L’animé Azur Lane s’est finalement terminé fin mars, après un retard considérable des deux derniers épisodes. Avec plus 6 millions de joueurs inscrits au Japon, Azur Lane est un jeu smartphone monstrueusement populaire, mais l’arrivée de la série télévisée n’a pas fait que des heureux…
Azur Lane version animé avait à peine débuté en octobre 2019 que la twittosphère nippone taxait déjà la licence d’animé “anti-japonais”. Les messages sont véhéments, certains attaquant les joueurs qui paient en microtransactions dans le jeu, d’autres y voyant “la honte du monde de l’animation japonaise” ou encore de la “malveillance”. Alors que le début de l’animé était censé être un grand moment de célébration pour les fans, comment en est-on arrivés-là?
Une leçon d’histoire pour le Japon?
Azur Lane est un jeu très semblable à Kantai Collection, dans lequel on joue des bateaux de guerres représentés par des filles. Contrairement à Kantai Collection, l’univers du jeu contient quatre factions, qui représentent les belligérants majeurs de la Seconde Guerre Mondiale. Seulement voilà, dès l’épisode un, l’Empire Sakura qui représente le Japon est du côté des méchants. Pour faire court, les alliés sont victimes d’une violente attaque des “agresseurs” de l’Empire Sakura, provoquant l’ire de certains téléspectateurs nippons.
Le fait est que le jeu mobile est développé en Chine, un pays qui n’a pas de bons souvenirs de guerre avec son voisin. L’histoire du jeu commence d’ailleurs exactement comme la série animée. Pour certains, cela constitue une véritable politisation d’Azur Lane de la part de la Chine pour accuser le Japon. Mais pour le coup, les détracteurs ne seraient-ils pas de mauvaise foi?
Il est intéressant de revenir ici à Kantai Collection, le concurrent 100% japonais d’Azur Lane, dans sa version PSVita appelée Kan Colle Kai. Dans celui-ci, on dirige une marine essentiellement japonaise, qui doit défendre l’Asie du sud-est contre des créatures imaginaires. Mais ironiquement, le joueur finit par débarquer… en Californie! Kantai Collection est donc lui-même déjà politisé, voire révisionniste, en faveur du Japon. Dans ces conditions, jeter la pierre à Azur Lane ne paraît pas très honnête.
Un animé fidèle au slogan Cool Japan
Les râleurs se sont égosillés trop tôt. Comme on ne juge pas un livre à sa couverture, on ne juge pas un animé à son premier épisode. Il se trouve que dans les ultimes épisodes, retardés trois mois pour en améliorer la qualité, toutes les nations combattent sous la même bannière contre les “Sirènes”, le véritable ennemi commun au terme de la narration. Ces démones qui cherchent à anéantir ce qui reste de l’humanité en exploitant les faiblesses des bélligérants, sont au final l’exact équivalent des “créatures des abysses” de Kantai Collection.
On est donc en présence d’un happy end des plus classiques, et du reste le Japon a plutôt été mis à l’honneur durant la saison, avec de nombreux épisodes centrés sur l’Empire Sakura. Le traitement qui en est fait n’a pas du tout manichéen, donc l’animé Azur Lane peut être absolument qualifié de politiquement correct. C’est nettement moins polémique que Kan Colle Kai, dont le déroulement n’avait pas fait scandale à l’époque. Reste une saison rondement menée, dotée de bonnes scènes d’action, d’une excellente réalisation et de beaucoup d’humour. Par ailleurs, les concepteurs du jeu comme de l’animé capitalisent sur les personnages, et n’ont donc aucune raison de les rendre détestables.
Même si l’on ne peut nier l’intention des concepteurs chinois d’égratigner le Japon lors du prologue, Azur Lane reste une licence bon enfant sans les velléités politiques que certains y voient. C’est une très bonne adaptation du jeu mobile, au message qui plus est positif. La conclusion de cette affaire est très simple : internet a encore une fois surréagi! Les fans de ce genre d’animé auraient tort de passer à côté simplement à cause d’une fausse polémique.
Azur Lane
Réalisation : Bibury
Diffusion : Wakanim
Automne 2019
Genre : Action, Humour