Après un très mauvais quatrième épisode, et plus généralement une orientation futuriste au fil des années, Call of Duty Black Ops Cold War renvoie cette année la série à son postulat de départ : l’histoire, rien que l’histoire.
Quand on parle d’histoire, le sens du mot est double ici. On se souvient que Call of Duty Black Ops 4 avait, il y a deux ans, renié l’idée-même d’une campagne solo. Les développeurs de Treyarch ont décidé de corriger tout cela en livrant une campagne haletante, variée et novatrice. Call of Duty Black Ops Cold War est pour le coup une véritable plongée dans la guerre froide, dans sa chronologie, dans ses lieux, et avec ses “personnages”. Pour plus d’immersion dans l’époque, la campagne vous fait rencontrer des figures historiques comme Regan ou Gorbatchev.
Une histoire fidèle à l’Histoire…
De Berlin Est à Moscou, en passant par l’inévitable Cuba, le joueur peut revivre l’ambiance de cette guerre dans laquelle l’affrontement ne fut jamais direct. Et pour cause, l’unité de l’OTAN avec laquelle vous agissez opère dans l’ombre. Les nombreuses péripéties et les intenses confrontations (bien directes, celles-là) resteront top secrètes en dépit de leur importance pour la stabilité du monde. Personne n’aura connaissance de vos agissements.
Black Ops revient cette fois avec ses personnages mythiques : Woods et Mason bien sûr, qui sont maintenant des figures adulées de Call of Duty. Woods d’ailleurs n’a certainement rien perdu de sa répartie et met toujours autant l’ambiance lors des missions, avec des commentaires fleuris que ne renieraient pas Sylvester Stallone ou Bruce Willis. L’antagoniste de jeu, l’insaisissable espion soviétique Persée, est aussi un objet de fascination puisque toute l’aventure est une poursuite sans fin visant à le débusquer. En plus, les chapitres comportent de nombreux choix dans les dialogues, ce qui rend le joueur plus acteur que dans un Call of Duty traditionnel. En un mot comme en cent, l’ambiance et la narration de Call of Duty Black Ops Cold War est un quasi sans-faute.
… et beaucoup de subtilités de gameplay
Mais le mode solo impressionne également dans son gameplay et sa progression originale. Par exemples, les fameux objets cachés dans les missions ne sont plus de simples totems à collectionner mais représentent des indices à exploiter dans des missions secondaires! Cela donne un vrai sens à la rejouabilité. La motivation et le sentiment d’accomplissement sont décuplés, d’autant que les deux missions secondaires sont assez complexes, avec énigmes et déductions, comme dans un vrai roman d’espionnage.
Et en parlant d’espionnage, le gameplay reflète cela puisqu’une bonne partie de la campagne vous demandera d’être discret, de vous infiltrer et au final de jouer de manière plus subtile. La mission à l’intérieur du siège du KGB peut par exemple être conduite de quatre manières différentes! Au-delà des passages d’action, qui restent efficaces et défoulant, il y a une variété admirable dans l’approche.
On note également que l’aventure à trois fins différentes. Si cela est déjà un pas en avant considérable pour la série, on a tendance à penser que la structure complexe du déroulement (y compris à l’intérieur même des missions) aurait dû donner lieux à davantage d’embranchements scénaristiques, ou au moins que quelques trophées bonus. On a ce plaisir de goûter à un campagne non-linéaire, mais la perfection était à portée de main… Le gros point noir est que malgré tout ça, cinq ou six heures suffisent à boucler le solo car certaines missions sont très brèves. On note aussi quelques failles dans l’IA des ennemis, etc. mais globalement, il est plus que remarquable qu’une série qui considérait le jeu solo comme “non-essentiel” il y a deux ans nous sorte une campagne de cette trempe en 2020.
La tradition des Black Ops depuis plusieurs années, c’est bien entendu le mode Zombies. Cette année encore les joueurs peuvent s’unir en face à des vagues de morts-vivants aussi décérébrés qu’insistants. Le but des quatre alliés est tout simplement de survivre le plus longtemps possible, sachant qu’il faut s’exfiltrer par hélicoptère pour que la mission soit considérée réussie. On trouve de nombreux petits extras pour agrémenter ce mode comme des objectifs secondaires à remplir ou des pouvoirs spéciaux pour augmenter sa résistance ou sa vitesse.
