C’est l’évènement musical de cette fin de semaine. Près de 4 ans après « Starboy », The Weeknd est officiellement de retour dans les bacs avec « After Hours ». Et on peut dire que pour son quatrième opus la star canadienne frappe fort ! Un disque surprenant mêlant arrangements psychédéliques et confidences sombres mais aussi des visuels percutants.

The Weeknd - After Hours - trackllist - pochette

Une nouvelle ère

Cela fait des mois que The Weeknd faisait trépigner d’impatience ses fidèles à coups de teaser et indices sur ce nouvel album. Une tactique payante, idéale pour faire monter la pression auprès du public et cultiver le mythe tout autour de ce fameux projet.
Déjà en novembre 2018 le chanteur taquinait gentiment sa communauté, en affirmant lors d’une performance qu’il travaillait sur un nouveau chapitre de sa carrière.
Mais inutile de se précipiter c’est en lâchant plusieurs singles collaboratifs tout en prenant suffisamment de recul nécessaire que l’artiste a travaillé à son rythme pour revenir avec le meilleur de ce qu’il souhaitait offrir à l’heure actuelle.
Premiers pas vers une nouvelle ère en novembre dernier avec la sortie de «Heartless » sur lequel il se confie sur ses blessures amoureuses. Un mal-être qu’il raconte à travers un titre sombre voire psychotique. Un single suivi dans la foulée par « Blinding Lights » toujours sur le thème d’une relation conflictuelle mais cette fois avec des sonorités nettement plus rétro radiophoniques. Un hit devenu rapidement un tube planétaire.
Comme on dit, jamais deux sans trois. En dernier coup d’accélération la révélation de « After Hours » morceau du même nom que l’album, chargé lui aussi de défendre cette nouvelle ère.

The Weeknd - After Hours - clip - Blinding Lights -

Un univers visuel puissant

Remise à zéro de ses réseaux sociaux, publications étranges. Pour faire pénétrer les fans dans son nouvel univers, l’artiste n’a pas lésiné sur les moyens. Créant même une véritable identité forte et particulière aux couleurs sanglantes tout autour du projet.
Une atmosphère trouble que l’on retrouve sur la pochette de « After Hours » sur laquelle l’interprète de « I Feel It Coming » apparaît tout sourire malgré son visage tuméfie et rempli de sang.
Comme un aperçu de son histoire tragi-comique racontée tout au long de ces 14 pistes.
En accompagnement aussi, une vidéo au style rétro animé distillant quelques indices savamment travaillés et références cinématographies déjà présentes dans un teaser précédent.
Des multiples éléments allant dans le même sens donc, traduisant une certaine mélancolie voire plus inquiétant une descente aux enfers irrémédiable.
Même sensation à la lecture de la tracklist, avec des titres certainement pas choisis au hasard, tous ayant un lien avec la souffrance.
De leurs côtés, si « Heartless » et « Blinding Lights » ont si bien fonctionné, c’est aussi en parti grâce à leurs clips prometteurs. Le premier un bad trip à Vegas aux airs très bling bling, une ambiance malsaine reflétant les dérives de l’argent mal dépensé. Une vidéo sulfureuse limite hallucinogène aux airs de « Las Vegas Parano ». Le second, tout autant délirant et agité montrant l’homme en pleine virée automobile. Une suite logique de sa descente aux enfers.
Et pour clôturer le tout, il y a 2 semaines The Weeknd a dévoilé un court-métrage énigmatique de 5 minutes. Un mini-film débutant par son passage sur le plateau de Jimmy Kimmel face à l’acclamation des spectateurs, avant de le voir s’engouffrer dans un long tunnel sombre et d’entamer une longue chute vertigineuse. Un synopsis totalement déroutant.

The Weeknd - After Hours - clip -

Idées noires et sonorités psychédéliques

Il avait promis un album expérimental. Telle une thérapie personnelle, avec « After Hours », The Weeknd laisse parler son âme. Une ambition aussi de soigner les plaies de chacun, encore plus en cette période délicate. Un objectif qui l’a motivé à ne pas repousser son jour de sortie.
À la différence de ses précédents projets, le chanteur évolue cette fois totalement en solo, exit les featurings qui font pourtant partie intégrante de sa carrière.
Au coeur de cette galette de l’amour, allant du sexe à son infidélité chronique, en passant par la violence, la peur et la solitude, des thèmes récurrents à ses anciens succès donc. Avec en ouverture même la toxicomanie pour commencer au sein de l’introduction « Alone Again », totalement frissonnante. Des sujets intimes et cohérents sur fond d’une mélancolie récurrente connectant les différentes pistes du projet.
Une harmonie flagrante malgré la multitude d’influences agilement réparties. Une pointe de disco, de RnB et même du funk dans l’efficace « In your eyes » mais surtout beaucoup de sonorités psychédéliques totalement envoutantes. Le tout porté par la puissance vocale intacte du chanteur.
Toujours à fleur de peau, The Weeknd parvient à laisser tomber le masque comme pour mieux exorciser ses vieux démons.

En bref, comme un espoir au milieu du chaos « After Hours » est un une sacré claque ! Un condensé émotionnel libérateur intense et profond qui nous fait ressortir comme l’artiste, purgé, un peu remué aussi mais surtout totalement à bout de souffle.

Coups de coeur : Blinding Lights / In Your Eyes / Save Your Tears

DROUIN ALICIA