Hors de question pour Bilal Hassani de baisser les bras face à cette période morose mettant en péril le monde de la musique. À l’heure où de nombreux artistes choisissent de décaler la sortie de leur nouveau disque, le chanteur lui ne s’incline pas et congédie même le public à sa « Contre soirée ». Chronique musicale d’un album léger, véritable appel à lâcher prise et leçon d’acceptation de soi.
Festivités et légèreté
« Tentez l’expérience de la contre soirée, je vous assure qu’elle vous plaira » c’est avec ces quelques mots partagés sur les réseaux sociaux que Bilal Hassani a officiellement allumé les projecteurs de sa « Contre soirée ». Une grande fête musicale de 13 hits débutant par un rapide décollage d’une minute, avec dans le rôle de l’hôtesse de l’air la célèbre Zahia. Un équipage promettant une expérience « pouvant laisser quelques séquelles ». Un commandant de bord impatient de transporter le public à bord de son « Vaisseau » ambulant baptisé « Flash ».
Un voyage en trois étapes sur fond de sonorités pop électro aux influences rétros. Première escale au sein de la jeunesse du jeune homme dynamique et insouciant. Fidèle à son personnage sans se prendre la tête, le chanteur se veut léger et enjoué. Le lead-single « Fais le vide » en est l’exemple par excellence. Un hit solaire taillé pour se vider l’esprit et danser. Un véritable appel à célébrer la vie, fil conducteur de l’album dont on regrette l’effet répétitif. Les titres se ressemblent et s’enchaînent à toute vitesse, construits sur des rythmes endiablés symbolisant l’urgence à vivre.
Une invitation à lâcher prise qui se poursuit « Ailleurs » aux côtés de Loïc Prigent. Un spécialiste de la mode qui l’a aidé à se lancer dans le domaine. « Viens refaire le monde le temps d’une nuit, J’veux m’envoler, danser, lève-toi, sors du lit, Viens on s’arrêtera quand sonnera midi » clame Bilal avec entrain sur fond de rythmes funk électro. Un monde de strass et paillettes dans lequel il se sent comme un poisson dans l’eau, ne perdant pas de vue son objectif de devenir une grande popstar.
Un jeune adulte en construction
À la manière d’un film, Bilal Hassani se raconte en s’inspirant de sa propre histoire. Consacrant la deuxième partie de son opus à son entrée dans la vie d’adulte. Un cap introduit par l’interlude « Dose » aux airs vaporeux. Pas de quoi assagir ce grand excentrique qui poursuit dans sa désinvolture, s’autorisant même quelques références sulfureuses. « Je compte jusqu’à trois pour que tu m’oublies. Solo ou rien, j’veux plus de bae dans ma vie » martèle-t-il au sein du brûlant « Dead Bae » évoquant les nouvelles formes de séduction. Un coeur à prendre à « Sauver » s’adressant au tout puissant dieu de l’amour « Eros » qui s’autorise à perdre le « Control », s’accordant aussi une «Dose » un peu plus sombre.
Pour clôturer sa virée, le jeune homme s’autorise un atterrissage tout en douceur avec des chansons plus profondes et introspectives. Comme pour faire redescendre la pression, il survole une énième fois son passé marquant avec délicatesse. Car oui, avant de déployer ses ailes, l’interprète de « Roi » a enjambé bien des embûches à commencer par le harcèlement scolaire dont il a été victime. Un thème personnel abordé non pas sans une certaine émotion à travers le poignant « Tom » qui mérite qu’on lui accorde d’avantage attention. Un sujet personnel que la star connaît bien, lui qui s’est sorti de ce tourbillon grâce à la musique. Une thérapie grâce à laquelle il a pris son envol dans la lumière, trouvant du réconfort auprès d’une communauté solide de fidèles. « Dis-moi c’que tu gardes sur le coeur, je t’entends pas, Dis-moi, ça reste juste entre toi et moi (j’voudrais t’ouvrir les bras) » lance-t-il tel un grand frère et porte parole de la cause. Un jeune adulte désormais en paix clôturant son analyse par le doux « Papa Maman ». Savourant son présent en occultant l’avant et les craintes de ses proches, avançant sans appréhension au jour le jour. « Si demain c’est la fin, j’dirai merci, En attendant je vis » achève-t-il avec beaucoup de lucidité, totalement apaisé.
En bref, Bilal Hassani propose une « Contre soirée » à son image, féerique voire parfois même un peu futile, sans jamais perdre de vue son objectif de faire danser les foules. Un album qui manque certes un peu de relief et de profondeur mais qui réjouira les fans du chanteur en cette période morose.
DROUIN ALICIA