Point d’orgue de la « semaine green » de son groupe, M6 propose pour la première fois au public de découvrir « Legacy ». Un documentaire spectaculaire d’un monde à la dérive, signé Yann Arthus-Bertrand. Des images grandioses témoignant d’une planète en souffrance, abîmée par le mode de vie actuel. Un cri du coeur poignant et sensationnel, se penchant sur les dernières solutions à adopter et partager au plus grand nombre.
Un S.O.S collectif
600 millions, c’est le nombre faramineux d’individus dans le monde à avoir regardé « Home». Un chiffre confirmant l’interêt pour l’écologie, devenu même première préoccupation des français. Un engagement au coeur de la vie de Yann Arthus-Bertrand depuis plus de 50 ans. Un réalisateur conscient de l’importance de « notre héritage ». C’est justement ce qui lui a inspiré son nouveau documentaire « Legacy » (héritage en anglais) dix ans après le précédent. Un long-métrage spectaculaire sonnant l’alerte climatique. «C’est sans doute le film le plus personnel et le plus difficile que j’ai eu à faire » assurait-il d’ailleurs lors de la présentation presse. Un projet où il y a mis ses tripes pour faire comprendre au mieux à chacun la gravité et urgence environnementale. Un fléau dont le fondateur de GoodPlanet est pleinement conscient. « De nos jours, je ne connais pas un écolo optimiste. On est arrivés au point qui nous faisait peur » déplore-t-il. Preuve en est pour lui la crise sanitaire actuelle démontrant que oui une catastrophe est bel et bien possible. Mais en écologie hélas il n’existera jamais de vaccin miracle. « Agir avant qu’il ne soit trop tard » c’est justement l’un des messages forts de « Legacy ». Prouver que notre mode de vie actuel nous met en péril et que l’ultime recours n’est autre que la décarbonisation de nos vies. « On peut y arriver, même si on a l’impression que c’est impossible » se veut-il confiant. « Ce n’est pas la Terre que nous devons faire mourir, c’est notre vision du progrès » avance-t-il très justement dans les premières minutes du film. Pointant du doigt cette croissance qui est en train « de nous tuer ». La fin de l’humanité, un thème qu’il n’imaginait pas aborder un jour. Mais loin de lui l’envie de choquer ni de démoraliser. Pas non plus d’accuser les politiques ou entreprises plus que les ménages. Plutôt de prévenir et inciter la population mondiale dans son ensemble, à reprendre le dessus. Démontrant que l’utilisation massive du pétrole y est pour beaucoup. Cette énergie qui nous a rendu si puissant et riche mais qui en train de nous tuer. Le fait aussi de faire tomber les interdits et consommer sans limites des produits venant du bout du monde. Résultat, en 50 ans nous aurions déjà perdu près de 70 % du vivant. Un problème qui nous dépasse, tant les solutions qui pourraient encore inverser la tendance sont restreintes et extrêmement compliquées. « Je suis incapable de savoir ce qui va se passer » reconnaît Yann Arthus-Bertrand… « sauf si on ne change pas » s’incline-t-il. Craignant aussi qu’en cas de trop gros bouleversement on ne puisse plus cultiver certains aliments essentiels. Souhaitant malgré tout croire en l’humanité et en à sa capacité à changer au plus vite et au mieux pour remédier à tout ça.
Emotion et poésie
Un sujet très dur et pourtant si universel. « C’est un film qui s’adresse aux gens qui ont compris qu’il fallait changer beaucoup de choses » assure Yann Arthus-Bertrand. Avant tout pour regarder la vérité en face et en finir avec le déni. Cette triste réalité quotidiennement au coeur de l’actu, que beaucoup se refusent à voir ou évitent inconsciemment. « On devient habitués donc les mots ont moins de force » reconnaît le réalisateur qui a choisi donc de miser sur l’émotion plus que le sensationnel pour captiver. « C’est ça qui est important, de toucher les gens » confesse-t-il. Bien décidé à atteindre au-delà des pro écologie. Un pari audacieux sur lequel il a flanché longuement. Passant par le recherche du bon ton et d’une réalisation convaincante. Mission réussie à la découverte des somptueuses images rythmant le documentaire. Des paysages à couper le souffle, survolant entre autre des scènes de vie animale en liberté. Un monde harmonieux qu’il connaît bien, lui qui a vécu 3 ans aux abords d’une réserve naturelle africaine. Des instants de bonheur qu’il parvient à retracer et transmettre très justement. Offrant un splendide visuel lumineux, tourné sous le bon angle, mais pas moins respectueux de l’environnement. Pour la majorité des archives et commandes passées à l’étranger pour une emprunte carbone minimale. Avec derrière un véritable travail de fourmis côté montage. « J’essaye d’être pédago et de toucher les gens au coeur » affirme-t-il. Mettant l’accent aussi sur l’amour et la coopération. « Il n’y pas plus important que de faire un monde viable, pour nous et nos enfants » maintient-il. Un long-métrage construit avec intelligence, où il franchit pour la première fois le cap de se confier face caméra. Rendant sa conclusion plus poignante encore et authentique. Car comme il le dit si bien, « la seule énergie durable c’est l’amour, l’amour de la vie ».
Voyage au-delà de l’écran
Loin de n’être qu’un simple objet télévisé, « Legacy » est un objet d’utilité publique. « On est tous en mission sur ce film » clame Yann Arthus-Bertrand. « C’est un film que je porte depuis un an et demi et personne n’en voulait car jugé trop pessimiste » raconte-t-il. Saluant l’enthousiasme des équipes de M6 qui ont immédiatement accepté de porter son documentaire tout en lui laissant une totale carte blanche . Un diffuseur tremplin pour le documentaire qui se doit d’être visionné par le plus grand nombre. Déjà envoyé en avant première aux Maires de France, et validé par le Ministère de l’éducation nationale qui compte le diffuser dans plusieurs lycées en l’associant à un travail pédagogique. Et même en discussion avec une plateforme numérique.
Tout autant de pas en avant face à un sujet qui nous dépasse mais qui vaut le coup de se battre. « Il faut continuer jusqu’au bout, même si on n’y arrive pas au moins on aura essayé » conclut celui pour qui l’écologie sera jusqu’au bout sa vie.
DROUIN ALICIA