« Ils m’entraînent au bout de la nuit, les démons de minuit » qui n’a jamais fredonné le refrain de l’indémodable « Nuit de folie » ? Un classique populaire des années 80 dont s’empare le rappeur Jul sur son nouveau hit « Folie ». Une relecture 2.0 aussi audacieuse qu’inattendue. Un processus pourtant de plus en plus courant dans le milieu de la musique urbaine actuelle.
Une adaptation 2.0
« La machine » c’est le titre du vingtième album de Jul attendu le 19 juin prochain. Un chanteur dont l’hyper-productivité divise, mais pourtant qui réjouit son public en signant des tubes à la pelle. Un roi du streaming cumulant des millions d’écoutes et ventes en ligne. Sa dernière idée en date : faire danser les foules au son de son nouveau hit « Folie» adapté du cultissime « Nuit de folie » du groupe Début de Soirée. Plus de 30 ans après, le marseillais s’approprie ce succès sorti en 1989 en conservant la mélodie d’origine mais cette fois remixée effet robot. Tout en faisant table ras du texte d’origine pour n’en garder que la rythmique entêtante de l’interprétation.
« Et j’les choque, choque, choque depuis toutes ces années, Et je danse, danse, danse dans l’Audi reprogrammée » clame-t-il en réponse à ses nombreux détracteurs. Livrant là des paroles introspectives sur sa carrière fulgurante. « J’me suis fait tout seul, j’ai tout assumé tout seul » lance le chanteur indépendant, produit par le label D’or et platine qu’il a lui-même fondé après son troisième album pour plus de liberté.
Voilà qui devrait ambiancer petits et grands cet été.
Une vie de star
Même lifting pour le clip de « Folie ». Exit William Picard et Sacha Goëller en costumes colorés et leurs copines danseuses sur fond de décor estival. Place désormais à un Jul guidant le public au plus près de sa vie de star. Un rappeur fatigué qui se remet d’un lendemain difficile avant de prendre place dans sa voiture de sport. Direction le studio d’enregistrement, puis la boîte de nuit pour un show enflammé au milieu d’une foule en délire, entre cries et et selfies. Une vie de rêve pour certains mais au fond si illusoire.
Quand la musique urbaine revisite la variété française
S’emparer de grands classiques de la chanson française pour en faire des hits modernes, une tendance de plus en plus à la mode chez les rappeurs.
Déjà utilisée par Jul lorsqu’il accompagnait son camarade Heuss l’Enfoiré sur l’entêtant « Moulaga » inspiré du légendaire « Donnez moi » d’Enrico Macias. Faire du neuf avec de l’ancien, une nouvelle vague qui semble plaire au public. En témoigne « Angela » single du jeune Hatik révélé dans la série « Validé », actuellement numéro 1 sur toutes les plateformes d’écoutes en streaming. Un morceau brûlant au refrain familier contenant un sample d’une chanson du même nom de Saian Supa Crew sortie en 1999.
Un tube qui déjà avait inspiré le jeune Dabs et son complice Maes pour leur featuring «Tes rêves ».
Même recette et même succès pour Vegedream et Ninho qui ont malicieusement utilisé un extrait du mythique « Vois sur ton chemin » des Choristes au sein de « Elle est bonne sa mère » devenu l’un des tubes de l’été dernier. Mais aussi pour Gradur aidé par Heuss l’Enfoiré ayant repris l’air de « Blue » d’Eiffel 65 sur « Ne reviens pas » chanson la plus écoutée du nouvel an 2020.
De son côté Soolking a rendu un hommage à sa manière à « Dalida » en donnant son prénom à l’une de ses chansons au refrain emprunté au légendaire « Paroles…Paroles » de la chanteuse. Quant à Naza il s’est amusé à détourner plusieurs comptines pour enfants dans « Souris Verte ».
Déjà bien avant eux Booba avait donné le tir en 2006 avec « Pitbull » reprenant la mélodie de l’une des chansons préférées des français « Mistral Gagnant » de Renaud. Quand Youssoupha remixait « La foule » d’Edith Piaf lors d’un featuring endiablé avec Sams en 2010.
Une manière ingénieuse de faire des nouveaux hits intemporels, faisant le bonheur des nostalgiques et fédérant par la même occasion un tout autre public.
DROUIN ALICIA