La première vague du Covid-19 a frappé le Japon en avril, où l’état d’urgence est déclaré le 7 du même mois. Les développeurs bousculés par le télétravail soudain ont dû reporter leurs titres, hormis Monolith Software qui peut mettre sur le marché un remaster de Xenoblade Chronicles déjà achevé.
Xenoblade Chronicles Definitive Edition sort donc au Japon sans encombres sur Switch fin mai. La licence est stable sur le plan commercial, avec environ 90’000 exemplaires physiques écoulés la semaine de sortie, soit autant que Xenoblade Chronicles 2 fin 2017. Pas assez en revanche pour détrôner Animal Crossing New Horizons, toujours en haut de l’affiche.
Destins croisés sur Switch
C’est en occident que sa performance est plus inégale : si l’exclusivité Switch décroche une jolie première place outre-Manche, il n’est que 14e dans l’important classement américain fourni par l’organisme NPD. Si l’on peut penser que l’absence des ventes dématérialisées (que Nintendo refuse obstinément de communiquer) lui est particulièrement défavorable dans le contexte sanitaire toujours tendu aux Etats-Unis, il est loin derrière des titres sortis longtemps avant lui. C’est une petite déconvenue pour ce JRPG pourtant adulé, et à juste titre, dans sa version originale.
Mais Xenoblade Chronicles a causé quelques dommages collatéraux. En effet, Bioshock Collection comme Bordelands Collection sortent en même temps que le titre de Monolith et de ce fait ne captent pas du tout l’attention des possesseurs de la machine. Bordelands Collection n’est que 18e du top britannique et Bioshock Collection 22e! L’éditeur 2K Games rate magistralement sa semaine et rajoute encore au blues des éditeurs tiers sur la console de Nintendo.
L’intégration Chine-Japon continue dans le jeu vidéo
Le dragon chinois menacerait-il l’Empire japonais du jeu vidéo? Toujours est-il qu’après Platinum Games, c’est maintenant l’éditeur Marvelous qui se laisse grignoter quelques fonds propres par la puissance société Tecent. Avec 20% des parts, Tecent devient le premier actionnaire de la firme japonaise. Même si les effets de cette opération sont encore à déterminer, Marvelous peut utiliser les quelques 60 millions d’euros pour renforcer ses développements internes, largement inconnus pour le moment.
L’industrie du jeu vidéo en soutien des mouvements populaires
Enfin, impossible d’ignorer le volet économique du mouvement Black Lives Matter. De nombreuses sociétés du monde du gaming ont pris parti pour la tolérance et pour les manifestants, faisant au passage des donations conséquentes : Bethesda et SquareEnix mobilisent par exemple 250’000$, la Pokémon Company 200’000$ en deux tranches, et Electronic Arts carrément un million!
Mais c’est peut-être Sony qui s’est fait le plus favorablement remarquer en repoussant la présentation, ultra-attendue, de la Playstation 5. Dans ce moment de deuil national intense, l’élégance du geste fut appréciée, en particulier sur les réseaux sociaux. Carton rouge en revanche pour Nintendo, qui a réagi très tardivement, probablement suite aux atermoiements de la direction japonaise, traditionaliste et qui laisse peu d’autonomie à ses filiales occidentales.