Le nouveau film de Thomas Vinterberg vous invite à l’ivresse et au lâcher-prise
Selon le psychologue norvégien Finn Skårderud, l’homme souffrirait d’un déficit d’alcool dans le sang de 0,5 g par litre. Afin de pallier à cette lacune, quatre enseignants en pleine crise de la quarantaine décident de vérifier cette théorie. Même si leur quotidien commence à s’embellir grâce à l’ivresse, les effets secondaires ne tardent pas à se faire sentir…
Boire pour être enfin libre !
C’est donc l’histoire de quatre profs de lycée qui décident de boire de l’alcool pendant leurs cours pour être plus détendus. Au sein de ce quatuor détonnant, on trouve un chef de chorale, un entraîneur sportif, un enseignant en psychologie et un historien.
Durant cette « thérapie » menée au nom de la science, ces drôles de drilles doivent s’observer attentivement et noter chacune de leurs réactions. Très vite, le miracle s’accomplit : sous l’emprise de vodka et d’autres spiritueux, leur timidité s’enfuie, la fatigue se transforme en créativité, l’ennui disparaît et la joie de vivre prend le dessus.
Complètement désinhibés, on les voit retrouver l’insouciance de leur jeunesse et mettre enfin de côté toutes leurs responsabilités familiales ou professionnelles. Au fil de ces cuites pseudo-scientifiques, nos quatre larrons vont cependant se sentir si heureux qu’ils vont vouloir pousser l’expérience en augmentant les doses : grisés par cette bouffée d’énergie et de liberté, certains vont, hélas, basculer dans le fond du verre…
Un film enivrant
Après La chasse, La communauté et Loin de la foule déchaînée, le cinéaste danois Thomas Vinterberg revient donc sur les écrans avec une nouvelle merveille : Drunk est un film enivrant dans tous les sens du terme. À la fois réussi sur le plan esthétique et émotionnel, il nous fait passer par des phases d’euphorie et de rire puis nous entraine avec subtilité dans des parenthèses feutrées et mélancoliques.
À travers ce portrait réaliste de la société scandinave, Thomas Vinterberg n’encense pas plus l’alcool qu’il ne le critique, il propose juste un constat bienveillant et plutôt optimiste sur ce besoin récurant de paradis artificiels. Par-delà les beuveries et les gueules de bois de ses protagonistes, le cinéaste explore avec beaucoup de bon sens et de lucidité le questionnement existentialiste de ses contemporains et nous invite davantage au lâcher prise qu’a l’ivresse.
Mads Mikkelsen, magnétique
Avec sa camera intrusive et hyper dynamique, Thomas Vinterberg capture de très beaux moments de joie et d’amitié. Laissant ses comédiens éméchés se perdre dans le doute ou la folie douce, il leur permet d’explorer tous les registres : Magnus Millang nous offre la bonhomie, Thomas Bo Larsen la névrose, Lars Ranthe la poésie, quant à Mads Mikkelsen (le sombre Martin), il nous hypnotise à travers les failles et la sensibilité de son personnage. Quel que soit son rôle, cet acteur possède un tel charisme que même en ivrogne frôlant la cinquantaine, il perce encore l’écran. Ceux qui savent que Mads a été danseur auront d’ailleurs du mal à attendre la fin du film pour le voir à l’œuvre, d’autant plus que la bande son de Drunk est irrésistible !
Boire ou ne pas boire, telle est la question de Drunk ? Disons que ce film est surtout une incitation à profiter de la vie et à ne pas tomber dans la monotonie du temps qui passe.
Drunk ? A consommer sans modération !.
Florence Gopikian Yérémian
Drunk
De Thomas Vinterberg
Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe, Maria Bonnevie, Susse Wold, Helene Reingaard Neumann
Sortie le 14 octobre 2020
Sélection Cannes 2020