Sa pause de deux ans aura été bénéfique. Après un long break, Coldplay renoue enfin avec la scène médiatique. Un come-back opéré le 25 octobre dernier avec la libération des singles « Orphans » et « Arabesque », suivi par la sortie de l’album «Everyday Life » le 22 novembre dernier. Un retour triomphal au sommet des charts avec ce nouveau projet salué par la critique et le public.
Une entrée au sommet des charts
20 996, c’est le nombre d’exemplaires écoulés du huitième album de Coldplay (streamings compris), en France en seulement une semaine d’exploitation. Les plus pressés n’ayant même pas attendu les fêtes pour se procurer le fameux sésame. Un résultat colossal permettant aux britanniques d’entrer directement en première place du Top ventes. Des chiffres en pleine ascension qui résistent face à des tauliers comme Renaud nouveau leader de la semaine ou encore « Johnny » l’album symphonique de Johnny Hallyday.
Un succès au-delà des frontières avec une première place occupée par le quator dans 53 pays. A commencer par le Royaume-Unis et ses 48 000 unités vendues en sept jours et une entrée sur la plus haute marche du podium des UK Albums Charts. Un opus marquant de l’année 2019, déjà troisième meilleure vente britannique juste derrière « No.6 Collaborations Project » d’Ed Sheeran et « Divinely Uninspired to a Hellish Exten » de Lewis Capaldi. Un retour donc largement gagnant.
Eclosion du projet
Ils ont pris leur temps. Près d’un an que Chris Martin et ses acolytes teasaient subtilement leur grand retour à coup d’affiches mystérieuses et de lettres envoyer à ses fidèles. Une tactique malicieuse idéale pour faire monter l’euphorie du côté des fans bouillonnant d’impatience de découvrir le huitième opus de leur groupe fétiche.
Un avènement qui s’est concrétisé le 25 octobre dernier jour de sortie de non pas un mais deux singles. Une surprise à la hauteur de la longue attente engendrée. Le début d’une nouvelle ère donc, portée par les titres « Orphans » et « Arabesque ». Le premier, un hit pop entêtant lumineux dans la même veine que les plus grands succès de Coldplay. Avec en réalité une autre facette plus profonde, et un texte retraçant la disparition d’un père et sa fille durant un bombardement, en pleine guerre civile syrienne. Un cri du coeur accompagné d’une mélodie fédératrice, comme une lueur d’espoir portant cet hymne humaniste.
Au même moment, le public découvrait aussi « Arabesque », véritable ovni musical de plus de 5 minutes. Au programme, des sonorités jazzy épurées, du saxophone, et un passage en français interprété par Stromae. « Comme deux gouttes d’eau, on se ressemble, comme provenant de la même mère, comme deux ruisseaux qui se rassemblent pour faire les grandes rivières » lance l’artiste comme un appel à la paix et à l’union.
Une belle entrée en matière et une double ambiance énonciatrice d’un projet lourd de sens et pure.
Un album en deux temps
Plus « expérimental » avait prévenu le quatuor au sujet de ce nouvel opus. Un renouveau visible dès la pochette de leur galette. Une photo en noir et blanc, retouchée façon vintage. Un visuel inspiré d’une image datée de 1919 de l’arrière-grand-père de Jonny Buckland, guitariste de Coldplay. Avec un effet miroir et un titre à la fois en anglais et en arabe. Sur le côté une lune et un soleil.
Un projet donc universel, et double aussi.
16 titres, scindés en deux parties « Sunrise » et « Sunset », traduisez « lever de soleil » et « coucher de soleil », comprenez, les bons et moins bons côtés de la vie.
La première évoque les épreuves à affronter, la seconde pousse à les surmonter et aller de l’avant.
Un opus qui débute par une intro orchestrale épurée et magistrale. On en frissonne. Une pureté qui se poursuit sur « Church » porté par la délicatesse de Chris Martin et un chant traditionnel indien.
On continue dans la finesse avec la douceur de l’atmosphérique « Trouble in Town » traitant des problèmes de racisme sur fond d’arrangements au piano.
Arrive ensuite « BrokEn » dans une ambiance gospel suivies des ballades organiques « Daddy » et « WOTW/ POTP ». Et une première partie qui se conclut religieusement avec « When I Need A Friend », totalement frissonnant. Un groupe star loin cette fois des strass et paillette mettant cette fois aux oubliettes synthétiseurs et autres fioritures musicales. Un renouveau à l’état brute qui fait du bien. Et un groupe plus conscient et engagé que jamais abordant des sujets préoccupants comme l’écologie ou la Guerre. À l’image de « Guns » sur le goût prononcé des Américains pour les armes à feu. Un hit folk marquant le changement d’ambiance.
Une seconde partie plus entêtante et radiophonique mais avec toujours une force de proposition musicale brute sans artifice. On s’évade sur « Eko » rendant hommage à l’Afrique, avant de rêver de la paix dans le Monde sur « Bani Adam ». Comme une libération « Champions of the world » fédère avec ses sonorités enjouées malgré la réalité du sujet abordé, la disparition de Scott Hutchison du groupe Frightened Rabbit, inspiration de Coldplay.
Arrive déjà le moment de refermer « Everyday Life » avec le titre du même nom. Comme une douce conclusion sur la beauté de la vie et son côté plus sombre. Avec en bonus un clip chaleureux et solaire qui nous en met plein les yeux. On ressort de cette écoute comme transpercé, apaisé, un peu sonné même, mais ravi de cette pureté retrouvée avec l’envie de s’engager avec le groupe et d’aller de l’avant.
Un groupe plus engagé que jamais
Dans la continuité de son album, Coldplay avait promis de retrouver son public sur scène. Problème, les artistes ne veulent plus d’une tournée qui pollue la planète. Un soucis causé par leurs multiples déplacements en avion.
Les musiciens cherchent donc une alternative pour mettre en place des concerts neutre en carbone et respectueux de l’environnement.
Comme un avant goût, le groupe a offert à ses fidèles un show exceptionnel filmé au levé et couché du soleil depuis les hauteurs de Amman en Jordanie. Une surprise retransmise en direct sur Youtube. On espère vite les retrouver en live !
DROUIN ALICIA