Après une très bonne édition à Marseille en février dernier, la Japan Expo 2019 de Paris a repris ses droits ce début juillet. Pour les 20 ans du salon, les organisateurs avaient évidemment vu les choses en grand, invités de marque, programme pléthorique, projections inédites, goodies à foison… L’évènement aura encore une fois été une véritable course contre la montre entre les stands et les scènes.
Les animés envahissent la Japan Expo 2019
Crunchyroll France lançait les festivités sur le thème de l’animation dès le vendredi matin. La société de streaming y fit plusieurs annonces. Granblem, un animé centré sur des batailles de robots entre jeunes filles est annoncé et le premier épisode est d’ailleurs déjà disponible. Le ton assez sérieux de la bande-annonce et la prédominance des robots tranche un peu avec l’aspect slice of life montré au début, donc il est assez difficile de savoir vraiment ce que cette série veut exprimer…
Beaucoup plus limpide et attirant, l’animé Moi, quand je me réincarne en Slime va recevoir un épisode spécial à sortir dès aujourd’hui sur le site de Crunchyroll, en même temps que le DVD arrive dans les rayons japonais. Une histoire non-canonique pleine de charme puisqu’elle se passera… à la piscine!
Le diffuseur mit ensuite l’accent sur ses coproductions telles que A Destructive God Sits Next to Me, un animé de type shônen dans un univers scolaire, et In Spectre, une série plus tournée sur le fantastique. Les cinq premières minutes de In Spectre sont diffusées en exclusivité mondiale, mais l’aspect romance de l’extrait jure un peu avec le genre annoncé. Autre déception, ces annonces concernent le début de l’année 2020, et la saison d’automne n’a pas été abordée. Une présentation mitigée donc, mais largement compensée par la diffusion le soir-même de Saga of Tanya the Evil The Movie, une adaptation cinématographique de folie pour une licence qui ne l’est pas moins et mérite un article complet à venir bientôt.
A l’entrée du salon, le très beau stand de Crunchyroll célébrait ses deux grands succès que sont Moi, quand je me réincarne en Slime et The Rising of the Shield Hero. Les produits dérivés de son catalogue étaient nombreux et la firme offrait des cadeaux aux acheteurs.
De l’autre côté du salon, Kazuko Shibuya, qui donne une interview de grand intérêt dans un très bon recueil sur Final Fantasy sorti récemment, était en conférence pour partager son expérience avec les festivaliers. La directrice artistique de SquareEnix est revenue sur son ancienne passion pour les shôjo manga (des mangas destinés au public féminin) mais aussi et surtout sur l’époque du développement des anciens jeux Final Fantasy. Elle nous apprend par exemple que son équipe à l’époque “n’était pas plus grande qu’un club d’université” et travaillait sur “un seul étage d’un bâtiment banal”. Les développeurs travaillaient ailleurs et voyaient peu l’équipe de production. Hironobu Sakaguchi, le créateur de la série, dormait souvent sur place, pour être réveillé le matin à coups d’aspirateur par la secrétaire ! La légende qu’est aujourd’hui Final Fantasy vient de loin…
C’est au tour de Wakanim de faire le show. Le concurrent de Crunchyroll en France avait deux annonces, dont une de taille : la deuxième partie de Sword Art Online Alicization, sous-titrée War of the Underworld, est confirmée pour octobre sur le site. Elle sera aussi longue que la première, soit 24 épisodes. Voilà qui promet, et on espère qu’elle sera plus équilibrée que la première dont nous avions parlée il y a peu. Le film Rascal Does Not Dream of a Dreaming Girl, suite directe de l’animé Rascal Does Not Dream of Bunny Girl Senpai, arrivera au cinéma le 30 juillet pour deux projections uniques au Grand Rex à Paris et au Kinépolis de Lomme.
Wakanim a ensuite projeté en avant-première l’épisode 1 de El Melloi II’s Case Files. Moins impressionnant que l’excellent épisode 0, celui-ci a le mérite de bien poser les bases du scénario : on apprend la vérité sur la relation entre Reines et Waver, et les circonstances de l’accession de ce dernier au rang de Lord. Nous reparlerons à la rentrée de cet animé qui a un très gros potentiel en termes d’humour, de combats et d’ambiance très British puisque ce spin-off de l’intarissable licence Fate se passe à Londres.
