« Ça y est j’accouche enfin de mon deuxième bébé ! » c’est désormais soulagée que Hoshi a libéré son second opus « Sommeil Levant » initialement prévu en mars dernier en pleine phase de confinement. Un projet qui lui tient tant à coeur pour son grand engagement. Un disque sur lequel la chanteuse alerte tout en se confiant sur ses blessures profondes. Chronique musicale d’un album pop rock profond et militant.
Une combattante du monde d’aujourd’hui
Elle est de cette nouvelle vague d’artistes qui osent casser les codes. Une audacieuse, souvent cash qui profite de son exposition pour clamer haut et fort ce qu’elle a sur le coeur avec franchise et passion. Une voix d’un monde en déclin qui avertit dans « Marche ou rêve » invitant au passage la nouvelle génération à garder la tête haute coûte que coûte.
Pointant du doigt aussi les dérives économiques dans « Bluff ». L’argent plutôt que le bien être humain, une pratique que la chanteuse regrette. « Juste pour des dollars, bluff, rien ne va plus » clame Hoshi avec conviction comparant le capitalisme à un jeu de Casino.
Adressant aussi un message écolo dans « Enfants du danger ». « Il nous faudra des masques, mais pas pour s’déguiser » tomme-t-elle avec son grain de voix si particulier en alertant sur le dérèglement climatique. Des mots forts écrits l’été dernier qu’elle ne pensait pas devenir autant d’actualité.
Plus poignant encore « Coule Mascara » sur lequel l’artiste baisse la garde pour revenir sur la douloureuse épreuve commune des attentats du 13 novembre 2015.
Une jeune femme aussi qui sait se servir de sa propre expérience pour batailler. À l’image de l’efficace « Amour censure » lancé comme lead-single de l’album. Un véritable hymne punchi anti-homophobie. Plus qu’un sujet de société concernant, une évidence pour la jeune femme qui assume pleinement son orientation sentimentale. Un choix pourtant qui lui a déjà valu une agression et encore aujourd’hui de nombreux propos haineux. « Est ce qu’on va un jour en finir, avec la haine et les injures, est ce que quelqu’un viendra leur dire, qu’on s’aime et que c’est pas impur » manifeste-t-elle tel en réponse aux opposants LGBT au sein de ce titre libérateur aussi engagé que personnel.
Blessures et quête de soi
Hoshi, derrière ces cinq lettres se cachent Mathilde Gerner, 23 ans encore en plein développement. Une jeune femme qui n’oublie pas d’ou elle vient, rendant hommage à ses racines avec mélancolie au cours d’une ballade vibrante. Intitulée « SQY » pour Saint Quentin en Yvelines, elle y revient sur l’endroit ou elle a grandi, parfois en passant par des étapes complexes. Une personnalité évoluant loin des strass et paillettes. Témoignant même de son ressenti sur l’envers du décor de la vie d’artiste dans « Sommeil Levant». Un morceau intime sur ce mal être intérieur qui la ronge encore aujourd’hui.
Des fêlures pas si lointaines qu’elle réouvre dans le profond « Médicament » évoquant sa dépression.
N’hésitant pas à se montrer plus vulnérable même dans la ballade « Fais moi signe » abordant ses problèmes d’audition. Une mise à nu qui lui va bien et qui la rend plus attendrissante.
Une dure au coeur tendre donc, qui sait trouver les mots qu’il faut pour parler sentiments. Se glissant dans la peau d’un être à la dérive après une déception amoureuse dans « Bouche de métro ». Une ritournelle épurée en piano voix totalement poignante. Se jouant aussi des adeptes d’histoires éphémères dans « Migracoeur » porté par un élégant jeu de mots. « Les pour toujours c’était avant » regrette-t-elle aussi sur fond de pop colorée au sein de l’entêtant « Ita Vita ». Ouvrant encore plus grand son coeur à sa moitié dans « La plus belle partie de moi ».
Une écorchée vive qui a fait de la musique son remède le plus précieux. Une amoureuse de la scène là pour se faire entendre. Faire lever les foules aussi et célébrer la vie, une mission qu’elle n’aura pas de mal à accomplir avec le pop dansant « Larmes de croco » partagé avec Corine.
En bref, « Sommeil Levant » est à l’image de Hoshi. Un album qui derrière son caractère audacieux cache des confidences profondes et authentiques. Un savant mélange invitant à réagir mais aussi faire réfléchir pour mieux se construire.
Coups de coeur : Amour censure / Bouche de métro
DROUIN ALICIA