C’est un anniversaire clé que célébraient vendredi soir les Victoires de la Musique en direct de la Seine Musicale à Boulogne Billancourt, retransmis sur France 2.
35 ans de remises de prix et performances d’exception. Une soirée cette année un peu décevante placée sous le signe de la retrospective, avec cependant quelques prestations marquantes. Debrief
Quelques signes de fatigue
Avec 35 ans au compteur, les Victoires de la Musique sont sans conteste un véritable rendez-vous incontournable pour les mélomanes.
Un évènement pourtant en perte de vitesse ces dernières années, souffrant d’une baisse d’audience conséquente et de nombreuses remises en cause sur son système de votes.
Conscients de ces faiblesses, les équipes du programme ont attaqué le problème à la racine pour cette édition anniversaire, en réduisant le nombre de catégories du concours et en ouvrant les votes au grand public pour devenir d’avantage populaire.
Avec également quelques changements mis en place pour le jour J (11 animateurs contre un habituellement et des prestations en live pour chaque nommé).
Seul hic, ces efforts ne semblent pas avoir été si efficaces que ça. Si on ne nous a globalement pas matraqué à coups de discours sans fin, on s’est senti perdu au milieu des nombreux magnétos nostalgiques revenant sur les moments forts des Victoires de la Musique depuis 35 ans.
Une occasion de revoir quelques visages marquants certes, mais aussi de regretter l’aspect un peu vieillot de la cérémonie et de traîner un peu trop en longueur la soirée.
Et que dire du discours d’ouverture de Florent Pagny sur l’évolution du mode de consommation de la musique. Certes une idée pertinente et adaptée, mais beaucoup trop longuement racontée. De quoi nous perdre dés les premières minutes.
Quant aux multiples chassés-croisés des animateurs qui semblaient être sur le papier une bonne idée, ils nous ont finalement un peu perturbés.
Bref globalement la soirée s’est avérée faussement moderne avec un problème de rythme saccadé.
Le spectacle continue
Heureusement pour les Victoires de la Musique tout n’est pas sombre. Les invités étant l’élément capital pour offrir aux téléspectateurs une soirée d’exception.
Des artistes habitués à jouer le jeu à fond en proposant des véritables performances mémorables.
À l’image d’Angèle, grande favorite de l’année avec ses 3 nominations, qui a ouvert les festivités avec un medley de qualité au son de ses plus grands tubes. Une chanteuse complète qui a jonglé entre une version piano/voix de son désormais mythique « Balance ton quoi » avant d’accélérer la cadence sur son hit « Oui ou non » mais aussi « Je veux tes yeux » et l’efficace « Flou ». Preuve en est qu’elle méritait totalement de l’emporter dans la catégorie « Concert de l’année » pour son « Brol Tour ».
Des artistes féminines en grande forme ce soir là, toutes aussi surprenantes les unes que les autres. On retient aussi le tableau émouvant de Maëlle sur le harcèlement scolaire avec « L’Effet de masse ». Dans un autre registre, celui d’Aloïse Sauvage qui a terminé comme son titre « à l’horizontale » suspendue à un filin accroché à son micro.
Encore plus audacieuse, Hoshi a laissé tout le monde bouche bée en diffusant en fond sonore des propos homophobes durant l’interprétation de « Amour censure » morceau engagé dénonçant ce fléau. Plus marquant encore, son baiser de fin avec sa compagne actuelle. Un joli pied de nez subtil et respectueux.
Le direct restant la force des Victoires de la Musique, permettant aux artistes de s’exprimer librement et de surprendre le public.
Autre tableau bluffant, celui de la troisième et dernière nommée catégorie « révélation scène ». La tornade Suzane qui a marqué les esprits avec son flow électrique et son énergie débordante sur son titre « SLT » dénonçant le harcèlement moral/sexuel.
On se souvient aussi de Clara Luciani qui a fait preuve de second degré au moment de son discours trophée en main de « l’artiste féminine » de l’année. Mais aussi de la version épurée et symphonique de « ça va ça vient » du duo incontournable Vitaa et Slimane, reparti vainqueur dans sa catégorie « Chanson originale » poussé par le soutien de ses nombreux fidèles.
Autre grand favoris de l’année, Alain Souchon monté sur scène à plusieurs reprises, notamment le temps d’un partage avec Vianney, pourtant discret ces derniers mois.
Encore plus effacé médiatiquement, le grand Jean-Jacques Goldman a mis de côté sa réserve le temps d’un message vidéo surprise adressé à son ami Maxime Le Forestier reparti avec une Victoire d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Seuls bémols, on regrette le trop peu de représentation de musique urbaine, le duo PNL ayant répondu absent ce soir là (au grand regret de nombreux internautes). Et on préfère oublier la prestation de Philppe Katerine, un peu trop déjantée pour nous, ainsi que les quelques tableaux de fin qui nous ont un peu perdus.
L’audience
L’édition 2020 des Victoires de la Musique a réuni environ 2,4 millions de téléspectateurs, soit 15,8 % de part d’audience. Un score encore fragile mais un léger rebond par rapport aux 2,1 millions de l’an dernier qui restent pour l’heure le pire score de la décennie pour la cérémonie.
Le palmarès
Artiste masculin de l’année
– Philippe Katerine
– Lomepal
– Alain Souchon
Artiste féminine de l’année
– Angèle
– Clara Luciani
– Catherine Ringer
Album de l’année
– « Âmes Fifties » d’Alain Souchon
– « Confessions » de Philippe Katerine
– « Jeanine » de Lomepal
– « Les étoiles vagabondes » de Nekfeu
– « Panorama » de Vincent Delerm
Révélation scène
– Hoshi
– Aloïse Sauvage
– Suzane
Album révélation
– « Les failles » de Pomme
– « Maëlle » de Maëlle
– « Tempéraments » de Malik Djoudi
Chanson originale
– « Allez reste » Boulevard des Airs et Vianney
– « ça va ça vient » Vitaa et Slimane
– « Nue » Clara Luciani
– « Presque » Alain Souchon
– « Stone avec toi » Philippe Katerine
Concert
– « Both Sides » Jeanne Aded
– « Brol Tour » Angèle
– « Le grand petit Concert » M
Création audiovisuelle
– « Au DD » PNL
– « Balance ton quoi » Angèle
– « Live Les Vieilles Canailles » Les vieilles canailles
DROUIN ALICIA
