Remarqué par la critique en fin d’année dernière, le jeu artistique GRIS de Nomada Studio arrive finalement sur la console la plus répandue au monde, la Playstation 4. L’occasion de voir ce qu’il y a derrière la réputation flatteuse du titre. L’art se suffit-il à lui-même ou GRIS a-t-il quelque chose de plus?
Simple jeu de plate-forme en apparence, GRIS est une formidable réussite esthétique. Il s’inscrit directement dans la lignée de jeux comme Journey, The Unfinished Swan ou Child of Light, où l’aspect visuel, musical ou narratif parle directement au cœur. Le premier attrait graphique proposé par Nomada Studio tient dans les formes car GRIS utilise volontiers des figures géométriques aux lignes épurées. Symétrie et asymétrie se mêlent de façon inattendue mais ça marche : les quatre niveaux de l’aventure sont terriblement harmonieux.
Le jeu vidéo en tant qu’art
L’autre coup de génie de GRIS est sa dynamique visuelle. La caméra zoome et dé-zoome pour afficher le gigantisme de l’architecture et des environnements, et à chaque fois c’est à couper le souffle. Parfois, elle tend à accélérer pour bousculer le confort du joueur et lui faire vivre des sensations différentes. Le dernier tour de force artistique de GRIS est sa bande-son : le jeu amplifie les mélodies, applique des accents plus graves en fonction des situations, ce qui rappelle beaucoup le mythique film Fantasia de Disney.
Comme son nom ne l’indique pas, GRIS est en fait très coloré. La jeune fille que vous incarnez voyage en quête de couleurs perdues. A l’issue de chaque niveau, elle va libérer une des couleurs primaires et redessiner complètement son monde. Les teintes successives sont absolument magnifiques : les teintes de rouges du début sont déjà impressionnantes, mais le mariage des couleurs en fin de jeu dépasse l’entendement tant elles sont juxtaposées avec finesse. Plus on avance, plus le titre apparaît comme un recueil de chef-d’œuvre d’art contemporain.
Au-delà de l’esthétique, du gameplay et du sens
C’est beau, très beau, mais on ne fait que regarder dans GRIS. Nomada Studio a eu le soin de conférer à son bébé un gameplay propre fondé pas seulement sur la plateforme et le saut, mais aussi sur la réflexion car le titre est parsemé d’énigmes. Au cours de son périple, la jeune fille acquiert différents pouvoirs comme une lourde armure qui peut casser le sol et servir de contrepoids, la faculté de nager dans n’importe quel filet d’eau, etc. Toutes ces capacités sont utilisées de plein de manières différentes (et intelligentes) pour renouveler les casse-tête, ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais.
GRIS est un cas particulier dans le milieu vidéo-ludique puisqu’il est l’un des rares jeux à ne comporter aucun texte. Mais même sans un seul caractère, même s’il est court (moins de dix heures de jeu en ligne droite), l’aventure arrive à communiquer des sentiments forts et un sens. Le thème très clair de GRIS est la mélancolie, qui se ressent à travers les nombreuses figures féminines en train de se morfondre, mais aussi par l’aspect désolé du monde dans lequel évolue la jeune fille. Bien que poétique et colorée, sa quête est solitaire et la confronte au bout du compte à une réalité déchirante. GRIS finit alors comme il a commencé : en laissant une profonde marque sur le cœur et l’esprit.
GRIS est exactement ce dont le jeu vidéo a davantage besoin, c’est-à-dire une aventure poétique, un concept original et une absence de violence. Disponible à petit prix (17€) uniquement en dématérialisé sur le Playstation Store, c’est un jeu qui s’apprécie de la première à la dernière seconde par son lyrisme et sa sensibilité. GRIS incarne tout simplement la beauté comme aucun autre titre sur cette génération.
GRIS
Editeur : Devolver Digital
Développeur : Nomada Studios
Genre : Plate-formes/réflexion
Modes : Solo uniquement
Sortie en France : 26 novembre 2019
Machine : Playstation 4