Malgré son succès, Final Fantasy XV a laissé des insatisfaits : fin brutale, exploration en trompe l’oeil, personnages sous-utilisés… Le contenu était plutôt maigre pour un épisode numéroté. Des chapitres téléchargeables devaient combler ce vide, mais comme SquareEnix ne fait rien correctement avec ce jeu, ils ont été annulés. Devant le manque évident que suppose ce retrait, l’éditeur a confié à l’écrivain Jun Eishima la lourde tâche de terminer Final Fantasy XV.
Le roman de quelques 400 pages traduit par Mana Books comprend quatre chapitres en apparence indépendants, mais qui se suivent en réalité parfaitement. Le premier conte le passé de Ardyn (principal antagoniste du jeu), les deux suivants sont un gros focus sur les héroïnes Lunafreya et Aranea, alors que l’ultime chapitre n’est ni plus ni moins que la vraie fin de Final Fantasy XV. En d’autres termes, ce petit ouvrage contient ce que des millions de fans de jeu de rôles japonais meurent d’envie de savoir depuis quatre ans.
Méchant paradoxal puisqu’il a suscité une certaine empathie parmi les joueurs, Ardyn trouve ici une véritable réhabilitation. L’évolution de son rôle est à la fois passionnante et naturelle dans ce livre. Son passé est très longuement abordé et nous apprend beaucoup sur l’envers du décor de l’univers d’Eos, la trajectoire politique de l’Empire notamment. Le futur alternatif d’Ardyn n’est pas moins fascinant, vu qu’il acquiert un tout nouveau rôle plus digne de sa stature.
Le chapitre de Lunafreya est de loin le plus intéressant puisqu’il corrige la plus grosse erreur de Final Fantasy XV : l’oracle donnée pour morte dans le jeu vidéo se réveille! Elle possède de plus un nouveau et terrible pouvoir! Ces quelques éléments sont suffisants pour renverser le postulat de départ et entamer la transformation canonique de Final Fantasy XV en véritable épisode principal de Final Fantasy. L’apparition de Sol comme compagnon de route de Lunafreya ajoute aussi pas mal d’humour pour se divertir entre les séquences d’action, ce qui encore une fois sied à un authentique Final Fantasy.
De l’action et de l’humour, il en est aussi question dans la partie consacrée à Aranea, la débonnaire commandante impériale. Les conversations entre elle et ses lieutenants Biggs et Wedge (deux personnages récurrents de la série) ne manquent pas de piquant et on se demande bien comment Final Fantasy XV a pu être crédible en l’absence de scènes aussi délicieuses. En revanche, passer d’un jeu triple A à du simple texte complique la donne au niveau des combats. Ceux-ci sont mal rythmés en plus d’être relativement confus : un affrontement majeur qui prendrait une demi-heure ou une heure dans un jeu de rôles ne peut décemment pas être raconté en trois paragraphes… Cette emphase donnée au personnage d’Aranea n’en reste pas moins extrêmement plaisante.
Le chapitre final, qui réunit tous les personnages et signe le retour de Noctis est nettement plus classique. Il a toutefois le mérite de donner une fin digne de ce nom à l’aventure de Final Fantasy XV, et d’invoquer un méchant pour le moins inattendu, dont l’identité pourra même choquer ceux que qui jouent à la série depuis 20 ans.
On ne peut que vivement conseiller Final Fantasy XV – The Dawn of the Future. Non seulement à tous ceux ont fini le jeu original, mais aussi à ceux qui n’y aurait pas joué mais qui restent intéressés par l’univers du titre. Le vrai début et la vrai fin d’un grand jeu de rôles japonais, ce n’est pas rien. Il est toutefois regrettable que ce contenu ne voie pas le jour en jeu vidéo : un Final Fantasy XV retardé pour inclure tous ces éléments aurait juste été formidable.
Final Fantasy XV – The Dawn of the New World
Editeur : Mana Books
Genre : Aventure, heroic fantasy
Sortie en France : 3 septembre 2020