Les diffuseurs français ne manquent jamais de théâtralité quand il s’agit de parler de leurs acquisitions. Mais quand vient la sortie du film Goblin Slayer, il n’y a plus personne… Goblin Slayer Goblin’s Crown, long-métrage hautement attendu qui fait suite à la superbe série de Wakanim, n’est pas disponible légalement en France bien qu’il le soit dans les pays anglo-saxons. Situation ubuesque dans laquelle il faut se rabattre sur le blu-ray japonais afin de pouvoir en parler.
Dans la chronologie de Goblin Slayer, Goblin’s Crown se situe au niveau du roman n°5 et du manga tome 9. Le héros en armure est informé par la Prêtresse à l’Epée qu’une jeune aristocrate a été portée disparue lors d’une mission d’éradication de gobelins. Ne laissant parler que sa haine pour ces créatures vertes qui l’ont fait tant souffrir, Goblin Slayer part à la recherche de la demoiselle, à la laquelle on fera référence par le titre de “Noble Epéiste”. En effet et aussi étrange que cela puisse paraître, les personnages n’ont pas de nom dans Goblin Slayer, c’est même devenu une marque de fabrique de la série.
Au risque de tuer le suspense, on va dire tout de suite que non, le compte n’y est pas vraiment… Une petite heure de film, même avec les meilleures intentions du monde, ne peut pas résumer efficacement un light novel de 300 pages. Pour vous donner une idée, le tome 9 du manga (185 pages) est expédié en 18 minutes! En un mot comme en cent, la narration va beaucoup trop vite et ne laisse pas le temps d’apprécier l’évolution, l’état d’esprit des personnages, et encore moins les combats. Pire, il y a tellement de scènes omises que scénaristiquement, certains passages ne sont même plus cohérents. Et pour un film d’une heure, il y a vraiment beaucoup de temps mort…
Parlons-en, des combats. Car on est là très en-dessous de la qualité à laquelle nous avait habitué la série animée. Comme on l’a dit, ça va trop vite : tout le génie de l’anime était de varier le tempo dans des batailles de longue haleine aux nombreux rebondissements. Rien de tel ici, avec de rares et brèves séquences à sens unique. Même la légendaire tactique du Goblin Slayer a bien peu l’occasion de s’exprimer. Question qualité visuelle, c’est carrément moins impressionnant qu’avant, faute de réalisation audacieuse. Un peu plus d’inventivité, un peu plus d’effets spéciaux auraient pu sauver cette partie du film.
Concernant Noble Epéiste, son rôle comme son développement en tant que personnage sont assez décevants. Même si le romancier est certainement plus à blâmer que le réalisateur ici, la jeune fille est crédible dans la souffrance qu’elle endure mais pas dans la contre-attaque : trop peu présente, trop tard, trop timidement, elle ne vient pas combler le vide laissé par des héros incroyablement effacés. On reste également interdit par le niveau de censure, stupéfiant pour un blu-ray à 6000 yens. La violence et les sensations fortes font partie de l’ADN de la licence, il est donc ridicule de faire le service minimum dans un grand rendez-vous cinématographique.
Goblin Slayer Goblin’s Crown est donc, au grand désespoir des fans, une assez nette déception. Trop court, trop timoré, il est très loin du niveau d’investissement que l’on attend pour un film tiré d’un light novel de ce calibre. L’absence de traduction française officielle apparaît donc moins “grave” à la lumière de ce visionnage. L’unique espoir des mordus de Goblin Slayer repose maintenant sur une éventuelle saison 2 qui retrouverait le niveau de qualité de la première.
Goblin Slayer Goblin’s Crown
Animation : WHITE FOX
Genre : Heroic fantasy
Sortie au Japon : 1er février 2020
