Trop souvent pointés du doigt et trop peu représenter dans les Médias, les individus atteints d’obésité sont pour la première fois au coeur d’un format télévisé français. Intitulé « Opération renaissance » ce nouveau rendez-vous de société diffusé hier soir pour la première fois sur M6, accompagne et guide les participants vers leur transformation. Un programme bon conseil et bienveillant qui divise pourtant le public. Debrief
Le concept
C’est un programme phare et inédit de la rentrée hivernale de M6 qui a nécessité pas moins de trois ans de tournage. Pensé et réalisé par Karine Lemarchand, « Opération Renaissance » est un magazine de société construit autour du parcours de 10 individus atteints d’obésité morbide. Un état physique mettant en danger leur santé et pesant lourdement dans leur moral. Des témoins qui ont déjà tout tenté pour maigrir, pour qui l’intervention chirurgicale reste l’ultime solution. Une décision nécessitant un suivi solide et un réel changement de mode de vie sur la durée. Un long cheminement rythmé de rendez-vous médicaux et véritable ascenseur émotionnel retranscrit dans l’émission.
Echanges humains et bons conseils
Habituée à épauler les agriculteurs dans leur quête de l’amour, avec « Opération renaissance » Karine Lemarchand endosse une nouvelle fois son costume de conseillère de vie. Une accompagnatrice dégainant cette fois à la rescousse des personnes en état d’obésité morbide. Un thème pour lequel cette adepte de sport et ancienne anorexique est très sensible. Elle qui en 2018 lançait son application de running « Smilesrun » destinée aux amateurs de course à pied. Une oreille attentive, animée cette fois par l’envie de donner la parole à une autre catégorie d’individus sous-représentée dans les Médias : les personnes en surpoids morbide. Son but : faire évoluer le regard à leur encontre mais aussi leur permettre de se faire entendre. Prouver en donnant la parole à des volontaires, que derrière leur poids se camoufle souvent des blessures plus profondes. Mais aussi des problèmes médicaux dont ils ne demandent qu’à en sortir. Des témoins se confiant à coeur ouvert, franchissant le pas d’une renaissance physique et psychologique. Sans jugement et avec beaucoup de bienveillance, l’animatrice est là pour les comprendre, les rebooster aussi. Il faut dire qu’avec trois années de tournage elle ne pouvait que s’impliquer autant dans le projet. Au fil des étapes racontées on la retrouve toujours dans le même état d’esprit chaleureux et maternel. De quoi mettre en totale confiance les participants racontant leur histoire avec pudeur et simplicité. Ici pas de compétition, de stéréotypies ni de moqueries mais beaucoup d’humanité. Le but n’est pas non plus de faire l’apologie de des chirurgies bariatriques. À chaque numéro deux destins croisés suivis tout au long de leur transformation. À commencer par leur prise de décision, l’acceptation de leur corps aussi, avant l’instant fatidique sur le brancard. Des séquences fluides et condensées, montées de la même manière que « L’amour est dans le Pré ». Un avant/après opération rythmé, montrant à la fois les risques d’un tel processus et la nécessité d’une surveillance médicale régulière. Car non l’opération n’est pas un remède miracle, l’émission appuie bien là dessus. Témoignant de l’importance de réviser en aval son alimentation et ses pratiques physiques. L’équipe de spécialistes est justement là pour ça. Des chirurgiens, nutritionnistes, diététiciens et même des psychiatres, coachs et hypnothérapeutes encadrants le protocole. Et même Cristina Cordula pour la partie image de soi. Un sacré bataillon partageant quelques bons conseils pratiques. Des exercices ou astuces dont le téléspectateur qu’il soit atteint d’obésité ou non, peut s’inspirer vivement.
Un thème qui divise
« #PasMaRenaissance » c’est le hashtag qui circulait hier soir au moment de la diffusion de « Opération Renaissance ». À l’origine, associations et adhérents à la lutte contre la grossophobie. Des internautes colères reprochant à l’émission de cataloguer les individus en surpoids. Des critiques qui circulaient avant même la mise à l’antenne du programme, et même durant son tournage. À l’image du collectif « Gras politique » qui avait alerté le CSA lors de la phase de casting, auteur d’une tribune à charge. Une polémique pourtant infondée lancée par certains avant même le visionnage des premières images. Mais une controverse presque inévitable face à une thématique qui casse les codes. Et le déchainement ne s’arrête pas là, avec pendant la soirée des remarques sur certains propos de l’animatrice, ou sur certaines mises en scènes trop divertissantes ou malaisantes comme la mise en sous vêtement des deux jeunes femmes du jour. Et pourtant si nombreux crient au voyeurisme, les participants eux mêmes ont tenu à mettre les choses au claire sur les réseaux sociaux. C’est le cas de Pierre-Yves, seul homme de la saison qui a apporté tout son soutien à Karine Lemarchand. « L’émission m’a sauvé » assure-t-il, scandalisé par certains propos qui circulent. Ne demandant comme ses camarades qu’à être compris dans leur transformation.
L’audience
Lancé hier en prime-time sur M6, le premier numéro de « Opération Renaissance » a réuni environ 1,8 millions de téléspectateurs, soit 8,3 % de part de marché. Un score décevant mais qui s’explique par les nombreuses critiques circulant sur la toile.
Reste à savoir si le second épisode programmé lundi prochain parviendra à faire remonter la courbe.
DROUIN ALICIA
