Clap de fin pour France Ô. Hier, la chaîne de France Télévisions consacrée à la diversité culturelle et à la France d’outre-mer, vivait ses dernières heures d’existence. Un peu après minuit, les lumières du canal 19 de la TNT se sont assombries après 15 ans d’existence. Avec pour palier à ce manque, la mise en place de nouveaux alternatifs au sein du groupe de service public.
Un Ô revoir
Sur la sellette depuis deux ans déjà pour cause de réforme de l’audiovisuel public et malgré la promesse d’Emmanuel Macron, l’instant fatidique a sonné pour France Ô. Une chaîne qui n’émet officiellement plus de programme depuis 00h50. La raison principale : son audience trop confidentielle (environ 0,4 % de part de marché) insuffisante face à son coût de fonctionnement. Pour clôturer dignement cette belle aventure, le successeur de RFO Sat proposait ce dimanche une édition spéciale rythmée par de nombreux documentaires emblématiques de son histoire. Avec également des rendez-vous infos en hommage à ses belles années, pour finir par la rediffusion du concert festif « L’Outre mer fait son Olympia 2019 ». Et dés l’arrêt du générique une bande annonce de trente secondes en guise de dernier au revoir et la promesse de nouveaux horizons. Désormais c’est une boucle d’images qui a pris le relais, le temps de patienter jusqu’à l’extinction définitive des feux attendue le 31 août prochain.
L’Outre-mer toujours représentée ?
« Une page se tourne, nous rendons l’antenne mais ce n’est pas la fin » écrivait hier le community manager de la chaîne. Un au revoir mais pas d’Adieu pour France Ô dont la double mission était de promouvoir la diversité culturelle et de représenter les territoires d’outre-mer en métropole. Une formidable vitrine et valorisation de nos Dom-Tom que le service public se doit de continuer à honorer. Pour poursuivre cette belle mission, France Télévisions s’est engagé en signant un « pacte de visibilité ». Le but de cette démarche : « garantir durablement la présence des outre-mer au centre de l’offre de l’audiovisuel public ». Pour y parvenir, le gouvernement a demandé au Groupe de muscler ses contenus ultramarins au sein de ses grandes soeurs. Une présence aussi renforcée en juin dernier par la création d’une nouvelle plateforme numérique baptisée « Outremer la 1re ». Un portail accessible à tous, principalement axé sur l’information. Un grand direct permanent à la fois contributif et interactif auquel viennent se greffer des documentaires, podcasts mais aussi fictions et spectacles. Une façon plus moderne et moins couteuse de conserver ce lien.
Si à l’heure actuelle le sort du canal 19 est pour le moment incertain, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) s’apprête à lancer une consultation publique vouée à «recueillir l’avis de l’ensemble des acteurs intéressés sur les évolutions envisageables de la numérotation des chaînes et la TNT en métropole et Outre-mer ».
De leur côté les employés eux seront reclassés au sein de France Télévisions grâce au soutien des téléspectateurs certes intimistes mais très assidus et investis.
Une solution discutée
Si sur le papier tout semble donc en ordre, les défenseurs de France Ô n’ont pas dit leur dernier mot. Des personnalités et anonymes impliqués qui ont clamé leur soutien en signant une pétition lancée par le collectif « Sauvons France Ô ». Remettant en cause ce pacte insuffisant pour les représentants d’outre-mer. « ça paraît une idée intelligente et intéressante, mais dans la pratique ça ne fonctionne pas » regrette Olivier Serva, député LREM de Guadeloupe et président de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée Nationale. Pas convaincu non plus par la date de fin choisie par le gouvernement pour couper le signal de la chaîne. Le 23 août étant la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Reste à France TV à faire ses preuves sur la durée et convaincre ces derniers réfractaires, mais surtout valoriser dignement ses territoires grâce auxquels « le soleil ne se couche jamais sur la France ».
DROUIN ALICIA