Question de QI

La pièce de Tatiana Djordjevic part d’un constat lucide que certains d’entre vous ont peut-être expérimenté : il est tragique d’être plus intelligent que ses parents.

Cette affirmation n’a l’air de rien, mais lorsqu’on y est confronté, une telle réalité ne peut que nous déstabiliser car elle fait s’effondrer la totalité de nos repères d’enfant : fini le mythe des parents qui savent tout et nous rassurent, finie la logique immuable de la transmission génétique, bonjour l’angoisse face à ce monde insensé où, finalement, on ne peut compter que sur soi…

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Un spectacle qui éveille les neurones

Grace à son QI et ses interrogations presque métaphysiques, Tatiana Djordjevic a cultivé un beau savoir et un sens évident de l’auto-dérision. Pétrie d’amertume autant que d’ironie, cette comédienne a eu la bonne idée de surmonter cette remise en question directement sur scène en nous concoctant un one-woman-show plein d’esprit.

Malgré un prologue qui tire en longueur, le spectacle de Tatiana est fort plaisant car il se base sur une foule d’anecdotes mêlant des problèmes quotidiens et des questionnements scientifiques. Entre un clin d’oeil aux Jacobins, un cri d’amour pour Kundera, un topo complet sur la Crise des Balkans et une poignée d’énigmes mathématiques, Miss Djordjevic nous délivre tout un panel de savoirs et d’habiles raisonnements. On aimerait d’ailleurs qu’elle pousse encore plus loin  l’axe “intello” de son monologue car ce show possède la rare capacité d’éveiller les neurones des spectateurs!

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Famille, je vous aime…

Faisant le tour de ses origines et de son identité en une heure scénique bien ficelée, Tatiana nous dresse un “portrait plutôt acerbe de ses parents serbes” : entre un père pas très futé et une mère forgée par de grandes certitudes, elle met en avant le décalage de ses géniteurs aux yeux desquels le ménage ou les repas passent bien avant la culture et les décimales de Pi.

Malgré ses désillusions, le discours cynique de Tatiana trahit tout de même une profonde tendresse envers sa famille : certes, la demoiselle regrette le manque de culture de ses ancêtres, mais elle a la sagesse d’apprécier leur intelligence de cœur ! Après tout, nous dit-elle, ce n’est pas grave si nos parents ne sont pas des lumières, on les aime quand même !

Par-delà  toutes ses critiques, une évidence ressort de ce spectacle : Tatiana Djordjevic est bel et bien douée, ou plutôt devrait-on dire “belle et bien douée” ! On attend impatiemment son deuxième opus.

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.Tatiana Djordjevic : J’ai rien entendu mais j’ai tout compris
Mise en scène : François Rollin et Olivier Pruniaux

Théâtre du Marais
37, rue Volta – Paris 3e

Jusqu’au 28 mars 2020
Tous les samedis à 18h30

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Florence Gopikian Yérémian est journaliste culturelle. Rédactrice auprès de Muséart, Paris Capitale, L’Oeil ou le BSC News, elle couvre l’actualité parisienne depuis plus de vingt ans. Historienne d’Art de formation (Paris Sorbonne & Harvard University), correspondante en Suisse et à Moscou, elle a progressivement étendu ses chroniques au septième art, à la musique et au monde du théâtre. Passionnée par la scène et la vie artistique, elle possède à son actif plus de 10000 articles et interviews.