles, qui comme précédemment vous opposent à d’immenses hordes d’ennemis. Fate Extella Link est un action-RPG, ce qui veut dire que vous contrôlez directement le personnage et attaquez en temps réel (contrairement à Fate Grand Order qui est du tour par tour), tout en ayant besoin de points d’expérience pour devenir plus fort. Le jeu de Marvelous est toujours rapide et fun, mais complexifie inutilement les enchaînements de coups.
Alors que Fate Extella garantissait son dynamisme par des combinaisons très simples des touches carré et triangle, Fate Extella Link demande d’ouvrir un sous-menu avec L1 pour afficher une palette de coups supplémentaires. Cette nouvelle donne casse complètement le rythme des combats, même si le titre garde une certaine pêche notamment lors des clashs frénétiques entre Servants. En outre, la vitesse de déplacement a été réduite et la caméra placée beaucoup trop loin. Les sensations sont clairement bien moins bonnes qu’auparavant.
L’aspect graphique ne souffre lui aucune objection : la modélisation des personnages a fait un bond en avant faramineux dans ce nouvel épisode PS4, et les nombreux effets spéciaux lors des face-à-face avec les autres héros ne sont pas en reste. L’action tourne en soixante images par seconde sans accrocs. La bande-son est elle aussi excellente, avec notamment des chœurs impressionnants et des thèmes héroïques de premier ordre.
Pas la peine de tourner autour du pot : Fate Extella Link est une suite globalement décevante. Tout en étant très joli, il sacrifie tristement son gameplay sur l’autel du changement. Tout le reste du titre est une suite de renoncements aussi regrettables que surprenants. A moins d’être absolument séduit par les nouveaux personnages, il faut lui préférer le Fate Extella originel.
Fate Extella Link
Editeur/développeur : Marvelous
Genre : Action, jeu de rôles
Modes : Solo, multijoueur en ligne
Sortie en France : 22 mars 2019
Machines : PS4, PSVita, PC