On dit souvent que le troisième album est celui de la maturité. Un dire que Marina Kaye compte bien confirmer au public avec « Twisted ». Un disque introspectif où l’artiste se livre en profondeur sur ses maux et pensées les plus intimes. Un pas de géant vers l’acceptation de soi pour cette jeune femme habituellement si mystérieuse sur ses tourments qui l’habitent et la dévorent. Chronique musicale.

Marina Kaye - Twisted

Souffrance et envie de libération

« Un besoin de tout sortir » c’est ce qui a motivé Marina Kaye à l’élaboration de « Twisted». Plus qu’un album introspectif, un véritable voyage cérébral au coeur même de ses pensées les plus intimes et plus sombres. Ses tourments, ses contradictions, ses doutes, ses déceptions, son questionnement…cette fois ça y est la chanteuse se sent prête à tout dévoiler, au-delà de que ce qu’elle osait jusqu’à présent. Des maux couchés sur du papier, parfois partagés avec douceur d’autre avec puissance. Comme un premier pas vers sa libération, Marina Kaye prend le temps de se livrer, se comprendre, pour s’accepter et avancer plus sereinement vidée de ce poids colossal qui lui pèse. Une jeune femme anxieuse, prise dans un tourbillon qui ne demande qu’à remonter à la surface. « I don’t want these demons on my mind » (« Je ne veux pas de ces démons dans mon esprit ») revendique-t-elle dans « Anywhere But Home » avec l’envie de s’évader loin de cet endroit qui la ramène vers l’obscurité.
Une chanteuse parfois dominé par ses émotions, qui se bat donc pour venir à bout de sa malveillance. Un trouble à qui elle s’adresse directement au sein de « Scream » qui peut aussi parler à tout ceux ayant déjà blessées ou abimés un tiers un jour. Souvent vide et impuissante face à la vie tout simplement, exprimant clairement sa douleur au sein du voluptueux « Questions ». « Why does everybody seem to know the way, Am I the only one who’s waiting for my fate » (Pourquoi tout le monde semble connaître la voie, Suis-je la seule à attendre mon sort) clame Marina Kaye au cours de cette chanson délicate et planante, sans conteste la plus vulnérable de l’album.

Marina Kaye - Twisted

Dualité et incompréhensions

Une obscurité qui prend beaucoup de place dans la « Double Life » de Marina Kaye se sentant partagée entre deux facettes. « Nous avons tous une facette que nous ne voulons pas montrer à tout le monde » confiait-elle d’ailleurs pour amorcer ce titre aux accents rock/électro. Une chanson née à Londres à côté du musée Jack L’Eventreur, célèbre tueur en série en l’apparence banal mais qui à la nuit tombée assassinait des femmes.
Une grande torturée visiblement pas seule dans son cas, parlant d’elle-même pour se vider la tête, mais aussi pour répondre à ceux qui se sentent perdus ou incompris. Comme eux, il lui arrive de se sentir égarée, de souffrir de solitude aussi. Un sentiment récurrent chez elle, au coeur de « Alone » qui porte bien son nom. Elle qui aimerait pouvoir s’extérioriser mais n’y arrive pas, prise par ce blocage qui la ronge, l’empêchant parfois de prendre la bonne décision.
Parfois à vif, l’interprète de « Homeless » laisse exploser sa colère. En témoigne le tonique « The Whole 9 » à l’ambiance psychédélique. Une ballade bouillonnante et forte au cours de laquelle la jeune femme met en garde ses éventuels futurs prétendants sur sa complexité. « They call me blind » comprenez « Ils disent que je suis compliquée » avertit-elle camouflant aussi sa crainte de se lancer dans une relation alors qu’elle n’est pour l’heure pas totalement sortie de ses vieux démons.
Une demoiselle visiblement encore marquée par d’anciennes expériences sentimentales dont celle qui lui a inspiré « 7 billions ». Une ballade pop enivrante sur la douleur émanant d’une relation toxique. Comme un poison dans les veines qui circule à en faire perdre la raison.
S’abimer parfois, jusqu’à se demander si la meilleure solution n’est pas de partir. Un dilemme au coeur de « Visions » s’interrogeant sur le bénéfice à se détacher, quitte à en souffrir plutôt que de s’entêter dans la destruction mutuelle à petit feu.
Parce que tout donner à l’autre n’est parfois même pas suffisant pour le sauver. C’est en tout cas ce que regrette amèrement Marina Kaye au sein de l’audacieux « Blind Heart » rythmé par des sonorités rétros.
À l’opposé de certains personnages glaçants, la chanteuse peine à comprendre les mauvais comportements. « Comment peut-on avoir de mauvaises intentions envers quelqu’un qu’on aurait dû aimer absolument ? » se questionne-t-elle sur les réseaux sociaux dans un post présentant l’envoutant « Bad Intentions ». Un constat sur la complexité de certains liens humains plein de désillusion, prouvant que derrière sa dureté, l’artiste possède un bon fond.

DROUIN ALICIA