Edith en chemin vers son rêve
Edith Moore est une triste octogénaire à l’existence insipide. Durant plus de trente ans, elle a consacré sa vie à sa famille et à son mari infirme qui vient juste de mourir. Tandis que sa fille lui montre le chemin d’une maison de retraite, Edith réalise qu’elle n’a jamais vraiment vécu pour elle même et s’enfuie. Bien décidée à ne pas terminer son existence parquée avec de vieux séniles, elle part pour les Highlands afin d’y réaliser un rêve d’enfance : l’ascension du Mont Suilven. Arrivée à Inverness, elle fait la rencontre de Jonny, un jeune écossais qui va se prendre d’amitié pour cette drôle de vieille dame…
Un tandem émouvant et inattendu
Réalisé par Simon Hunter, ce film plein d’émotion s’articule autour d’un singulier tandem. D’une part, il y a Edith interprétée avec finesse par Sheila Hancock: le regard cristallin comme un geyser islandais, cette excellente actrice incarne son personnage avec autant de fragilité que de détermination. Tour à tour bougonne, nostalgique ou saisie d’émerveillement, elle partage cette aventure cinématographique avec Kevin Guthrie qui tient le rôle de Jonny.
Déjà remarqué dans “Les animaux fantastiques” (M. Abernathy), ce jeune acteur possède une délicieuse sensibilité. Avec son adorable accent Scottish et son caractère à fleur de peau, il confère à son protagoniste une douceur et une bienveillance pleine de charme.
Malgré leurs querelles et leurs différences, Edith et Jonny vont devoir apprendre à se connaître et à s’accepter.
Au final, chacun bénira le jour de cette rencontre inattendue.
Le Mont Suilven ? Une ascension symbolique
C’est avec beaucoup de tact et de poésie que Simon Hunter a composé ce long métrage. Par-delà l’ascension du Mont Suilven tant désirée par Edith, il a tracé en filigranes une réflexion symbolique sur la vieillesse et le cheminement de la vie. Pétri d’un bel optimisme, le réalisateur britannique invite ainsi chacun de ses spectateurs à savourer le temps présent ou à rattraper le temps perdu. Du haut de ses 80 ans, sa protagoniste Edith donne l’exemple en tentant de mener son rêve ascensionnel jusqu’au bout.
Simon Hunter: un réalisateur épicurien et optimiste
Le film de Simon Hunter nous offre également un regard amoureux sur l’Écosse et sa merveilleuse nature. Tourné dans le village de Lochinver, son long métrage nous transporte avec délice dans la région du Sutherland. Avec un sens prononcé du détail, le réalisateur nous fait découvrir les montagnes des Highlands, ses cascades mais aussi ses drôles de pubs ou ses pêcheurs. Attentif aux petites choses, il utilise sa caméra avec beaucoup de patience et d’esthétisme: scène après scène son oeil caresse le reflet de l’aube dans un loch, il s’attarde dans des marais, traverse la lande et le feuillage des arbres, puis nous fait sentir la chaleur bienfaisante d’un thé ou la mousse d’un verre de bière.
A travers ces images et le parcours d’Edith, Simon Hunter nous incite ainsi à la maxime du Carpe Diem tout en nous insufflant la soif des voyages et de l’aventure.
Bien que la fin de son film déborde de poésie, on aurait souhaité qu’elle soit plus étoffée : le destin de Jonny reste en suspens quant à celui d’Edith, vu son esprit insatiable, on aurait bien aimé la voir poursuivre ses rêves vers d’autres sommets…
Edith en chemin vers son rêve ? Une aventure baignée d’espoir et d’une douce tristesse
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