Une rentrée en « Plein soleil » c’est ce qu’offre Agustin Galiana avec son nouvel album fraîchement sorti. Un projet à son image, aussi solaire que dansant, reflétant aussi son admirable parcours artistique. Un véritable hommage pétillant à ses racines espagnoles et déclaration d’affection à sa terre d’accueil francophone. Chronique musicale.
Une cure de rayons lumineux
C’est un disque qui sent bon le sable chaud. Une galette idéale pour prolonger l’ambiance estivale et l’effet bénéfique des vacances. Une mission taillée sur-mesure pour Agustin Galiana, proposant comme sur son premier essai en français, un album qui lui ressemble. Evident donc pour le bel espagnol de miser sur des sonorités latines et chaleureuses. Déjà en juillet dernier le chanteur annonçait la couleur en lançant cette nouvelle ère avec le single « Por que te vas ». Une reprise moderne et dansante du tube mythique de Jeanette. Un état d’esprit dynamique et léger, fil conducteur de « Plein soleil ». Au sein de sa setlist, 11 classiques musicaux revisités (13 sur l’édition limitée) et tout autant de bouffées d’air frais. Des hits lumineux, totalement dépaysants. Et ça commence dés les premières notes de « Duel au soleil ». Un chant traditionnel ibérique, réinventé par l’artiste sauce franco-espagnole. Une belle entrée en matière à l’effet berçant.
C’est revigoré qu’on enchaîne avec une reprise vitaminée de « L’amour à la plage ». Un hymne à l’été sur lequel plane comme un air d’insouciance. Un incontournable de Niagara qui prend une autre dimension avec sa rythmique cha-cha-cha. Un genre que l’artiste maîtrise aussi bien musicalement qu’avec son jeu de jambes adroit qui l’a conduit à la victoire de la saison 8 de « Danse avec les stars ». Un subtil clin d’oeil à cette expérience marquante de sa carrière. Pour prolonger les festivités des titres comme « J’veux du soleil », le lumineux « Viva la vida » mais aussi l’ hispanique « Mencanta » durant laquelle Agustin retranscrit parfaitement son amour pour celle qui est l’une de ses chansons préférées. Faire plaisir au public tout en prenant plaisir soi-même, c’est peut-être l’un des secrets de l’efficacité de l’opus.
Finesse et sobriété
Pas simplement un bel instant d’évasion, « Plein soleil » est aussi un projet personnel emprunt d’authenticité. Un livre ouvert durant lequel Agustin Galiana se raconte subtilement et sincèrement. En témoigne la présence d’un tube comme « La corrida » lourd de sens, écrit en faveur de la défense animale. Une cause qui tient à coeur à l’artiste au même titre que l’égalité des hommes. Une lutte contre le racisme mise en lumière dans l’emblématique « Le soleil donne ». Un classique repris avec délicatesse, démontrant là toute la force d’interprétation de l’acteur qui n’est jamais bien loin même derrière un micro. La preuve avec le doux « Piensa en mi » issu du film « Talons Aiguilles» de Pedro Almodovar, mêlant les deux facettes du chanteur et comédien. Une cadence ralentie présente aussi dans l’envoutant « Tuyo » porté par un fond de tango.
Un véritable touche à tout à l’aise aussi pour raconter des histoires avec simplicité. Nous transportant dans sa bulle sur le titre « Malamente », ou encore sur « La mer n’existe pas » choisi en hommage à la chanteuse Maurane. L’une des premières à lui avoir tendu la main à son arrivée à Paris, un geste qu’il n’oubliera jamais. Car oui, sept ans après avoir quitté sa terre natale d’Alicante, Agustin Galiana a tenu la distance. Un acharné parti de rien, qui a appris seul le français en se rendant régulièrement au cinéma dans la capitale. Confronté à l’époque aussi à la dure réalité du métier lui reprochant lors de ses premiers castings son accent trop prononcé.
Et quoi de mieux que le symbolique « Le sud » pour témoigner de ce beau parcours. Comme une évidence, il scelle cet album à mi-chemin entre un hommage à la culture méditerranéenne du chanteur et une déclaration d’amour francophone. Un espagnol jamais loin de ses racines, mais qui s’est parfaitement acclimaté à son pays d’adoption. Démontrant avec cette reprise magistrale, sa capacité à parler français couramment avec douceur, prenant le temps même de dompter son accent pourtant si craquant. Un beau pied de nez à ceux qui ne croyaient pas en lui et à l’artiste complet et épanoui qu’il est aujourd’hui.
Coups de coeur : La corrida / Le Sud / Piensa en Mi
DROUIN ALICIA