Final Fantasy VII est indubitablement l’un des RPG les plus réputés de l’histoire du jeu vidéo. Donc quand SquareEnix a révélé son intention de s’atteler au remake, il était clair qu’ils prenaient un risque. Mais comme en bourse, ce sont les produits les plus risqués qui rapportent le plus. Depuis la démo technique de Migdar sur PS3, Final Fantasy VII Remake a été un rêve ardent dans l’esprit de beaucoup. C’est dire si cette sortie du titre, cinq ans après son officialisation, est un moment important pour l’éditeur et ses millions de fans.
Final Fantasy VII Remake a essuyé beaucoup de critiques quand il fut annoncé que le jeu serait épisodique. Mais à l’issue de cette première partie, il est clair que SquareEnix a fait le bon choix. Il faut bien avoir à l’esprit que Final Fantasy VII (et presque tous les Final Fantasy par ailleurs) sont des jeux extrêmement denses. Donc le refaire complètement avec des graphismes ultra-modernes est une tâche titanesque, que l’équipe de développement a prise très au sérieux.
L’histoire de Final Fantasy VII Remake n’est donc que le début du Final Fantasy VII d’origine, en gros la partie se déroulant dans la ville de Midgar. Elle est centrée sur la lutte d’un groupe d’écologistes radicaux appelé Avalanche, opposés à la puissante société Shinra. Ils accusent la corporation de surexploiter les ressources naturelles, et ne reculent devant pour l’en empêcher. Afin de frapper l’entreprise durement, son leader Barrett recrute un ancien soldat d’élite de la Shinra, Cloud. Ensemble, ils découvriront non seulement de noirs secrets, mais aussi une menace bien plus grande pour le monde, que la Shinra n’est que le déclencheur.
Un respect strict de l’oeuvre originale
La première bonne surprise de Final Fantasy VII Remake est que SquareEnix n’a rien oublié dans ce remake. Même les scènes et conversations mineures sont bien là : le monologue de Barrett contre les employés de la Shinra, l’assistance surprise du maire Domino, le passé complet d’Elma… L’éditeur s’est assuré que le monde de Final Fantasy VII Remake reste aussi riche que celui du Final Fantasy VII original, et que l’aventure reste aussi formidable. En conclusion, 100% de Final Fantasy VII est dans Final Fantasy VII Remake, et c’est un effort plus que louable de la part de SquareEnix.
Complet non seulement dans sa narration, Final Fantasy VII Remake garde une ambiance géniale fidèle à l’original. Si l’on regarde les Final Fantasy récents (à partir de Final Fantasy XII environ), il y a eu une volonté de rendre le ton plus sérieux afin “d’occidentaliser” la série, laissant de côté l’humour traditionnel des jeux de rôles japonais : les personnages haut en couleur, et plus généralement tout le côté “décalé”. Alors que l’on pouvait penser que SquareEnix aurait pu continuer sur cette voie pour Final Fantasy VII Remake, il n’en est rien. Ils ont gardé les blagues idiotes, les personnages loufoques, les escaliers sans fin, les mini-jeux rigolos… En parlant des mini-jeux, il y en beaucoup et ils sont passionnants. La poursuite en moto revient par exemple en dix fois plus fort! Certains autres, comme la destruction de caisse avec Cloud ou les tractions avec Tifa, sont super addictifs : c’est tout simplement impossible de les lâcher avant d’avoir battu le meilleur score!
Final Fantasy VII Remake propose aussi un certain nombre de quêtes annexes, tous les quatre ou cinq chapitres environ, ce qui permet au joueur de varier les plaisirs. Le fait est que l’exploration n’est pas le fort du jeu : les chemins sont très rectilignes, ce qui fait remonter de mauvais souvenirs de Final Fantasy XIII. L’architecture du jeu, en chapitres contrairement à l’original, limite aussi la sensation de liberté. Néanmoins, le système de quêtes est vraiment bon, car beaucoup sont longues et complexes, menant le joueur à revisiter différents endroits. En outre, il n’est pas dirigiste et laisse vous laisse chercher et réfléchir par vous-même. Il y a beaucoup de secrets disséminés ici et là, vous invitant à fureter dans chaque ville, chaque boutique, chaque gare… un système très réussi qui procure beaucoup de plaisir.
