À l’heure ou les sorties musicales sont réduites, les titres en hommage au personnel soignant fusent. Au sein de la dernière salve libérée, « Effets Secondaires » signé Grand Corps Malade. Un slam engagé, et une invitation à se questionner et réfléchir sur cette période inédite et délicate que nous traversons tous.

Grand Corps Malade -

Les bienfaits du confinement

Fidèle à lui-même, Grand Corps Malade se mobilise. Le slameur s’interrogeant sur les « Effets Secondaires » de cette période de confinement.
Un titre s’ouvrant sur une flopée d’applaudissements, le nouveau rituel quotidien permettant d’honorer le personnel médical depuis sa fenêtre à 20H. Une ambiance musicale en l’apparence enjouée, avec pourtant derrière des paroles percutantes, criantes de réalisme.
Loin de dépeindre un tableau totalement sombre, Grand Corps Malade salue d’abord les bienfaits du confinement, processus dont il s’amuse chaque jour également sur les réseaux sociaux à travers une rubrique sur ses « enseignements du jour ».
« En ces temps confinés on s’est posé un peu, Loin des courses effrénées on a ouvert les yeux » démarre-t-il en entrant directement sur le vif du sujet. Osant également s’interroger sur les « vertus » du virus.
Une pandémie qui a au moins le mérite de nous rapprocher. « On a du temps pour la famille, on ralentit le travail, et même avec l’extérieur on renforce les liens » clame-t-il en se réjouissant de l’esprit de solidarité régnant actuellement.
Pointant du doigt aussi avec enthousiasme une autre vertus du moment : le changement de nos modes de consommation . « On laisse enfin la Terre récupérer ce qu’on lui a pris, La nature fait sa loi en reprenant ses droits » débite-t-il avec sa voix rauque. Comme un clin d’oeil à la cause de l’écologie, à l’heure ou notre Planète est trop souvent malmenée par l’Homme.

Grand Corps Malade -

Réflexion et engagement

Des paroles fortes couchées sur du papier, avec derrière une vraie volonté de faire réagir.
« On se découvre soudain semblables, solidaires, Tous dans le même bateau pour affronter le virus, C’était un peu moins le cas pour combattre la misère, On était moins unis pour accueillir l’Aquarius » tonne l’artiste en référence au sort réservé aux migrants, problème devant lequel beaucoup ont trop souvent fermé les yeux. Une vraie réflexion alarmiste aussi sur « les transparents de la République » ces travailleurs de terrain dont on ne parle jamais. Des éboueurs ou livreurs, honorés à travers quelques mots.
Plus percutant encore Grand Corps Malade met bien entendu en lumière le personnel hospitalier, « les vrais héros » comme il les surnomme. « Bien avant le Corono l’hôpital suffoquait, il toussait la misère et la saturation, Nos dirigeants découvrent qu’il y a lieu à être inquiets, Maintenant qu’il y a la queue en réanimation » regrette le slameur tel un porte-parole du corps médical dont les revendications sont trop peu souvent entendues.
N’hésitant pas à se mouiller en taclant subtilement à plusieurs reprises nos politiques et leur « confuse gestion ».
Un titre donc mêlant solidarité et engagement en faveur des soignants avec justesse et puissance.
Comme un ultime geste fort, la totalité des bénéfices du morceau sera reversée aux hôpitaux Delafontaine de Seine-Saint-Denis (département d’origine de Fabien Marsaud dit Grand Corps Malade), et François Quesnay de Mantes la Jolie, via la Fondation Hôpitaux de Paris – Hôpitaux de France.

DROUIN ALICIA