Dans l’ombre des superproductions comme The Last of Us Part II, cet été a vu se dérouler un match un peu particulier. Sword Art Online Alicization Lycoris de BandaiNamco et Fairy Tail de KoeiTecmo, sortis à trois semaines d’intervalle, sont deux adaptations en jeux vidéo d’animés de renommée mondiale. Et à ce petit jeu-là, c’est très nettement Fairy Tail qui s’en sort le mieux.
Fairy Tail est un manga shônen célébrissime dans lequel des guildes de magiciens rivalisent les unes avec les autres pour le prestige, mais se vouent aussi à aider et protéger les autres. Cette histoire conte les aventures de la guilde éponyme Fairy Tail, représentée par le brûlant Natsu ou la très sexy Lucy. Pas de baguettes magiques dans le monde inventé par le mangaka Hiro Mashima, les mages peuvent invoquer les éléments l’envi. Natsu peut générer du feu avec tout son corps, Gray peut matérialiser n’importe quelle forme en glace, Juvia des torrents d’eau, etc.
L’univers de Fairy Tail est tellement immense du long de ses 63 volumes que le jeu développé par Gust ne pouvait pas caser toute la chronologie. Ce sont donc majoritairement deux grandes périodes de la narration qui font l’essentiel du jeu : le chapitre des Grands Jeux de la Magie et le chapitre Tartaros. Il reste tout même assez long, puisqu’on a là un jeu de rôle de quarante heures voire bien plus si l’on veut en percer tous les secrets.
Un univers retranscrit à la perfection…
Mais, et c’est peut-être là le plus important, ce sont quarante heures bien remplies qui vous attendent dans cette adaptation de Fairy Tail : tout a été fait pour qu’il n’y ait aucun temps mort, temps de chargement excessifs ou blabla interminable. En effet, le titre déroule avec vigueur toute la richesse narrative du manga et les nombreuses surprises du scénario. Il offre aussi régulièrement de belles séquences cinématiques, qui ne sont pas dans les habitudes de Gust mais qui rajoutent indéniablement au (grand) spectacle auquel on assiste.
Les Grands Jeux de la Magie et Tartaros sont deux excellents arcs narratifs remplis de bonnes idées comme des voyageurs temporels ou des combats d’arènes. Il y a des scènes d’euphorie à la joie communicative, des passages vraiment déchirants, des affrontements dantesques… Le rythme du jeu est incroyablement prenant, on ne s’ennuie pas un seul instant!
En termes de progression, le créateur d’Atelier nous a fait un jeu… à la Atelier! Comprenez par là qu’il y a une multitude de quêtes annexes à effectuer pour faire monter Fairy Tail dans le classement des guildes. Pas forcément toutes très intéressantes, il sera toujours question d’aller chercher un objet quelconque ou abattre quelques monstres dans de petits niveaux à l’architecture peu inspirée. C’est assez barbant mais ça a le mérite d’aller en général assez vite, et certaines sont un peu romancées. On peut aussi par cela améliorer les installations de la guilde (la boutique, le labo) pour gagner en puissance, ce qui fait des quêtes un passage obligé.
…et des combats carrément prenants
Pour le système de combat, Gust a repris là aussi la formule des anciens Atelier, à savoir un tour par tour classique mais efficace. Les personnages possèdent un certain nombre de capacités offensives dont la portée est indiqué par des cases. Les ennemis étant eux aussi placés sur des cases comme un morpion, le joueur choisit celle qui touchera le plus d’adversaires en fonction de la situation. Par ailleurs, les attaques peuvent provoquer beaucoup de changement de statut (force, défense ou vitesse augmentée, poison, etc.), ce qui donne un petit côté stratégique intéressant. Le jeu est en revanche assez simple, ce qui nous fait recommander le mode difficile pour en profiter au maximum.
L’autre force des combats de Fairy Tail est son grand nombre de personnages jouables : avec plus d’une douzaine de héros disponibles, tous parmi les stars du manga, il y a de quoi faire… Ce qui impressionne encore, c’est l’apogée technique et artistique atteinte par Gust dans cette adaptation. Les personnages ont tous des poses et des expressions rigolotes en combat, ainsi que des techniques spéciales à couper le souffle. La caméra est elle aussi très bien utilisée pour donner de l’énergie aux affrontements. Bref, Fairy Tail en jeu vidéo est plus authentique que jamais, et même peut-être plus que l’animé. Et ça, c’est un très grand tour de force accompli par le développeur. Dernière prouesse, la musique est plus qu’au rendez-vous dans les moments importants de l’histoire. Le thème des combats standards est assez basique, mais les combats de boss laisseront un souvenir impérissable à vos oreilles.
Même si les personnages sont modélisés avec soin, on regrettera tout de même que les décors et les villes restent aussi schématiques que dans un vieux jeu Atelier. Quant aux monstres à chasser, ce sont carrément les mêmes réimportés d’une trilogie Atelier précédente. Bref, pour la partie aventure, il faudra repasser… Petit bémol aussi sur l’épilogue : après les crédits de fin et la victoire dans le Tartaros, la narration continue mais passe beaucoup trop vite sur les évènements du manga. Sincèrement, mieux valait arrêter là que de conter l’histoire en hyper-accéléré, ce qui est complètement fade.
Fairy Tail est donc au final une adaptation hyper réussie sur le plan narratif comme sur le plan visuel. L’histoire, l’animation et le design respectent à fond l’esprit shônen. Malgré un certain manque de temps et de moyens, Gust et KoeiTecmo peuvent être fiers de proposer un jeu fidèle et qui transcende en bien des points le manga d’origine.
Fairy Tail
Editeur/développeur : KoeiTecmo/Gust
Genre : Jeu de rôles
Modes : Solo uniquement
Sortie France : 30 juillet 2020
