Extrêmement populaire au Japon avec des dizaines de milliers de ventes à chaque épisode, la série Utawarerumono a commencé à se montrer timidement en France avec les localisations successives de Utawarerumono Mask of Deception et Utawarerumono Mask of Truth par la branche occidentale d’Atlus. Cette année, Atlus sort du jeu et c’est NIS America qui a trouvé un accord avec l’éditeur japonais de la série, Aquaplus, pour donner une carrière occidentale à Utawarerumono Zan.
Utawarerumono Zan, un épisode qui tranche avec le reste de la série
Traditionnellement, les jeux Utawarerumono sont un mélange entre jeu narratif et RPG stratégique. Les personnages se déplacent sur des cases et le choix des compétences comme de la formation géométrique de votre est la clé qui mène à la victoire. Mais cette fois-ci et pour donner une nouvelle image à la série, Aquaplus a décidé de changer de genre pour de l’action-RPG pur et simple : plus le temps de réfléchir, il est maintenant question de matraquer la manette dans des affrontements au corps-à-corps et en temps réel. Le sous-titre Zan (“trancher” en japonais) exprime d’ailleurs ce changement de paradigme. Utawarerumono Zan est donc au final, en termes de jouabilité, l’antithèse parfaite des précédents opus.
Utawarerumono Zan est semblable aux jeux Warriors de KoeiTecmo : il vous met face à une multitude d’ennemis qu’il faut rosser à coups de combos ou de techniques martiales. Le jeu d’Aquaplus comporte douze personnages jouables, ce qui permettra sans nul doute aux amateurs de retrouver leurs favoris, et aux néophytes de découvrir cette richesse de la série. Chacun de ces héros ont leur propre panoplie de mouvements et d’attaques, et on peut permuter entre quatre personnages différents dans la même mission.
Cela garantit à Utawarerumono Zan une certaine diversité de gameplay même si clairement, on aurait voulu davantage de combos différents. En l’état, les possibilités offertes par chaque personnage sont limitées et ce titre ne donne pas d’aussi bonnes sensations de jeu qu’un Senran Kagura Estival Versus par exemple. Autre point noir : le mode histoire est trop facile, réduisant le plaisir qu’il peut apporter en tant que jeu d’action.
Dans Utawarerumono Zan, il n’y a toutefois pas que de l’action. Le jeu comporte un aspect jeu de rôle : il faudra par exemple augmenter les statistiques de ses personnages favoris (force, vitesse, etc.) avec les points accumulés lors des missions. Cela les rend plus forts et le joueur peut partir relever d’autres défis. La formation de l’équipe est également levier de gameplay : celle du feu augmente par exemple le potentiel offensif, et celle de la terre la défense. Il y a donc bien une partie micro-gestion qui intéressera les habitués des jeux de rôles, mais encore une fois la difficulté insuffisante torpille un peu le système.
La narration, un compromis difficile
L’histoire est reprise de Utawarerumono Mask of Deception. L’ancien épisode prête son scénario mais la narration n’est pas du tout équivalente : celle Utawarerumono Zan est compressée pour laisser plus de place aux phases d’action. C’est comme si on lisait un roman en hyper-accéléré et en sautant des pages! L’histoire de Haku, jeune homme embarqué dans toutes sortes de péripéties avant de se retrouver à défendre son pays avec tous ses compagnons, est carrément difficile à suivre avec la seule connaissance de cette exclusivité PS4.
Le mystère des “masques” ainsi que la géopolitique étendue (beaucoup de royaumes se faisant face à face) laissera le profane songeur, faute de se voir donner un vue globale de l’ensemble. Présentant un monde inspiré du Japon médiéval, la partie narrative à pourtant du charme à revendre par ses dialogues exquis, ses excellents doublages et ses héros adorables. Protagonistes qui sont plutôt nombreux, et là encore pas assez longtemps introduits pour que le joueur qui découvre puissent établir des liens clairs entre eux.
On retiendra tout de même la fin très émouvante, ainsi que la très belle séquence finale qui l’accompagne : le titre se finit dans une belle et déchirante scène cinématique. Dommage qu’il n’y en ait pas eu plus tout au long du scénario. Comme action-RPG, Utawarerumono Zan est plutôt court, car une dizaine d’heures suffisent à en venir à bout. Cela-dit, on peut y revenir pour s’attaquer au mode arcade en difficile ou profiter du multijoueur coopératif en ligne.
L’art et la manière
La réalisation est la grande force du spin-off d’Aquaplus : l’éditeur a été chercher le développeur Tamsoft, dont le savoir-faire technique n’est plus à prouver pour les jeux du style animé. Utawarerumono Zan est ainsi incomparablement plus beau que la trilogie d’origine, profitant de modèles 3D ultra-léchés, mais surtout d’animations riches et précises qui en font un vrai bonheur pour la rétine! Les phases de combats ne souffrent d’aucun ralentissement, et ce même avec un maximum d’ennemis à l’écran. Les affrontements sont pleins de vie, la cerise sur le gâteau étant les capacités ultimes des personnages, d’une mise en scène démesurée comme on les apprécie dans les jeux de rôles japonais!
On dit souvent qu’il y a l’art et la technique. Eh bien le jeu édité par NIS America a clairement les deux pour lui. La technique, il l’a grâce à Tamsoft comme on l’a vu juste au-dessus, et l’art, c’est tout simplement l’argument de vente numéro un de la franchise. Le design des personnages met tout le monde d’accord depuis des années, et la modélisation 3D le reproduit admirablement bien, ce qui est un exercice difficile. Beaucoup de titres n’arrivent pas a retranscrire le travail des illustrateurs, mais ici Tamsoft a réussi au-delà de toute espérance.
Les menus ont été travaillés pour offrir une interface exemplaire, stylée et parfaitement dans le ton du Japon d’autrefois. Et je vous parle pas des musiques : rien que celle de l’écran-titre arrache les larmes tant la mélodie exprime la grandeur de l’art musical classique japonais. Le reste de la bande originale est composé de morceaux très rythmés en énergiques, qui accompagnent bien le style action. Chapeau!
Utawarerumono Zan est un action-RPG sympa mais qui n’excelle en rien si ce n’est les graphismes, et plus généralement sa partie artistique. Il s’adresse aux aficionados de la série, qui seront ravis de retrouver leurs persos préférés sous un nouveau jour, mais aussi à ceux qui voudraient rentrer dans l’univers de Utawarerumono sans passer par le roman-fleuve qu’est le visual novel. Drôle et plaisant à jouer, et même sans grande profondeur de gameplay, il est une bonne porte d’entrée vers la franchise d’Aquaplus.
Utawarerumono Zan
Editeur/développeur : NIS America/Tamsoft
Genre : Jeu de rôles/action
Modes : Solo, multijoueur en ligne
Sortie en France : 13 septembre 2019
Machine : PS4