Ça se décante enfin du côté de l’industrie musicale. Après la réouverture des disquaires et usines de fabrication de disques c’est le retour tant attendu des nouveautés côté albums. Pas une minute de plus à perdre pour le trio L.E.J qui n’attendait que le passage au feu vert pour proposer au public son nouvel opus « Pas peur ». Un projet rempli de fraîcheur.
Amour et maturité
C’est bien connu pour un artiste le troisième album est souvent celui de la maturité. De la prise de risque aussi parfois et du renouveau. Une règle à laquelle L.E.J ne déroge pas avec « Pas peur » son nouvel essai fraîchement dévoilé. La seconde galette de chansons originales du groupe après « Poupées russes » sorti en 2018, sur lequel il avait beaucoup à raconter, parfois avec engagement.
Deux ans après Lucie, Elisa et Juliette changent la donne et se risquent cette fois à plus de légèreté.
Un challenge audacieux, mais nécessaire pour rester cohérentes avec leur état d’esprit actuel. Des jeunes femmes qui ont pris du galon et se sentent prêtes à sortir de leur zone de confort. Un nouvel élan un peu plus mûr mais pas moins libérateur. Les reines du mashup se veulent moins sombres, plus spontanées. Conservant tout de même aussi leurs ingrédients phares que sont leurs mélodieuses harmonies vocales mêlées aux accords de violoncelles en association à leur plume agile.
Un tournant palpable dés le démarrage de l’album avec « C’est pas parce que ». Un peu plus de trois minutes de réflexion sur la vie et ses apparences, sur fond de sonorités vaporeuses résonnant comme un écho envoutant.
Un virage déjà amorcé avec le single « Pas l’time » libéré l’an dernier. Un hit électrique, sur lequel les L.E.J accélèrent la cadence, laissant exploser leur flow comme pour mieux clamer leurs désirs.
Autre revirement avec le délicat et langoureux « Tango ». Un morceau passionnel au même titre que le sensuel « Envie d’elle ».
Plus osé encore « Dentelle » dans lequel Juliette la violoncelliste du groupe laisse entendre sa voix si rare pour parler prostitution à l’unissons avec ses copines.
L’amour sous toutes ces coutures au coeur aussi du mélodieux « Encore » rythmé par des harmonies vocales imparables ou encore de « Mots noirs » sur les querelles de couple. Plus léger dans « Tous les deux » le trio joue sur l’alternance de hauts et bas dans une relation. Évoquant aussi les non-dits souvent parasites avec dynamisme dans l’entêtant « Tout se dire ».
Des femmes fortes et indépendantes qui savent aussi baisser la garde et se confier à coeur ouvert à leur moitié. En témoigne le très réussi « Pas peur » clôturant magnifiquement cet album du même nom. Une pépite épurée au texte poignant, sortant totalement du lot. « J’ai pas peur d’la maladie, plus peur d’mes premières fois, mais putain qu’est ce que j’ai peur que tu puisses vivre sans moi » clament les demoiselles bercées par l’écho des notes de violoncelle.
Des collaborations entre amis
Si dans « Seule » les L.E.J causent solitude, de leur côté elles semblent bien entourées pour cette nouvelle ère. Un sentiment d’abandon sur lequel elles reviennent avec le jeune Kemmler sur le titre « La vie n’est qu’un je ». Une ballade mélancolique au jeu de mots symbolique. Un artiste avec qui elles ont tissé un lien étroit, ce dernier ayant même fait appel la voix d’Elisa pour les choeurs de son morceau « Confinez moi avec elle » né en pleine phase de confinement.
Des collaborations choisies pour mettre en lumière des révélations en qui elles voient de réels espoirs. À commencer par la jeune rappeuse Chilla présente sur le titre «Toucher Couler », mais aussi le petit prodige de l’électro Fakear à qui elles doivent le mix aérien qui les accompagne sur « Paris en hiver ».
Des amis du métier aussi là pour les bousculer un peu plus vers de nouveaux horizons et parfaire leur culture urbaine.
C’est le cas du poignant « Milliards de roses » en featuring avec un taulier du métier Youssoupha habitué à prendre par la main des jeunes talents.
Au sein du projet aussi « Tu es » avec le duo Big Flo & Oli. Un futur tube en devenir dépeignant une histoire d’amour conflictuelle. Une collaboration attendue, presque logique avec les deux frères fervents supporters du trio depuis ses premières vidéos qu’ils partageaient. Une bonne manière de boucler la boucle.
En bref, avec « Pas peur » L.E.J parvient à surprendre sans pour autant dérouter le public. Livrant un projet pop urbain saillant et singulier qui respire la liberté et l’authenticité.
Coups de coeur : Pas l’time / Tous les deux / Pas peur
DROUIN ALICIA