Mais en fin compte, Final Fantasy VII Remake est non pas 100% mais 120% de Final Fantasy VII. SquareEnix ne s’est pas contenté de refaire le jeu Playstation et a ajouté beaucoup d’éléments nouveaux comme des personnages en plus, des scènes inédites ou des lieux transformés. Madam M, Johnny et Kirie sont autant de nouveaux protagonistes qui enrichissent grandement l’aventure de Final Fantasy VII Remake. D’autres personnages connus de Final Fantasy VII ont maintenant un rôle bien plus grand. Par exemple, les membres d’avalanche Jessie, Wedge et Biggs ont bien plus d’interactions qu’avant : on en apprend beaucoup plus sur eux, sur leurs familles dans la pléthore de nouvelles séquences qui leur sont consacrées. Cela va sans dire, on est d’autant plus ému par leur destinée dans la bataille contre la Shinra, et même au-delà…
Une refonte visuelle renversante
Bien sûr, le gros plus de Final Fantasy VII Remake reste la réalisation renversante et le design retravaillé. Impossible de ne pas être satisfait tant Midgar a été recréé dans les moindres détails. Chaque maison, chaque magasin, chaque route donne un forte identité graphique au jeu. Les villes sont incroyablement vivantes, comprenant des tas d’habitants qui discutent autour de vous, des pancartes dans tous les sens ou des décorations tape-à-l’œil. Le nouveau design du wall market transcende complètement l’original, avec un mix des architectures asiatiques et modernes au résultat détonant! Le bâtiment Shinra est également très impressionnant et donne une toute nouvelle image de vos adversaires : on y voit la cafétéria, l’étrange musée, les publicités à la gloire de l’entreprise… Le travail accompli par les développeurs est proprement extraordinaire, il y a des paysages à couper le souffle et des surprises à tous les coins de rues.
Le graphisme réinventé est aussi incroyable sur les personnages. Final Fantasy VII Remake est clairement le plus beau RPG japonais qui existe, les autres ne lui arrivent même pas à la cheville sur ce plan. Les comportements et les expressions faciales ont été très recherchées, ce qui fait ressortir la personnalité de certains personnages bien plus qu’avant (Aeris en étant le meilleur exemple). Les Turks sont plus cools que jamais : Rude et ses fameuses lunettes de soleil rappelle de bons souvenirs du film Final Fantasy VII Advent Children. Les leaders de la Shinra paraissent encore plus cruels et excentriques, et Rouge XIII est merveilleusement animé. Les émotions sont véritablement décuplées dans ce remake.
Il faut souligner la qualité des doublages japonais : Takahiro Sakurai (qui prête sa voix à Crow dans la série Trails of Cold Steel) est un choix parfait pour Cloud, mais les autres sont tout à fait formidables. La tonalité des dialogues s’accorde parfaitement avec la psychologie des personnages ce qui est la base de tout doublage réussi. L’aspect musical est bon également, mais en dehors de quelques remixes de thèmes de combat, la bande-son est assez discrète.
Un excellent compromis de gameplay
Le système de combat était un sujet compliqué mais là encore SquareEnix réussit un tour de force. La vision de l’éditeur est que l’ancien système de tour par tour est trop veillot pour le public moderne. Mais dans le même temps, il ne pouvait pas faire table rase du passé, car beaucoup sont encore attachés au jeu original. Donc, pour plaire à tout le monde, les développeurs ont pensé un système de combat hybride : on peut réaliser des combos avec les boutons carré et triangle tout en se déplaçant librement sur l’aire de combat, comme dans un jeu d’action. Mais les personnages ont toujours ce que l’on appelle une jauge d’Active Time Battle (ATB) pour effectuer d’autres actions de manière plus stratégique. Le joueur pour stopper le combat à tout moment et choisir une magie ou autre capacité, qui va coûter une barre d’ATB. Ce faisant, SquareEnix modernise les combats tout en ne perdant rien de l’aspect tactique du Final Fantasy VII original.