Chaque participant à des points qu’il peut dépenser en armes nouvelles, en pouvoirs ou en ouvrant de nouvelles zones qui profitent à toute l’équipe. C’est un mode coopératif particulièrement accrocheur car la carte est très intéressante à explorer, et le challenge de taille. Attention car cette difficulté augmente extrêmement vite : alors qu’il faut deux cartouches pour éliminer un zombie en début de partie, vers la vague 20 il faut deux chargeurs et ils sont deux fois plus nombreux!
Des modes multi très accrocheurs
Le multijoueur est bien entendu un passage obligé et là encore, Call of Duty Black Ops Cold War séduit par son bon équilibre dans l’expérience de jeu. Les huit cartes multijoueur se révèlent adéquates dans tous les modes et pour tous les types de jeu. Comprenez par là que les snipers ont une profondeur de champ suffisante pour agir (Miami et Checkmate sont particulièrement intéressantes), et que d’autres endroits sont plus propices au corps-à-corps. L’autre bonne idée est la playlist disponible à tout moment : au lieu de tristes rencontres dans le silence, on peut écouter la bande originale (assez bonne) du solo.
La gestion de l’équipement, particulièrement convaincante, profite de la longue expérience de Treyarch sur la série. C’est un superbe menu et un grand éventail de possibilités qui attendent le joueur, dont le possibilité de porter deux armes principales, choisir parmi des dizaines d’accessoires pour personnaliser son arme ou des capacités spéciales pour parfaire son style de jeu. Changer l’optique, le canon ou la crosse d’une arme donne des résultats probants en combat. C’est un véritable jeu dans le jeu qui rend la montée en grade très excitante. Seul bémol, le nombre d’armes disponibles paraît un peu réduit à l’heure actuelle. Le futur dira si des mises à jour viendront enrichir l’arsenal.
Est-ce la rançon du succès pour Battlefield? Toujours est-il que Call of Duty Black Ops Cold War emprunte à la série d’Electronic Arts les combats de véhicules. Dans un nombre très (trop?) limité de cartes, agrandies pour l’occasion, il possible de conduire des tanks, des bateaux ou des motoneiges pour progresser en mode domination par exemple. L’effort est louable et ces cartes sont fun à jouer, mais Activision ne peut cacher l’immense retard accumulé sur son concurrent en la matière : les batailles de véhicules de Battlefield V sont d’une autre échelle, beaucoup plus intenses et rassemblent plus de joueurs. Et ça, c’était en 2018… On imagine à peine à quoi ressemblera Battlefield sur PS5 dans un ou deux ans!
Tout ça pour dire que pour un premier épisode sur PS5, l’écart de graphismes avec la version PS4 n’est pas évident. Call of Duty Black Ops Cold War reste un jeu AAA à grand spectacle et à l’aspect visuel digne de ce nom, mais ni la modélisation, ni l’animation ne sont renversantes. Il y a en revanche un approche cinématographique dans la mise en scène qui le rend un peu plus marquant. C’est flagrant dans la mission solo où le héros Bell recherche sa propre personnalité : cette scène a été traitée de façon très artistique et fait très “septième art”.
On apprécie en revanche les ajouts de la version PS5, à savoir une plus grande fluidité, la résolution 4K et surtout la réponse haptique de la manette DualSense. Concrètement, celle-ci ne vibre jamais de la même façon et simule le survol d’un avion ou l’explosion d’une grenade de manière unique. Mais c’est le bouton de tir que impressionne le plus : on a vraiment l’impression d’avoir une vraie gâchette en main. La résistance de la touche est hyper-réaliste, elle peut même “s’enrayer” si on tire trop vite! Pour avoir joué une semaine à la version PS4 avant l’arrivée de la PS5, la différence est ahurissante en termes de sensations de jeu.
Vous l’aurez compris, Call of Duty Black Ops Cold War est un épisode d’excellente facture qui se classe parmi les tous meilleurs de la série. On le recommande chaudement pour sa campagne immersive et novatrice, ses modes multijoueur bien fun et les petits plus de la PlayStation 5. En poursuivant le travail dans ce sens, Activision peut potentiellement offrir une somptueuse génération de Call of Duty sur PS5.
Call of Duty Black Ops Cold War
Editeur/développeur : Activision/Treyarch
Genre : Jeu de tir
Modes : Solo, multijoueur en ligne ou en local
Sortie France : 13 novembre 2020