Après la série animée et l’avalanche de produits dérivés sortis depuis 2016, il était clair que le jeu de rôles adulé de la PS4, Persona 5, irait des écrans jusqu’au papier. C’est chose faite avec le manga Persona 5 initié par l’éditeur Shôgakukan au Japon, et récemment localisé en français par Mana Books.
Persona 5, un vaste univers en manga
Persona 5 compte aujourd’hui 2,7 millions d’exemplaires vendus dans le monde et ce n’est pas un hasard : c’est un jeu quasiment parfait. Dans son gameplay, dans l’inventivité de ses donjons, mais aussi bien sûr dans son histoire et ses personnages. Le titre d’Atlus conte le destin de lycéens ayant l’étrange pouvoir de rentrer dans le subconscient d’autrui. Akira (le héros a été ainsi nommé dans le manga) s’entoure de deux camarades d’école pour utiliser ce don pour le bien de tous, en s’attaquant à l’esprit des pires crapules de Tokyo. Mais ce faisant, ces justiciers se heurtent à des complots politiques particulièrement vicieux. Quand ils rentrent dans la tête de quelqu’un, ils deviennent les Phantom Thieves, des voleurs de grande classe qui partent à la conquête de mondes parallèles aussi dangereux que loufoques. Une aventure riche en suspense, trahisons et émotions.
Mais comment coucher tout cela sur le papier? Persona 5 est un jeu-fleuve s’étale sur plus de 100 heures, il fallait une maison d’édition et un mangaka prêts à aller jusqu’au bout. On se souvient qu’en ce début d’année, le manga de Tales of Berseria avait fini sur une note un peu décevante car il avait été sur-compressé en seulement trois volumes. Fort heureusement, ce n’est pas l’orientation prise par Shôgakukan pour cet adaptation de Persona 5. Seul le premier tome est sorti en France, mais nous avons passé en revue tous ceux sortis au Japon. Au tome cinq, le manga n’est qu’à un tiers du scénario du jeu, suggérant une longueur tout à fait à même de rendre compte à 100% de la richesse de l’intrigue et de l’évolution des héros.
Un manga fidèle à l’original
De facto, on retrouve dans le manga absolument toute les scènes connues du jeu, jusque dans les plus anecdotiques. Le diable est dans les détails et Shôgakukan est conscient qu’il ne peut pas décevoir alors que Persona 5 the Royal, la réédition enrichie du jeu, va occuper les esprits des joueurs PS4 le mois prochain au Japon. La manga prend donc le temps de s’attarder sur chaque scène et c’est une réussite : on sent bien l’état d’esprit des personnages et leurs émotions ressortent impeccablement de la narration. Cela va sans dire, la longueur du manga permet aussi de découper les étapes de chaque chapitre afin qu’on en comprenne parfaitement les tenants et les aboutissants. Il est cependant dommage que le livre commence moins fort que le jeu : sur Playstation 4, les premiers chapitres prennent la forme d’un flashback pour attiser la curiosité, alors que le déroulement du manga est plus linéaire.
Pas forcément un nom connu, le mangaka Hisato Murasaki s’en sort admirablement bien sur le plan visuel avec un trait fin et beaucoup d’efforts sur les visages. Les personnages sont très expressifs et les scènes de “métamorphose” très importantes dans Persona 5 sont d’autant plus marquantes. Sur PS4, Persona 5 n’est pas vraiment connu pour ses performances graphiques, donc ici le manga apporte vraiment quelque chose aux possesseurs du jeu original. Les combats en revanche auraient pu être meilleurs : on a trop l’impression à chaque fois d’une mêlée générale sans relief, avec toujours les mêmes ripostes. Où est l’étendue des Personas d’Akira, lui qui maîtrise des dizaines de bêtes fantastiques dans le jeu original?
Mais le mangaka a plus d’un tour dans sa manche, en particulier quand il s’agit retranscrire l’humour de Persona 5. Chaque blague, chaque détail humoristique de l’original fait l’objet d’une ou plusieurs bulles. Du duo comique formé par Ryûji et Anne à la filature maladroite de Makoto sur Akira, le manga de Persona 5 donne régulièrement le sourire. Hisato Murasaki prend parfois quelques libertés et offre des vues un peu croustillantes introuvables sur PS4. Une valeur ajoutée qui plaira à coup sûr aux initiés…
Le travail fourni sur le manga de Persona 5 est remarquable dans sa rigueur comme dans sa richesse. L’éditeur et l’auteur prennent le temps nécessaire pour dérouler comme il faut l’immense intrigue imaginée par Atlus, le tout soutenu par une qualité visuelle constante et beaucoup de clin d’œil bien sentis. Excellent pour les non-joueurs qui voudraient se lancer dans la licence, cette adaptation est aussi à recommander fortement même à ceux qui auraient fini le jeu tant la redécouverte est séduisante.
Persona 5
Auteur : Atlus (scénario), Hisato Murasaki (dessin)
Editeur : Shôgakukan (Japon), Mana Books (France)
Label : Ura Sunday Comics (Japon)
Genre : Humour, Suspense, Fantastique