Pour la Gamescom 2019, l’enjeu est toujours le même. Le salon allemand de Cologne cherche à se démarquer de l’E3 et à afficher une puissance européenne dans le domaine du jeu vidéo. Alors cette année, le célèbre journaliste et présentateur Geoff Keighley était là pour un show de deux heures en ouverture de salon, histoire de dynamiser un événement qui a trop souvent souffert de sa routine.
La Gamescom 2019 sort le grand jeu
L’un des mots d’ordre de la Gamescom cette année est “nouveauté”. Promis, on ne fera pas que vous remontrer les jeux de l’E3 2019. Pari tenu? Oui et non. Certes, M. Keighley présente sur scène pas loin d’une dizaine de titres en première mondiale, dont entre autres Comanche (le retour d’une très vieille série de combat d’hélicoptères), les suites Little Nightmares II et Remothered Broken Porcelain (deux franchises de jeu d’épouvante réputées) et le sublime Everspace 2, qui fait renaître le shoot spatial avec une telle classe qu’on a du mal à croire qu’il s’agisse là d’un jeu indépendant. Patience toutefois, il n’est pas prévu avant 2021…
Bref, il y avait du neuf, mais aussi pas mal de redites : Destiny 2 est remis en avant pour la énième fois, FIFA 20 ne montre rien de très neuf, Call of Duty Modern Warfare ressort son mode multijoueur dévoilé récemment, Borderlands 3 partage un peu plus de gameplay… On sent que la Gamescom garde cette propension à être en partie une rediffusion du salon Américain. La variété fait également défaut dans l’image que donne ce grand rendez-vous européen, avec des jeux de tir et de stratégie omniprésents. Enfin, cette conférence d’ouverture avait parfois un aspect plus commercial qu’événementiel, par exemple lors de la promotion de l’Epic Game Store. Ce n’est pas comme ça que la Gamescom concurrencera l’E3, cette année encore rempli de grosses annonces venant à la fois de l’occident et du Japon.
Après, il se peut que cette “vitrine” n’ait tout simplement pas été représentative du salon dans son ensemble, immense avec des tas de stands et des jeux a n’en plus finir. De nombreux éditeurs japonais sont bien présents à cette Gamescom 2019 avec leurs dernières nouveautés : Bandai Namco a apporté One Punch Man : A Hero Nobody Knows et One Piece Pirate Warriors 4, annoncés récemment et jouables pour la première fois. SquareEnix mettait Final Fantasy VII Remake et Marvel’s Avengers à disposition du public, ainsi que Trials of Mana, que le magazine japonais Famitsu est venu essayer en Europe. Tout un symbole…
Des premières mondiales intéressantes
Puisque l’E3 avait été critiqué pour son manque de démonstrations concrètes, Geoff Keighley avait promis du gameplay pour cette présentation Gamescom 2019. Et il tient parole car pas mal de jeux ont donné un bon aperçu de leurs possibilités, comme Predator Hunting Grounds, une exclusivité PS4 tirée de la célèbre licence cinématographique. L’extrait montre un groupe de soldats de choc malmenés par le terrible Predator caché dans les arbres. Celui-ci, en plus de se dissimuler, peut détecter ses ennemis facilement. Les deux factions seront jouables, ce qui promet un gameplay asymétrique des plus intéressants : une escouade de Marines contre un seul Predator.
Autre jeu produit par Sony, Erica est un feuilleton interactif : on y voit de vrais acteurs embarqués dans un thriller dont le déroulement dépend des choix du joueur. Celui-ci a le choix entre deux tirades à chaque scène, modifiant l’histoire à chaque fois. Bonne surprise, le titre est disponible tout de suite sur le Playstation Store.
C’est Need for Speed Heat d’Electronics Arts qui a eu droit à la présentation la plus complète. L’inusable licence du géant américain revient pour des courses de rue encore plus déjantées et spectaculaires. La police sera également à vos trousses car vous l’aurez compris, il ne s’agit pas de faire du 50 à l’heure! Les développeurs ont préparé tout un tas de bolides, de Lamborghini à Land Rover en passant par Mazda, entièrement personnalisables. Les courses de nuit semblent magnifiques, en partie grâce à un éclairage et des reflets particulièrement poussés. Bref, une expérience très complète et un rendez-vous à ne pas manquer pour les fous du volant en cette fin d’année.
Death Stranding a refait parler de lui avec de nouveaux personnages, un peu de gameplay, et surtout son créateur Hideo Kojima lui-même qui avait fait le déplacement en Allemagne. Après des années de à en parler, on ne sait toujours pas quel genre de jeu c’est. L’aspect scénario sera primordial mais le but de l’aventure, ainsi que les mécaniques de jeu centrales, restent un mystère. On va finir par croire que M. Kojima fait exprès d’entretenir le doute sur son oeuvre, pour sûrement mieux surprendre les joueurs par la suite. Côté graphisme, on le sait déjà depuis longtemps mais c’est hallucinant, et côté stars c’est encore mieux puisqu’on a aperçu le personnage Deadman, qui emprunte les traits de Guillermo del Toro. Plus d’infos (peut-être) au Tokyo Game Show 2019…
Microsoft et Google, grands perdants de la Gamescom 2019?
Google revenait à la charge avec Stadia dans un long programme de présentation des nouveautés. Un bien grand mot, puisque le seul nouveau titre de l’émission est Orcs Must Die 3, un jeu d’action/réflexion dans lequel le joueur doit repousser une armée d’orcs en posant des pièges. La marque américaine se contente de lister les portages de gros blockbusters comme Cyberpunk 2077, Farming Simulator 2019 ou Borderlands 3. Dans le même temps, l’entreprise a fait le point sur son service en précisant que non, Stadia ne sera pas le Netflix du jeu vidéo : il sera nécessaire de payer chaque jeu individuellement. Une information qui fragilise encore plus la position de Stadia par rapport aux consoles. Google a maintenant pour seul argument que les jeux sont jouables sur tous les écrans (tablette, téléphone, TV…), mais cela pourra-t-il dissiper les doutes sur la stabilité du service, très gourmand en bande-passante?
Terminons avec Microsoft. Le constructeur semble en retrait à Cologne alors qu’il avait nettement pris les devants à Los Angeles. Gears 5, le dernier volet de sa célèbre série de jeux d’action, est présenté longuement avec du gameplay, mais c’est sa seule exclusivité. Non seulement les doutes grandissent quant au catalogue de la XboxOne aujourd’hui et de la Xbox “Scarlett” de nouvelle génération demain, mais en plus Microsoft continue à faire des concessions à Nintendo : un de ses chef-d’œuvre, Ori and the Blind Forest, va rejoindre l’e-shop de la Switch. Alors que sa stratégie devient clairement illisible, la marque américaine annonce qu’elle arrête les frais et qu’elle n’a plus l’intention de laisser partir ses exclusivités. Il était temps, une telle politique est suicidaire dans la lutte qui s’annonce pour la prochaine génération.
Gamescom 2019
19 au 24 août 2019
Kölnmesse – Messepl. 1, 50679 Köln, Allemagne