Pas seulement un outil de divertissement, le petit écran est aussi une bonne manière d’informer et d’aiguiser les consciences. Une mission que compte remplir amplement France 5 ce mardi. Avec une soirée évènement portée par « Tu deviendras hétéro, mon fils ». Un documentaire édifiant sur ces thérapies promettant de «réparer » l’orientation sexuelle d’individus.
Synopsis
On les appelle des thérapies de reconversion. Un fléau malfaisant trop souvent méconnu du grand public, qu’a décidé de dénoncer Caroline Benarrosh. Une journaliste-réalisatrice initiatrice du documentaire « Tu deviendras hétéro, mon fils ». Plus qu’une vaste simple enquête en immersion, une véritable mise en abîme d’une vision de l’Amérique, minoritaire mais dangereuse. Une investigation portée par le témoignage de trois jeunes hommes Lucas, Mathew et Jordan, en pleine reconstruction. Des âmes entaillées, passées par l’étape atroce de ces centres où l’homosexualité, considéré comme déviante est à bannir.
Une enquête qui fait froid dans le dos
Et si l’Enfer existait bel et bien sur Terre ? C’est en tout cas ce à quoi ressemble ces «thérapies » aux pratiques plus que douteuses, totalement inhumaines. Des camps qu’on ne souhaiterait même pas à son pire ennemi. « La mort était plus douce que d’être enfermé dans cette pièce » confie d’ailleurs Lucas Greenfields, l’un des visages phares du documentaire. Un homme qui a survécu au pire. Quatre mois en Alabama, à l’isolement total. Son terrain de souffrance : une minuscule pièce, sombre et vide, où il dormait à même le sol en diagonal pour éviter de toucher les murs. Un supplice qui hélas pour lui ne s’arrête pas là. Avec, la possibilité de ne manger qu’une seule fois par jour. Même rotation pour aller aux toilettes, et pas question de lui accorder une douche. Un quotidien plus terrifiant que la prison , auquel s’ajoutaient violences physiques et morales, mais aussi abus sexuels de la part des dirigeants de l’école. Des bourreaux qui avaient pour mission de changer son identité profonde. Une promesse absurde tenue aux familles des victimes, qui en plus d’être dangereuse s’avère totalement dévastatrice. Des centres d’humiliations, tenus en majeur partie par des communautés religieuses aux quatre coins des Etats-Unis. Avec à leur actif déjà, plus de 700 000 patients passées par là, dont la moitié de mineurs, contraints par leurs parents. Des drames humains qui ont touché aussi Mathew et Jordan, les deux autres sujets principaux du programme. Trois destins croisés, témoins de ces cures maudites. Ici c’est tout un système qui est pointé du doigt. Des psychothérapeutes, pasteurs partageant la haine de l’homosexualité. Proliférant leur intolérance sous prétexte de la Constitution et de la religion.
Des histoires parfaitement reflétées dans ce documentaire, solide basé sur un véritable travail d’investigation. Nul besoin d’images chocs, les propos utiles et concernants se suffisent à eux-mêmes. De quoi proposer aux téléspectateurs une heure de film, totalement bouleversante.
Un travail de reconstruction
Pas seulement un documentaire accablant, « Tu deviendras hétéro, mon fils » s’intéresse aussi aux différentes phases de reconstruction des victimes. Des personnalités passées par l’envie d’en finir avec la vie, par des moments de dégoûts, de doutes aussi, mais qui ont trouvé la force de se relever mais surtout de prendre le temps de se ré-apprivoiser. Savoir enfin qui ils sont réellement, s’accepter et ne plus se cacher.
On apprend par exemple que Lucas a repris les études, après avoir fuit de son dernier camps contre lequel il a courageusement témoigné au cours d’un procès enclenché par une autre famille.
De leur côté, Mathew et Jordan se confient aussi en toute intimité, avec authenticité et émotions. Tentant aussi d’exorciser peu à peu leurs vieux démons avec l’espoir de voir rapidement disparaître ces thérapies au fonctionnement glaçant. Un combat engagé dans l’ensemble des USA pour lever leur légalité existant dans une quarantaine d’états. Un cheminement entamé par Barack Obama, mais à l’heure actuelle un bras de fer encore plus tendu sous le gouvernement de Donald Trump où de nombreux proches politiques refusent de condamner de telles pratiques.
Tous concernés
Avec cette plongée au coeur de l’Amérique, Caroline Benarrosh prouve là l’envergure d’un tel phénomène. Un fléau qui pullule Outre-Atlantique, à l’image des histoires poignantes des trois protagonistes choisis par la réalisatrice, venant d’horizons différents. Ils ne viennent pas du même état, pas du même milieu social non plus ni religieux. Trois profils distincts, prouvant là l’étendu des dégâts. Une situation que l’on doit faire résonner en France. Un pays ou du chemin reste à faire en matière de droits LGBT, mais où surtout se cachent aussi des dérives de la sorte, secrètes et présentées sous une autre forme.
Pour faire avancer le combat, le documentaire sera suivi ce soir de l’émission de débats « Le monde en face » chaperonné par Marina Carrière D’Encausse. Avec en plateau une poignée d’invités évoquant ces pratiques qui pourraient être définitivement interdites en France si le projet de loi lancée en juin dernier est adopté.
DROUIN ALICIA
