Bienvenue en Terre du Milieu
Chacun sur cette terre connaît les fabuleuses aventures de Bilbo et du Seigneur des Anneaux. Derrière ces sagas fantastiques se profile une figure aussi discrète qu’érudite qui méritait le plus grand des hommages : celle de l’écrivain J.R.R.Tolkien. Plus de 80 ans après la publication du Hobbit, la Bibliothèque Nationale offre enfin une très belle exposition à ce génie littéraire qui a consacré presque toute sa vie à créer un monde parallèle : bienvenue chez Tolkien, en Terre du Milieu.
Tolkien : un fou de linguistique !
Que vous soyez fan ou pas de l’univers Tolkienien, la rétrospective de la BNF ne peut que vous séduire. Repartie sur une vingtaine de salles, elle présente en détail les dessins, les cartes et les manuscrits originaux de l’auteur tout en proposant un regard admiratif sur sa vie et son intellect.
Né dans le sud de l’Angleterre en 1892, John Ronald Reuel Tolkien a été professeur en lettres médiévales au sein de la prestigieuse université d’Oxford. Père de quatre enfants, il a inventé durant près de soixante ans une fabuleuse mythologie qui a influencé toutes les générations et donné naissance à deux des plus belles sagas cinématographiques. Polyglotte et d’une érudition immense, Tolkien parlait, entre autres, le gotique, le grec ancien, le gallois ou le vieil islandais. Véritable passeur de littératures anciennes auprès de ses étudiants, ce fou de linguistique a aussi conçu une cinquantaine de langues avec leur propre grammaire dont une dizaine figurent dans sa rédaction du Seigneur des Anneaux.
Un romancier à l’imagination prolixe
En parcourant les salles et les œuvres exposées à la BNF, on est très rapidement happé par le mélange de rigueur et d’imagination de Tolkien. Non seulement cet homme a créé un monde secondaire à travers ses romans, il a également réussi à le rendre réel pour ses lecteurs en le dotant de peuples, de cartes, de langues, de croyances ou de calendriers runiques d’une cohérence et d’une précision telles qu’elles finissent par dépasser la fiction !
Des Manuscrits sortis du fond des temps
Quel plaisir donc de pouvoir accéder directement aux manuscrits écrits par la main de Tolkien avec sa si belle écriture, calligraphiée et régulière.
Entre une lettre aux armes du Gondor, un texte en caractères elfiques et un tapuscrit reprenant la missive de Gandalf à Frodon, on a l’impression de toucher du doigt des archives millénaires.
Cartes et dessins
Véritable moine copiste, Tolkien possède également des talents d’enlumineur : la plupart de ses textes sont, en effet, illustrés de dessins minutieux et très détaillés. On découvre ainsi des croquis de Minas Tirith, des encres représentant le village de Lake Town ou la Montagne solitaire, mais aussi de très belles aquarelles des Forêts elfiques de la Lothlórien qui nous laissent deviner son amour immodéré pour les arbres et la nature.
Il en va de même pour le tracé de ses cartes : topographe durant la guerre de 14-18 Tolkien a inventé des dizaines de cartes d’une rigueur aussi bien géographique que chronologique. Ne ratez pas la Carte du Rohan avec ses annotations et son relief ainsi que la fabuleuse lithographie de Fairyland datée de 1925 : un bijou !
Les autres oeuvres de l’univers tolkienien
L’hommage de la BNF ne se contente pas d’explorer la genèse du Seigneur des Anneaux ou du Silmarillion, il invite le visiteur à contempler d’autres œuvres tolkieniennes comme sa traduction du poème Beowulf ou ses lettres au père Noël qu’il confectionnait année après année pour ses enfants. On peut d’ailleurs y découvrir une oeuvre conçue par son fils Christopher Tolkien : la saga du roi Heidek.
Pour agrémenter ce parcours de plus de 300 artefacts, la Bibliothèque Nationale a parsemé cette retrospective d’inscriptions runiques relevées sur des pierres scandinaves et de pièces guerrières telles que des épées, des masses d’armes ou des cottes de mailles.
On y trouve aussi des bestiaires médiévaux, des compilations arthuriennes ou des manuscrits abordant l’histoire de Merlin ou celle des contes de Perrault.
Toutes ces œuvres n’ont pas forcément leur place dans cette retrospective mais elles apportent un écho féerique et une belle esthétique à l’exposition, particulièrement en ce qui concerne les toiles de Sir Burne-Jones et de Dante Gabriel Rosseti.