Le confinement, il y en a qui le subissent et il y a ceux qui en profitent pour être productif. À l’image de Gauvain Sers qui après avoir revisité « La tendresse » au sein du collectif La chanson française solidaire, continue sur sa lancée avec « En quarantaine ». Un titre inspiré par la période délicate que nous traversons actuellement. En prime l’artiste propose également une seconde version de sa chanson intitulée « En première ligne » dédiée aux soignants.
Un texte audacieux
« C’est quand même pas un confinement total qui va nous empêcher de faire des chansons» s’est exclamé Gauvain Sers il y a quelques jours sur les réseaux sociaux à quelques heures de libérer sa nouvelle création intitulée « En quarantaine ». Un morceau de circonstance revenant sur notre quotidien en phase d’enfermement. Comme à son habitude, l’artiste creusois ne mâche pas ses mots, mettant en lumière avec sa plume aiguisée les troubles de la société avec dérision. « Les paquets de pâtes italiennes, ont déserté tous les rayons, comme s’il fallait qu’on se souvienne, Que la peur réveille les couillons » s’exclame le chanteur en référence à la ruée de la population vers les supermarchés durant les premiers jours du confinement. Taclant aussi au passage les quelques désobéissants enfreignant les règles actuelles. « Les cons finis se serrent la main » regrettent-il, mais aussi « les costards » enfin conscients de l’importance du corps médical.
Gauvain Sers peignant pourtant un tableau ou heureusement tout n’est pas sombre. Se moquant par exemple gentiment aussi des nouvelles occupations de certains. « Les impatients trinquent à distance, par vidéos interposées, les solitaires matent à outrance, n’importe quelle daube télévisée » s’amuse-t-il. Et saluant « les plus beaux élans solidaires » du moment comme les concerts aux fenêtres ou le fait de communiquer d’avantage avec nos anciens.
Sans oublier d’honorer bien entendu l’ensemble du personnel hospitalier « C’est le stéthoscope en cravate, que les docteurs sauvent nos anciens.. il serait temps qu’on s’en souvienne, quand prendra fin la quarantaine » conclut-il.
Un grand voyage virtuel
C’est une chanson « qui n’aurait jamais dû voir le jour » en temps normal , confie le principal intéressé qui a écrit cette pépite lors de la première nuit de confinement. Avant de vouloir faire voyager ce titre sans pour autant sortir de chez lui. Pour y parvenir, le chanteur au béret a lancé un appel public pour trouver un compositeur pour faire vivre ses belles paroles.
Résultat, des centaines de réponses et d’écoutes plus tard, l’interprète de «Pourvu » a eu le coup de coeur pour la mélodie de Manu Senard qu’il ne connaissait jusqu’alors absolument pas. Une belle rencontre virtuelle donc, qui mènera son texte écrit à Paris jusqu’en Vendée pour être composé, avant un passage par Pantin pour être mixé puis masterisé en Normandie. Le tout avec les moyens du bord. Un joyeux remue-ménage donc « mais avec l’envie folle de créer et de continuer à faire de la musique, tout simplement » raconte Gauvain Sers sur les réseaux sociaux à travers l’histoire de cette sacré aventure. « Une belle histoire pour une chanson qui n’aurait jamais dû voir le jour » avec une fin heureuse puisque l’ensemble des bénéfices de « En quarantaine » sera reversé à la Fondation Hôpitaux de Paris – Hôpitaux de France venant en aide aux soignants.
« En première ligne » la face B du projet
« En quarantaine » est la face A des gens qui, comme moi sont confinés mais bien au chaud à l’abri » s’est exprimé Gauvain Sers à quelques jours de la sortie de son morceau. Un homme donc qui reconnaît sa chance d’affronter cette pandémie depuis son domicile, à l’inverse de ces travailleurs forcés d’aller sur le terrain chaque matin pour sauver des vies et continuer de faire tourner le pays. Des héros du quotidien « En première ligne » à qui il rend hommage dans la face B de son projet. Une jolie ballade poétique dédiée aux soignants, mais aussi aux employés de supermarché, aux livreurs ou encore aux éboueurs qu’il salue pour leur courage et leur dévouement.
« Sarah travaille dans un hyper, elle scanne des codes barres par milliers » clame-t-il honorant la dignité de ces travailleurs trop peu payés et pourtant en première ligne sur le front.
Sans oublier de glisser un petit mot de soutien aux sans domicile fixe.
« Le mec qui habite sur le matelas, son nom, personne ne l’a jamais su, il déambule ici et là, mais les plus braves ne l’approchent plus » regrette-t-il.
En bref, un second morceau criant de réalisme, brillamment écrit et interprété par l’artiste creusois.
DROUIN ALICIA