De Fate il est encore question sur le stand de Wakanim : on pouvait gagner de petits goodies tirés de Fate Grand Order Absolute Demonic Front – Babylonia, autre gros poids lourd de l’animation japonaise confirmé par la firme pour octobre, mais aussi des objets inspirés d’autres licences. Le tout prenait la forme de mini-jeux : une roue de la fortune pour Fate Grand Order, un jeu d’adresse pour Sword Art Online, etc. On pouvait recommencer à l’envi (à condition de refaire la queue, ceci dit).
Wakanim terminera par la diffusion du premier épisode de Fire Force le samedi, autre série shônen (i.e. pour ados) très attendue qui met en scène une brigade de pompiers aux prises avec des feux particulièrement maléfiques. On vous en laisse découvrir l’énergique bande-annonce en bas de page. Avec un programme estival riche et deux animés de choix en octobre, Wakanim fait décidément une année 2019 exceptionnelle!
Beaucoup de jeux vidéo à l’essai
Syma News était ensuite invité par l’éditeur Klab pour parler des jeux smartphones Bleach: “Brave Souls” et “Love Live! School Idol Festival” en compagnie de leur producteurs respectifs Juin Morimoto et Shun Fujiyoshi.
Bleach: Brave Souls est un Action-RPG qui rassemble l’ensemble des personnages du célèbre manga de Kubo Tite. Le jeu propose un gameplay assez simpliste à base de coups uniques, mais un rythme relativement rapide qui fait appel à l’adresse et aux réflexes du joueur. Le principal point noir du titre tient dans ses graphismes : même pour un jeu smartphone, la 3D est assez rudimentaire et le look des personnages en super deformed déçoit. Ce type de design qui disproportionne les parties du corps fait extrêmement vieillot. Pour quelqu’un qui a joué aux adaptations de Bleach sur PSP il y a dix ans ou plus, c’est forcément décevant. En parlant de cette série PSP des Bleach: Hit The Soul, M. Morimoto déclare que malheureusement, le genre combat requiert des contrôles trop complexes pour les joueurs débutants. Peu de chances donc, hélas, de voir arriver ces jeux sur smartphone.
Bleach: Brave Souls a cependant quelques qualités décisives comme un mode histoire très riche qui inclut non seulement toute l’histoire du manga, mais aussi les spin-off diffusés entre les saisons. Le joueur choisit également jusqu’à trois personnages et peut changer de héros à tout moment. La difficulté est progressive, afin de satisfaire tous les types de joueurs. Enfin, le mode multijoueur est plus avancé que la moyenne des jeux smartphones, avec un matchmaking qui permet de rejoindre d’autres alliés ou ses amis via des salons en ligne.
Love Live! School Idol Festival est un jeu de rythme pour iOS et Android. Il faut toucher l’écran au fur et à mesure que des cercles arrivent sur le clavier représentant les school idols tirées de la licence éponyme. Il y a quatre niveaux de difficulté, ce qui garantit du plaisir de jeu pour les débutants comme pour les connaisseurs de Love Live! et des jeux de rythme en général. Le joueur a une barre de vie et chaque erreur la vide un peu plus. Cependant, elle ne semble pas se régénérer même en faisant des notes parfaites, cela pouvant poser problème en termes de difficulté en dehors du mode facile. L’interface de la partie rythme est assez simpliste : ça aurait été plus sympa avec des school idols en 3D et quelques pas de danse, comme c’est le cas dans Hatsune Miku Project Diva depuis 10 ans.
