Olympe revient de loin. Après une longue absence et remise en question, le chanteur réapparaît plus « Fort » que jamais avec un nouveau single. Un cri du coeur pansant ses blessures causées par le tourbillon oppressant de ses débuts. Un candidat emblématique de « The Voice » désormais plus serein et libre dans son art et ses paroles. Entretien.
« Je trouve ma chanson 100 fois meilleure que ce que j’ai pu sortir auparavant »
SYMA : Cinq années se sont écoulées depuis la sortie de ton dernier album, qu’est ce qui s’est passé durant tout ce temps ?
Olympe : J’étais arrivé à une période de ma vie où je ne savais plus ou je voulais aller. Après mon dernier EP je me suis rendu compte que je faisais des choses tristes qui ne me correspondaient pas, parce que même en étant mélancolique je suis quelqu’un de souriant. Je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de faire n’importe quoi. Je me suis mis à écrire et composer, tenter des choses, et je me suis constitué une équipe. J’avais besoin de m’entourer de personnes qui me comprenaient. J’ai eu du mal à les trouver, j’ai eu de moins en moins confiance en moi je me suis dit que je n’allais plus rien sortir. Puis j’ai rencontré Jérôme Breland par le biais d’une rencontre faite en 2013 sur « The Voice ». Il a apprécié mes maquettes. Ça a été le déclic, j’ai repris peu à peu confiance en moi. Enfin on me disait que j’avais un potentiel et je me suis remis à travailler.
Tu as songé a arrêter définitivement la musique ?
Oui, sauf que je me demandais quoi faire parce que c’est vraiment ce qui m’anime et ce que j’ai envie de faire. Encore plus frustrant car beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux m’interrogeaient sur mon retour et je ne savais pas quoi répondre. Dans ce cas tu te mets en retrait, tu réponds « bientôt » mais tu sais que non, tu as l’impression de mentir aux gens et je n’aime pas cela. C’est un cercle vicieux, on se renferme sur soi même. Je ne voulais même plus poster de contenu sur mes pages, je me disais si je partage encore une reprise on va vraiment finir par penser que je ne sais faire que ça. Et si je sortais quelque chose de nouveau je pensais que les gens allaient s’en foutre.. ça a vraiment été compliqué. Je ne souhaite à personne ce mood.
Tu reviens sous ton propre label, pourquoi une telle décision ?
On va pas se mentir de nos jours il est plus facile d’être signé quand on fait de l’urbain ce qui n’est pas mon cas. Et j’ai eu de mauvaises expériences notamment dans une grosse maison de disque. Dans ces écuries si tu ne t’imposes pas c’est compliqué on essaye de te formater. À l’époque chez Universal on ne me laissait pas composer, écrire on me faisait faire des reprises et j’avais un regard sur quasi rien. Alors que là je suis vraiment au coeur du projet, j’avance à mon rythme. Après clairement niveau médiatique on a moins d’impact. Certaines radios qui me diffusaient à l’époque rechignent un peu maintenant alors que je trouve ma chanson 100 fois meilleure que ce que j’ai pu sortir auparavant. Parfois on est soutenu juste parce qu’on appartient à une grosse maison de disque. Mais je vais me battre, le but c’est de se développer et avoir même assez de poids pour produire d’autres artistes.
« Il faut vraiment que quelque chose change dans l’industrie musicale »
De plus de plus d’artistes évoluent loin du circuit traditionnel, comment expliquer ce changement ?
Je pense qu’il faut vraiment que quelque chose change dans l’industrie musicale. Même si les grosses maisons de disque ont du poids et de l’argent elles ne réfléchissent pas avec l’artiste. Ils ont ce besoin de façonner. Certains malheureusement manquent de compétence sont bons en marketing mais pas dans ce qui est l’essence même d’un artiste sa façon d’écrire, de composer du coup ça dénature tout un projet.
C’est limite tout un système à revoir ?
