Le jeu de stratégie naval Kantai Collection a eu un impact considérable au Japon il y a cinq ans. Personnifier des bateaux de guerre en jolies filles pouvait sembler idiot, mais ça a tellement marché que d’autres ont très vite voulu faire pareil. Parmi eux, la Chine s’est imposée très nettement, avec dès 2016 un concurrent de poids proposé par le développeur Sunborn : Girls’ Frontline.
Des filles et un brin d’acier
Girls’ Frontline fait donc comme Kantai Collection, c’est-à-dire de la stratégie au tour par tour, sauf qu’il remplace les navires par des armes à feu. On retrouve les revolvers, fusils et mitraillettes aux mains de jolies filles dessinées par les meilleurs illustrateurs. Simple mais efficace, puisque Sunborn Japan revendique deux millions de téléchargements de l’application, uniquement disponibles sur iOS et Android. Néanmoins, cela reste un jeu free to play, n’allez pas attendre des superbes scènes de combat en 3D. L’essentiel du gameplay se passe dans de simples menus, et les combats restent assez grossièrement animés.
Le principe est aussi relativement simple : il faut prendre des bases sur une carte divisée en points reliés les uns aux autres, en détruisant les androïdes qui les occupent. Les personnages ont une unique capacité qui peut être paramétrée en mode automatique, histoire de pouvoir jouer tranquillement en marchant par exemple.
L’aspect stratégique réside dans le fait que les filles ont relativement peu de points de vie : il faut donc coordonner plusieurs équipes et réparer les unités endommagées dans les bases. Il y a aussi une part de réflexion dans la disposition des unités, puisque toutes ont leur forces et leurs faiblesses, et la possibilité de se soutenir mutuellement. Le choix d’une bonne formation influe considérablement sur les performances en combat.
La nuit au QG
En termes de système de jeu, Girls’ Frontline est vraiment une copie carbone de Kantai Collection. Le jeu vous demande de gérer tout un tas de ressources (contrats d’armement, personnel, rations, munitions, pièces détachées, processeurs, catalyseurs…) pour produire (c’est bizarre, mais c’est comme ça) les personnages à intégrer aux différents bataillons. Au joueur de leur faire acquérir des points d’expérience en combat pour progresser dans l’histoire et les événements en temps limité.
Notez que la courbe de progression est très lente : il faut beaucoup jouer afin d’avoir le niveau nécessaire pour triompher dans les ultimes défis. Les rouages du système sont relativement complexes, et les possibilités étendues, ce qui le rend assez accrocheur. Comme d’habitude avec ce genre de jeu, le développeur cherche à retenir le joueur le plus longtemps possible pour qu’il ait davantage l’occasion de dépenser en micro-transactions.
Ce qui nous amène au système économique de Girls’ Frontline, et là c’est un grand ouf de soulagement : il n’est pas nécessaire de payer pour obtenir de nouveaux personnages, même très rares. Bien moins avide que les développeurs de Fate GO, Sunborn limite les micro-transactions aux éléments cosmétiques tels que les costumes. Il y a aussi la possibilité de payer pour augmenter le déploiement et accélérer les réparations afin de gagner plus facilement, mais c’est un investissement unique et non répété.
Le marketing n’attend pas!
Au Japon, l’essor d’une licence prometteuse est extrêmement rapide. Sorti seulement en 2018 au Japon à cause d’un problème de droits (un petit malin avait breveté le nom Girls’ Frontline avant que le jeu ne débarque, ce qui fait que le titre japonais est Dolls’ Frontline), le jeu a déjà sa gamme de produits dérivés dont un manga appelé Dolls’ Frontline Comic Anthology que Dengeki Comics s’est empressé d’éditer. A noter que son concurrent Ichinjinsha lui a emboîté le pas pour proposer sa propre version du manga, dont le deuxième volume est sorti il y a quelques jours à peine. Cela fait donc déjà deux fois deux tomes de disponibles sur l’archipel, qui contiennent de courtes anecdotes sur les filles entre elles ou leurs relations tumultueuses avec le commandant.
Comme dans toutes les anthologies en manga, les dessinateurs sont différents à chaque chapitre et la qualité est donc variable. Les courtes histoires sont néanmoins remplies de clins d’œil hilarants au jeu qui fera, à coup sûr, sourire les habitués. Le vrai regret concerne le manque de scènes de combat : seulement une tous les dix chapitres en moyenne, c’est un peu frustrant. C’est quand même l’objet du jeu, après tout…
Fidèle aux qualités de l’original tout en adoptant un point de vue différent, Girls’ Frontline est sans conteste un excellent clone de Kantai Collection. Peu envahissant pour le porte-monnaie, il profite de mises à jour régulières et de nouveautés fréquentes. Le manga exploite bien son univers délirant et on a hâte de voir comment la licence sera déclinée par la suite. Un animé ferait un carton à coup sûr…
Girls’ Frontline
Editeur/Développeur : Sunborn Technology
Genre : Stratégie, jeu de rôles
Modes : Solo uniquement
Machines : iOS, Android