En revanche, le reste du jeu paraît assez riche et addictif. On peut par exemple créer son propre groupe en choisissant parmi les nombreuses school idols de la licence Love Live! Il faut pour cela gagner des défis ou utiliser l’option scout qui permet de tirer un personnage au hasard. On peut le faire assez régulièrement gratuitement, ce qui est plutôt sympa. Les illustrations sont fort jolies et le jeu profite pleinement de l’excellent design de Love Live! On apprécie également le choix des voix japonaises pour le titre, car les doubleuses japonaises sont irremplaçables. Les sous-titres en revanche ne sont qu’en anglais. Avec une trentaine de musiques disponibles dès le départ, Love Live! School Idol Festival est un jeu qui se laisse jouer avec plaisir, parfait pour les fans de Love Live! ou de idols japonaises en général.
©2013 PROJECT Lovelive!
©2017 PROJECT Lovelive! Sunshine!!
©KLabGames
©bushiroad All Rights Reserved.
Mais le jeu vidéo est partout dans le hall 6, et particulièrement chez Nintendo. La firme de Kyoto avait un immense stand avec beaucoup de titres à essayer en exclusivité comme The Legend Zelda : Link’s Awakening, Yôkai Watch 4 ou Luigi’s Mansion 3, mais nous jetons notre dévolu sur Pokémon Epée/Bouclier, qui est certainement le jeu Switch le plus attendu de l’année. Si la polémique n’en finit pas quant au nombre total de créatures à inclure dans cet épisode, la démo laisse apparaître un volet tout de même plutôt plaisant.
La production du développeur Game Freak accuse un certain retard dans les animations (franchement basiques) mais les personnages sont en revanche rudement plus beaux. La session nous faisait combattre dans l’arène dédiée au type eau, mais ne laissait entrevoir aucune évolution de gameplay convaincante. Ce premier contact n’a pas été mauvais mais Pokémon Epée/Bouclier doit vraiment confirmer sur le reste s’il veut garder son statut de jeu de rôles mythique.
Yu Suzuki se dévoile
Yu Suzuki, le créateur de la saga Shenmue, était l’un des grands invités de cette Japan Expo 2019. En plus d’une séance de dédicace (pas facilement accessible, notamment à cause d’un système de loterie très injuste envers les lève-tôt), le producteur était en conférence, à la fois sur son parcours et sur Shenmue III. Avec beaucoup d’humour, il revient sur sa jeunesse indolente : Yu Suzuki avoue être entré chez SEGA à l’époque… car l’entreprise garantissait deux jours de congés par semaine! Devenu concepteur de jeu vidéo, il n’en prend pas moins très au sérieux sa tâche, étudiant l’aéronautique au moment de développer After Burner (le précurseur des simulations de combat aérien) ou l’automobile pour Out Run. Yu Suzuki ne quittera jamais cet esprit : pour parfaire Shenmue (un jeu d’aventure qui a pour thème les arts martiaux), il va jusqu’à rencontrer des moines Shaolin pour que son héros soit le plus réaliste possible.
Ce qui nous amène naturellement à Shenmue III. En plus de visuels inédits présentant de nouveaux environnements du jeu, son créateur revient sur la philosophie de l’aventure. Il souligne le fait que celle-ci sera incroyablement riche, et qu’il faut prendre le temps d’en apprécier toutes les subtilités. Lors d’une séance de test, dit-il, aucun des joueurs présents ce jour-là n’a fait un cheminement identique à un autre. Yu Suzuki a pour ambition d’en faire l’antithèse de la plupart des productions modernes, dirigistes et vite consommées. Si Shenmue III parvient bel et bien à réveiller la passion des grands jeux d’aventure, c’est sûrement le plus beau cadeau que Yu Suzuki aura fait aux joueurs.
Ce n’est là qu’une infime partie du contenu de la Japan Expo 2019 (d’autres articles sont à suivre), mais l’on comprend déjà bien que le festival est plus que jamais la grande fête du Japon en France et en Europe. Les évènements tous inédits et exceptionnels étaient plein de passion et les stands permettaient d’aller de découverte en découverte. L’édition 2019 a placé la barre très haut et il n’y a plus qu’à espérer que 2020 fasse aussi bien.
Japan Expo 2019
Parc des Expositions Paris Nord Villepinte
ZAC Paris Nord 2, 93420 Villepinte
Du jeudi 4 au dimanche 7 juillet 2019