Le Japon est souvent cité en exemple face à la pandémie, grâce en partie au très grand sens de la collectivité qui y règne. Les cinémas, les music-hall et même les restaurants n’ont jamais été acculés à la fermeture, mais la situation est en train de changer. La troisième vague y est particulièrement grave, l’association hospitalière de Tokyo allant jusqu’à alerter sur un possible “effondrement”. Malgré la prévalence économique, la culture pop nippone doit reculer de plus en plus, que ce soit en France ou au Japon.
C’est probablement l’annonce qui symbolise l’impuissance grandissante du Japon face au COVID-19. Destination qui agite particulièrement les fans de jeux vidéo depuis quelques mois, le Nintendo World, annexe du parc à thème Universal Studios Osaka, n’ouvrira pas le 4 février comme prévu. Les filiales de la marque avaient lancé une grande campagne de promotion aux Etats-Unis et en Europe pour faire connaître le parc, avec en vue la réouverture du pays au touristes. La violence de la troisième vague douche les espoirs. Pas de nouvelle date, mais une “close de revoyure” pour réétudier le sujet le mois prochain.
Le séisme dans le monde de l’animation est le décalage de la sortie de Shin Evangelion (Evangelion 3.0+1.0 chez nous), quatrième et dernier film du Rebuild of Evangelion. Cette conclusion de la réécriture cinématographique de la licence culte, entamée il y a treize ans avec l’excellent Evangelion 1.0 You Are (Not) Alone, suscite tellement d’attente que là encore, le poids de la crise assomme littéralement les fans. Là encore, aucune nouvelle date n’est communiquée, renforçant l’impression d’une défaite sanitaire mondiale.
Du côté de l’événementiel, ce pas vraiment mieux. Le Wonder Festival, immense convention centrée sur la création et la vente de figurines, ne se tiendra pas début février comme prévu. Ce salon provoque traditionnellement un énorme buzz avec l’annonce de tas de nouveautés, et contribue fortement au commerce des figurines. Cette annulation est encore plus dure pour les professionnels que pour le public. Même chose pour Sunshine Creation : cette convention où les artistes amateurs rencontrent leur public a dû faire une croix sur son édition du 17 janvier.
Puisque l’on en parle, la vente de figurines à Akihabara est en chute libre. Et encore, on n’est pas là seulement sur un problème de demande (bien réel), mais aussi d’une offre qui est littéralement en train de disparaître. Tous ces box que les vendeurs louent pour proposer leurs produits se vident implacablement. Le quartier par excellence de la culture geek se défigure peu à peu.
Evidemment, les acteurs francophones font aussi grise mine. Wakanim doit toujours se contenter d’un “prochainement” pour la diffusion du film Demon Slayer dans les salles obscures. La date de sortie devait être annoncée le 15 décembre, mais tout a capoté avec le non très ferme du gouvernement au monde de la culture.
Bien qu’on ne pouvait y voir un grand suspense, la Japan Expo Sud jette l’éponge deux mois avant son ouverture théorique de mars. Un nouveau coup dur pour les organisateurs, qui laissent filer de gros revenus mais tablent toujours sur une Japan Expo Paris à la mi-juillet. Souhaitons que les variants ou les “hics” de la vaccination ne jouent pas les trouble-fête.
Pour finir sur une note plus légère, Pokémon GO a généré une anecdote de confinement assez cocasse : un anglais a reçu une amende de 200£ pour avoir… attrapé un pokémon! L’homme a fait une vingtaine de kilomètres en voiture pour aller jouer au jeu en réalité augmentée dans la ville voisine, en plein confinement. Le pokémon n’était vraisemblablement pas assez rare pour constituer un motif impérieux…