Kyoto possède quantités de trésors historiques. Mais lorsqu’on les a à peu près tous vus, il est bon de se tourner vers les cités avoisinantes, qui ne sont pas moins intéressantes. Hikone, située dans la préfecture de Shiga voisine, est probablement l’une des meilleures à faire.
L’attraction principale de Hikone est son château et ça se voit tout de suite. A peine sorti de la gare, un immense panneau vous précise la direction de l’édifice. Le petit personnage sur l’affiche s’appelle Hikonyan. Chaque région ou grande ville japonaise a sa mascotte, mais celle-ci est connue dans tout le Japon et a même son propre fan-club!
Il faut dire que les japonais sont imbattables quand il s’agit de faire du marchandising. Juste à côté se trouve une vitrine avec tous les accessoires produits par Hikone : pendule, boîtes pour cartes de visite, décoration pour smartphone, peluches, figurines… tout y passe et une grande partie de cette marchandise peut être achetée à l’office du tourisme juste en bas.
Hikone, le fief des seigneurs Ii
Ii Naomasa surplombe fièrement la très calme place de la gare. C’est un jeudi et rares sont les promeneurs dans cette ville moyenne de 100’000 habitants.
Naomasa était un général du grand leader féodal Tokugawa Ieyasu. Il s’est distingué à la bataille cruciale de Sekigahara (peinture ci-dessus) en 1600 qui a vu la victoire du clan Tokugawa et l’avènement du shogunat d’Edo. Naomasa est alors largement récompensé pour ses services et obtient une large domaine incluant le château de Sawayama.
Quelle heure est-il? A mi-chemin du château, cette horloge de Hikone n’aide pas forcément. On peut cependant lire 11h30 d’après la position des aiguilles. Il se trouve juste qu’elle garde les symboles classiques des douze signes du zodiaque chinois en guise d’heures.
Nous arrivons en vue du lieu tant attendu. Les remparts sont impeccables et dénotent une très bonne conservation du site, en dépit de l’aspect banalement provincial de la ville.
L’un des plus beaux châteaux japonais
Quelques escaliers plus tard, nous voici face au majestueux donjon du château de Hikone. Sa symétrie presque parfaite, sa façade éclatante et les formes de sa toiture le classent instantanément parmi les meilleurs. Il faut d’ailleurs partie des 100 sites immanquables de l’archipel et a été classé trésor national en 1952, un privilège rare.
De Sawayama, Noamasa projette de déménager à Hikone. Mais le seigneur décède en 1602, mort que l’on dit due à une blessure de Sekigahara dont il n’a jamais vraiment guéri. C’est son fils Ii Naokatsu qui s’occupera de faire construire le château, qui sera terminé en 1622.
A l’avènement de l’ère Meiji, à la fin du 19e siècle, la féodalité est abolie et tout ses symboles sont destinés à disparaître. Il était donc prévu que château de Hikone soit détruit. Mais en 1878, l’Empereur Meiji alors en visite officielle passe par Hikone. Sur ordre de celui-ci et bien que les avis divergent sur la raison de ce revirement, le bâtiment sera préservé.
L’architecture du château de Hikone montre bien son but militaire : il est construit en haut d’une colline et comporte de multiples meurtrières d’où les défenseurs pouvaient tirer soit à l’arc, soit au mousquet pour repousser d’éventuels agresseurs.
Meurtriers, les escaliers le sont aussi. L’intérieur est rénové mais conserve les fameuses marches extrêmement étroites que l’on peut voir dans d’autres châteaux japonais. Il est conseillé de se tenir en les montant, car le moindre faux mouvement peut avoir des conséquences fâcheuses. La descente est tout aussi dangereuse, sinon plus. Pour les explorateurs très avertis.
Au dernier étage, la vue est imprenable sur le lac Biwa, le plus grand du Japon avec ses quelques 670 km2. C’est aussi l’un des plus anciens : il s’est formé il y a plus de quatre millions d’années.
Le château de Hikone comprend bien sûr aussi ses jardins. La promenade est très agréable même s’il est moins beau que d’autres jardins japonais comme à Kumamoto pour ne citer qu’un exemple éminent. La coupe de la végétation est par exemple bien moins recherchée.
Hikone est profondément liée à l’ère Sengoku, période médiévale au cours de laquelle des seigneurs de guerre se disputèrent la domination du pays tout entier. Il n’est donc pas surprenant de trouver dans les boutiques de souvenirs des produits dérivés de Samurai Warriors 4, jeu vidéo de KoeiTecmo qui plonge le joueur dans cette époque guerrière. C’est quand même la plus grande concentration d’accessoires tirés de cette licence : même à Tokyo, vous ne verrez jamais un choix pareil!