A l’occasion du Festival Jazzkiff, le musicien Ray Lema publie un album de rumba congolaise qui rend hommage au célèbre compositeur Franco Luambo. Une relecture très groovy qui modernise à merveille ce genre musical et le remet au goût du jour !
Hommage au compositeur Franco
Originaire du Congo RDC, le musicien Ray Lema est né dans les années 50. De son vrai nom Raymond Lema A’nsi Nzinga, il revisite à l’occasion du 13e festival Jazzkiff de Kinshasa , les plus grands classiques du compositeur congolais Franco Luambo.
Son hommage nous ramène à l’âge d’or de la rumba congolaise, rythmé par la fameuse guitare seben qui a souvent tendance à s’enflammer pour donner au public ce qu’il est venu chercher, à savoir un story-telling submergé d’ambiances électriques et conviviales.
La rumba congolaise
Très peu savent que la rumba est née en 1800 dans les milieux afro-cubains de La Havane et qu’elle a connu son apogée au Congo dans les années 1920. Au fil du temps, elle a évolué mais demeure le métronome de nombreuses musiques africaines contemporaines tel que l’Afro Pop ou l’Afro Fusion.
Grace à ses sonorités rythmées et dansantes, la rumba congolaise s’est déployée sur tout le continent africain mais aussi à l’international. C’est une musique qui reflète les mœurs de sa société car elle a su conserver son aspect authentique et naturel.
Fortement influencée par les chants exécutés lors de rituels traditionnels et cérémonies religieuses, la rumba est aujourd’hui inscrite au patrimoine national de l’humanité.
Ray Lema revisite la rumba de Franco Luambo
Le genre de la rumba a su parfaitement voyager à travers le temps, mais selon l’instrumentiste Ray Lema, il fallait lui donner une nouvelle inspiration, plus actuelle. Grâce à sa maitrise du jazz et de l’écriture musicale, il a donc choisi de donner une seconde vie à la rumba, beaucoup plus technique, en lui attribuant un visage « occidentalisé ».
Dans son nouvel album “On entre KO, on sort OK“, divers instruments à cuivre apparaissent tels que le saxophone, la trompette ou encore le trombone. Le piano joue aussi un rôle de lead car il sert de pont entre cette chaleur qu’apporte le chant et l’orchestre, il reprend des morceaux phares tels que « Mario » ou « Kinsiona » et apporte cette touche Jazz.
Un « album-mémoire » pétrie de liberté et d’improvisations
A cause du tsunami créé par les tendances musicales actuelles, cet album aura peut-être du mal à se répandre en Afrique centrale où seuls les amoureux, ceux qui sont restés nostalgiques de cette époque risquent de se remémorer des souvenirs anciens.
Il est évident que de nos jours il est devenu difficile de proposer aux jeunes auditeurs des morceaux aussi longs (7 min en général) car c’est l’une des caractéristiques de ce courant.
Par respect pour Franco, la majorité des morceaux ont conservés leur timing, néanmoins il y a un énorme travail de la part de Ray Lema et de son orchestre sur les arrangements.
L’un des objectifs de cet opus est de sauvegarder une trace écrite, car la rumba n’est pas une mélodie qui s’écrit. Elle se ressent, se vit, et se nourrit d’improvisations, comme on peut l’entendre dans le premier morceau « Luvumbu ndoki » ou « Liberté ». Les artistes ont donc la possibilité de prendre les devants et de s’exprimer aux yeux de tous individuellement. La franchise et la souplesse de Franco se mélangent parfaitement avec la polyvalence et l’expertise de celui qu’on pourrait appeler « Mwana Mboka » (l’enfant du pays). En d’autres termes cet hommage permet de rendre fier les pères fondateurs et de se dire que chaque forme musicale évolue avec son temps.
Ray Lema : JazzKif Kinshasa « on entre KO, on sort OK »
Hommage à Franco Luambo, fondateur du TP OK Jazz
Album enregistré au JazzKif de Kinshasa
Sortie en Vinyle & CD le 19 juin 2020
Pour en savoir plus sur Ray Lema : consultez son site
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Photos: ©Thomas Freteur