Rester en haut de l’affiche, tel est l’objectif de Gims avec « Le fléau ». Un artiste qui pour mener à bien sa mission s’offre un disque tourné vers son style fondamental, à savoir le rap pur. Un retour aux sources progressif, où se mêlent pistes brutes et hits plus populaires. Chronique musicale.

Gims - Le fléau - Immortel -

Une suite logique

Il est l’un des plus gros vendeurs de disques de ces dernières années et compte bien le rester. Voilà pourquoi Gims attendait le bon moment pour lever le voile sur « Le fléau ». Un quatrième album dont l’objectif est de venir rallonger la longue liste de cette véritable machine à tubes, mais pas seulement. Pour rester dans la course, l’homme aux lunettes noires se risque à surprendre son large public en revenant vers des morceaux profondément rap. Une envie grandissante depuis 2015 avec la sortie de « Mon coeur avait raison » où il proposait aux auditeurs de jongler entre deux parties distinctes : la pilule rouge et pilule bleue, une rap l’autre pop. Depuis, l’interprète de « Bella » avait prévenu subtilement dans « Ceinture Noire » son opus précédent truffé de triomphes où se glissait le hit explicit « 60 % » et sa phrase symbolique « Maintenant tu peux m’appeler le fléau ».
« Le fléau » le voici, un disque en majorité tourné vers ses racines musicales de départ. Un retour aux sources lancé par l’explosif « Immortel ». « On cherche le bonheur mais sans jamais le ver-trou, L’ennemi est dans la casserole en train de d’cuire à feu doux » lâche-t-il. Une véritable démonstration de flow et punchlines couplée à un clip engagé. Une ambiance fatale qui rythme l’ensemble des 17 productions. Jusqu’à la dernière « Thomas Shelby », faisant référence au héros de la série TV « Peaky Blinders » relatant l’histoire d’un gang de criminels née après la Première Guerre mondiale.
En passant par le moderne « Og na og ».
À l’intérieur de cette galette aussi, pas moins de 10 featurings détonnants construits autour d’un casting sur-mesure. À commencer par « Côté noir » partagé avec Leto. Un titre dégainé à mille à l’heure par le binôme qui a de quoi réjouir les fans de la première heure de Gims.
Même atmosphère obscure sur « Twenny Twenny » feat Tifyala où le maître donne de la voix de façon robotique, ou encore sur « Grosse Bleta » aux côtés de Kaaris.
Pour aller plus loin dans sa démarche, l’ex membre de Sexion d’Assaut va même jusqu’à piocher dans des références rap américain. À l’instar « Jetez pas l’oeil » où Vald et lui-même empruntent des samples à Travis Scott, Drake et Asap Ferg. S’inspirant du légendaire « Cry me a river » de Justin Timberlake pour le brûlant « Dans ma tête » feat Jaekers. Se risquant même à une démonstration de drill, un sous-genre du hip-hop popularisé aux Etats-Unis en compagnie de Gazo sur « Oro Jackson ».
Pas de trace en revanche de « Dernier métro » avec Kendji Girac ou « Pirate » dévoilé il y a peu avec J Balvin.

Gims - Le fléau - Jusqu'ici tout va bien -

Une pop urbaine conservée

Mais que le grand public se rassure, Gims n’est pas prêt à tirer un trait définitif sur la pop. Un rappeur puisant dans cet univers pour se réinventer. À l’image du hit « C’est comme ça » à mi-chemin entre rap et pop modelé par un nouveau flow plus mélodieux et moins saccadé.
Même dualité sur le morceaux plus aérien qu’est « OATS » avec Boumidjal.
Jouant l’ambiguïté aussi en alternant entre couplets bruts et refrain chantant sur certains hits. C’est le cas de « Pendejo » partagé avec Bosh, mais aussi de « Sicario » en duo avec Heuss L’Enfoiré d’avantage radiophonique. Où sur l’entêtant « Yolo » aux sonorités afro, dont le nom fait référence à son quartier d’enfance à Kinshasa au Congo.
Même envie de rassembler et fédérer avec « Origami » feat Nilo Virus lancé comme single qui a quelque peu brouillé les pistes avec son rythme mid-tempo et son texte langoureux.
Et que dire de l’enivrant « Jusqu’ici tout va bien » aux airs solaires, sur toutes les lèvres depuis quelques semaines et qui risque de le rester longtemps puisqu’il résonne chaque soir dans le générique de « Ici tout commence », la nouvelle série phare de TF1.
Voilà qui devrait garantir au Maître de rester au sommet.

En bref, avec « Le Fléau », Gims se joue de ses détracteurs prouvant qu’il n’a rien perdu de son flow ni de sa niaque. Un rappeur usant aussi de sa voix légendaire reconnaissable entre mille, et les styles musicaux en s’accordant quelques parenthèses pop pour contenter son large public.

DROUIN ALICIA