Première gagnante féminine de « The Voice » (saison 7), Maëlle dévoile enfin son premier opus au titre éponyme après un an et demi de travail. Un opus écrit, composé et réalisé par le grand Calogero, avec également la plume de son ancienne coach Zazie qui signe son premier single.
Chronique musicale d’un projet personnel à la fois mélancolique et organique, avec une poignée de hits plus radiophoniques.
Eclosion du projet
« Ce vendredi est un immense jour pour moi… J’arrive toujours pas à le croire ». C’est avec ces quelques mots que Maëlle a célébré la joyeuse nouvelle sur les réseaux sociaux. Son tout premier album est enfin disponible.
Une consécration pour la jeune artiste de 18 ans qui a redoublé d’efforts pour obtenir son BAC après sa victoire au célèbre télé crochet à l’aveugle tout en bachotant activement sur son projet musical. Un rythme effréné mais pour un résultat à la hauteur. 11 titres musicalement riches et puissants, aux textes minutieusement travaillés en binôme avec le célèbre Calogero.
Plus qu’un modèle, un mentor rencontré en Juillet 2018 lors du Festival des Nuits Bressanes, à peine deux mois après le sacre de la chanteuse. Un duo plus tard sur «Prendre Racine » et l’alchimie a opéré. Entre eux c’est le coup de foudre artistique immédiat, d’ou la décision de la prendre sous son aile. Il est celui qu’il lui faut pour enfin oser franchir le pas de présenter son univers au grand public. Un artiste réputé pour sa plume d’exception et ses mélodies de qualité qui produit pour la première fois pour une artiste féminine. Une expérience riche en échanges qui a apporté à la jeune femme la confiance dont elle avait besoin pour se lancer dans le grand bain de l’industrie musicale. Un disque sur mesure c’est la première volonté de Maëlle qui déclarait seulement quelques minutes après sa victoire vouloir faire un album qui lui ressemble. Des paroles qui ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd qui a opéré en respectant son envie.
Un opus mélancolique et puissant
Des récits mélancoliques, une importance capitale des mots, et des mélodies envoutantes on reconnaît là totalement la pâte de l’interprète de « Un jour au mauvais endroit ». Un projet fidèle à l’image de la gagnante de « The Voice 7 » et de ses valeurs.
A commencer par « L’effet de masse » ballade mélancolique en piano voix sur les effets néfastes du harcèlement scolaire. Un phénomène malheureusement trop présent, de plus en plus mis en lumière par les célébrités. Une pépite pure et douce poignante qui met des mots sur les maux des victimes en pointant du doigt ceux qui les brisent.
Autre sujet engageant, le réchauffement climatique abordé dans « SOS ». Comme un cri du coeur lancé par l’artiste avec un sublime pont de gammes accélérées au piano. Une manière subtile de se faire aussi porte-parole d’une jeunesse de plus en plus militante sans pour autant s’auto-proclamer moralisatrice.
Tout autant percutant et concernant « Le mot d’absence » durant lequel Maëlle conte le récit d’un père absent. « T’étais ou, toi le soir ? Les week-ends, les vacances ? T’étais où quand je faisais mes devoirs ? » clame-t-elle en se glissant dans la peau d’une jeune fille en colère contre son géniteur. Un tableau saisissant sur les familles recomposées.
Plus personnel, dans « Si » l’artiste se voue mélancolique, se remémorant son enfance avec douceur sur un texte joliment écrit, magnifié par son interprétation puissante et mature.
Sentimentale et dans la fleur de l’âge, la chanteuse parle bien entendu amour à plusieurs reprises.
Sur « Je t’aime comme je t’aime » elle ouvre grand son coeur à travers une profonde déclaration.
Plus sombre « Tu l’as fait » traite peine de coeur, apaisé par les notes du piano et des choeurs berçants.
Une souffrance que l’on retrouve tout au long du déchirant « La marque ». Une véritable pépite très chantante sur la souffrance ressentie après une rupture durant laquelle la jeune femme fait preuve d’une extrême sensibilité transcendante.
Une production moderne
Sans s’engouffrer dans le pathos, Maëlle jongle agilement entre les univers, en proposant également des hits plus radiophoniques. A l’image de « Toutes les machines ont un coeur » lead single qui résonne sur les ondes depuis quelques mois déjà. Un hit électro pop signé Zazie restée en contact avec son poulain. Au coeur du hit le thème de l’évolution des sentiments face à la montée des nouvelles technologies. Une belle entrée en matière entêtante.
Même ambiance festive sur « Le pianiste des gares » véritable ode musicale rythmée, dédiée à tous les passionnés mélomanes, encore plus aux musiciens. Un appel à l’évasion, aux notes bondissantes, rempli de peps. Un hommage à ceux qui mènent une vie de bohème et ne lâchent pas leur passion malgré le manque de soutien familial. Un choix de sujet osé et atypique puisque c’est la première fois que quelqu’un l’aborde au sein d’une chanson. Et une légère référence subtile à deux grande figures inspirantes pour la jeune femme, Michel Berger et France Gall avec leurs tubes respectifs « La groupie du pianiste » et « Il jouait du piano debout » qui mettaient en avant le même instrument.
Plus déroutant encore l’ovni de l’album « You Go » interprété en anglais. Un hit agréablement surprenant à la facette estivale, qui sort véritablement du lot. Porté par une production moderne et des sonorités pop rock électro. La petite frenchie n’a pas à rougir de son accent, sa voix sonne tout aussi bien dans la langue de Shakespeare.
C’est « Sur un coup de tête » que la bourguignonne a fait basculer sa vie. Un clin d’oeil autobiographique à sa vidéo envoyé sur MyTF1 « comme ça pour rigoler » qui lui permettra d’intégrer le casting des auditions à l’aveugle. Plus largement, un titre moderne électro pop sur la fougue de la jeunesse.
En bref Maëlle a su saisir sa chance et s’entourer des bonnes personnes pour proposer un premier album berçant et mature. Un opus authentique et non-linéaire mêlant chanson française et électro pop à travers des mélodies pures, sur des thèmes poignants. Le tout porté par des textes travaillés sublimés par la voix douce et puissante de l’artiste et des interprétations matures et fragiles.
Coup de coeur : Toutes les machines ont un coeur / L’effet de masse / SOS / La marque
DROUIN ALICIA