Les cavaliers de Kessel
L’histoire des Cavaliers prend place en Afghanistan en 1957. Comme chaque année, la course nationale du Bouzkachi est organisée autour des 60 meilleurs cavaliers du royaume mais cette fois elle se tient exceptionnellement à Kaboul, face au roi.
Avides de gloire et de victoire, les plus grands cavaliers du pays se préparent. Il en va ainsi d’Ouroz, fils de Toursène. Fier et arrogant, ce jeune hussard a accepté de monter « l’étalon fou ». En respect pour son père et pour sa lignée, Ouroz se doit de gagner la course et n’a pas le droit à l’erreur. Mais sait-on jamais ce que le destin nous réserve…
Bienvenue en Afghanistan
Dans cette histoire au Pays des Afghans, le metteur en scène Éric Bouvron fait appel avec audace à l’imagination du public. Misant sur un simple tapis, une poignée de turbans et quelques tabourets en guise de montures, il parvient merveilleusement à nous faire voyager au milieu des steppes de l’Asie centrale.
Un beau trio de comédiens
Sur la scène, trois comédiens dynamiques incarnent en chœur tous les rôles du récit: serviteurs, gitans, chefs des écuries ou vieux sages, ils se transforment l’un après l’autre pour nous livrer tous les chapitres du livre de Kessel.
Impertinent et nerveux, Benjamin Penamaria est particulièrement bon dans le rôle d’Ouroz à qui il confère une hargne et une noblesse sauvage.
Plus discrète, Vanessa Kryceve joue tour à tour les infirmières occidentales, les rebouteuses ou les gitanes fourbes. Seul femme sur scène, elle devrait user d’avantage de sa sensualité et de son pouvoir de séduction afin de nous charmer.
Éric Bouvron, quant à lui, ne se contente pas de mettre en scène. Amoureux du texte de Joseph Kessel, il l’interprète dans un jeu souple et coulant. Son accent chantant est assez déstabilisant mais l’on aime son assurance, son caractère digne et sa gestuelle presque animalière.
La magie de Khalid K
En complément de ce trio d’acteurs, saluons la performance de Khalid K sur qui repose l’ensemble des chants et des bruitages de la pièce. Déambulant sur la scène aux côtés de ses partenaires, Khalid fait surgir des galops, des incantations ou des prières coraniques avec maestria. Muni d’un simple micro et d’un répétiteur qui fait écho à sa voix, ce talentueux musicien apporte une atmosphère magique à toute la pièce.
Un autre regard sur le monde islamiste
En faisant le choix d’une aventure se situant dans la république islamiste d’Afghanistan, Éric Bouvron invite les spectateurs à porter un autre regard sur ces pléiades de peuples ancestraux: par-delà les dérives religieuses propres à notre époque, il choisit intentionnellement de nous montrer les valeurs nobles de cet univers encore féodal. Fierté, honneur et respect, tels sont les vertus de ces conquérants afghans prêts à mourir pour une course de chevaux plutôt que de perdre la face aux yeux du monde.
Les Cavaliers ? Une traversée afghane, intense et épique
Les cavaliers
D’après le roman de Joseph Kessel
Mise en scène: Éric Bouvron et Anne Bourgeois
Avec Eric Bouvron, Benjamin Penamaria, Khalid K et Vanessa Krycève
Jusqu’au 18 janvier 2020
Les vendredis et samedis à 19h30
Supplémentaires: le 5 janvier 2020 à 17h45
Théâtre Essaïon
6 rue Pierre au Lard – Paris
Métro : Hôtel de Ville – Rambuteau
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