Pour mettre un peu de piment dans les affrontements, SquareEnix a implémenté un système par lequel vous pouvez déséquilibrer les ennemis en attaquant sa faiblesse. Celui-ci encaisse alors beaucoup plus de dommages. Cela rend les batailles plus complexes et au final très variées car les types de faiblesses sont nombreux. Mais le plus étonnant reste l’incroyable diversités des ennemis : ils sont extrêmement mobiles, peuvent grimper sur les murs, voler… il n’y a pas deux combats qui se ressemblent dans Final Fantasy VII Remake. Les boss ont tous des stratégies particulière, vous obligeant à repenser constamment la vôtre. La richesse des combats est telle qu’on ne peut jamais s’ennuyer.
Malgré la priorité donnée au côté action, le système de matérias reste fidèle à l’original. Les matérias sont de petits orbes que le joueur place sur les armes et armures, conférant certaines magies (soin, feu, foudre, etc.) ou d’autres avantages. Trouver le bon équilibre entre attaque et défense est très important, et l’aspect stratégique est là encore sublimé. Final Fantasy VII Remake donne vraiment la liberté au joueur de gagner avec sa propre stratégie. L’obtention de nouvelles armes permet aux héros d’acquérir de nouvelles capacités offensives. Celles-ci sont un vrai plus car elles n’existait pas dans Final Fantasy VII : ce sont de nouvelles capacités très classes à utiliser en plus de la magie traditionnelle. Le gameplay d’Aeris est par exemple totalement renouvelé grâce à ça, puisqu’elle peut être jouée de manière plus offensive.
Bien qu’on puisse être très satisfait du gameplay de Final Fantasy VII Remake, certains aspects pourraient être revus. En normal, les ennemis sont suffisamment forts pour procurer de bonnes sensations de jeu. Ceci dit, c’est un peu moins agréable dans le dernier chapitre, où les ennemis deviennent tout d’un coup bien plus puissants et plus agressifs. Le pire, c’est qu’il faut recommencer tout le chapitre du début si on perd! Cela amène à quelques réserves sur le système ATB : si celui-ci est parfait pour l’attaque, il est très désavantageux lorsqu’on tente de prendre une position défensive. Clairement, la barre ATB est trop lente par défaut, sans compter que les ennemis jouent beaucoup plus vite que dans le Final Fantasy VII original. Il est parfois tout simplement impossible de revenir dans la partie quand votre équipe est affaiblie… Le jeu vous laisse rejouer le chapitre de votre choix (avec un gain d’expérience doublé) après les crédits de fin. Sympa, mais on en aurait clairement eu besoin à la fin du chapitre 17.
L’autre aspect assez raté concerne les invocations. Comme dans tout Final Fantasy, vous pouvez faire appel a de puissantes créatures pour vous aider en combat. Seulement voilà, leur utilisation est extrêmement limitée dans Final Fantasy VII Remake, si bien qu’on ne les voit… pas très souvent. Una faute en regard à l’histoire de la série, où les invocations ont toujours été au premier plan.
Final Fantasy VII Remake est une renaissance fabuleuse. SquareEnix pour reste fidèle à l’original tout en le modernisant de la plus belle des manières. Le remake est à la hauteur des ambitions par la richesse de son gameplay, de son histoire, de ses personnages tout au long des 50 ou 60 heures de jeu. Il y a certes quelques déceptions, comme le fait que Rouge XIII ne soit pas jouable, mais l’ensemble est tellement grandiose qu’on ne fera guère attention à ces détails.
Final Fantasy VII Remake
Editeur/Développeur : SquareEnix
Genre : Jeu de rôles
Modes : 1 joueur
Sortie en France : 10 avril 2020
Machine : Playstation 4