Totalement, même les grosses radios. Certaines disent apprécier mon nouveau titre mais attendent qu’un concurrent le diffuse pour suivre la tendance. C’est désolant d’entendre toujours les mêmes artistes qui en plus viennent des mêmes industries. On parle beaucoup de la culture en ce moment en disant que le milieu est en difficulté, mais au final au lieu d’aider les petits artistes on aide ceux qui en ont le moins besoin et qui vont pouvoir reprendre leurs tournées et vendre leurs albums comme avant.
Tu n’as pas de regrets d’avoir lâché tout ça avant ?
Je pense que je n’étais pas prêt. Le seul que j’ai c’est de ne pas avoir osé m’imposer plus quand j’étais dans une grande maison de disque. Je n’ai plus peur de parler aujourd’hui de dire ce que je pense en étant constructif, sans casser du sucre sur les gens gratuitement. Aujourd’hui j’ai muri le truc, j’ai passé des nuits entières à me demander ce que j’avais fait de mal et en fait je me suis rendu compte que le problème ne venait pas de moi. Je n’ai plus peur de dire stop ! Tout le monde devrait pouvoir faire ce point dans sa vie et éloigner les ondes négatives qui empêchent de se surpasser. Encore plus en cette époque qui nous a privé de libertés, de nos proches.. Désormais je vis et profite au jour le jour.
« Je ne renierai jamais The Voice, si je pouvais je reviendrais y chanter tous les samedis juste pour le plaisir »
Malheureusement tu ne penses pas que c’est un peu la contrepartie d’un format comme « The Voice » qui surexpose ?
Je dirais que « The Voice » apporte une lumière qu’on n’aurait jamais eu autrement. Puis c’est un vrai tremplin avec une production qui fait tout pour qu’on chante dans de bonnes conditions. Ce sont plutôt les personnes mal attentionnées qui gravitent autour de ce programme qui sont néfastes pour les artistes. Ils promettent de belles et grandes choses, au début ça se passe bien en surfant sur la lumière, comme mon premier album. Puis quand il faut commencer à réellement travailler et que tu fonctionnes moins bien on remet la faute sur toi, tes capacités, ton physique.. Ils trouvent des excuses à leur manque de travail. À mon sens il faut que tout le monde travaille ensemble et que ceux qui s’occupent d’artistes se mettent réellement au boulot sans tout miser sur l’après « The Voice ».
Si tu devais donner un conseil à un jeune talent avant de se lancer dans l’aventure tu lui dirais quoi ?
Je lui dirais de vraiment vivre à fond l’expérience parce que c’est vraiment un beau programme, quelque chose de dingue qu’on ne vit pas tous les jours dans sa vie. Mais je lui dirais aussi de ne pas être trop naïf et de faire attention aux personnes qui gravitent. Essayer de bien s’entourer même si ça n’est pas évident quand on se lance. Il faut des gens réalistes sur le métier qui ne promettent pas d’illusion et veulent bosser avec sincérité. C’est beau de faire rêver les gens mais au bout d’un moment ça les détruit.
La preuve que tu ne renies pas l’émission, puisqu’on va te trouver dans la version « All Stars » !
Quand on me l’a demandé j’ai répondu oui de suite. J’ai adoré cette expérience, clairement ça changé ma vie, j’adore les producteurs. Je sais que quand on va chanter là bas c’est dans de bonnes conditions, un bon son, des musiciens de belles images c’est une belle promo. Je ne renierais jamais « The Voice » si je le pouvais même je reviendrais y chanter tous les samedis juste pour le plaisir !
Tu n’avais pas peur de recevoir des critiques en tant qu’artiste cette fois ?
On savait que c’était le jeu, de recommencer à zéro comme si c’était la première fois. Je trouve ça bien aussi, ça prouve qu’on a de l’humilité que c’est pas grave de repasser devant un jury. C’est une nouvelle expérience, de nouvelles rencontres aussi. Il y avait des coachs qui n’étaient pas dans ma saison qui ne me connaissaient pas. Et surtout il y avait un nombre de places limitées par équipe. Je n’avais pas peur des critiques, dans « The Voice » c’est toujours constructif et fondé. Ma plus grande crainte c’est plutôt qu’ils ne se retournent pas, ça serait une claque !
« Aujourd’hui je suis prêt à ne plus baisser les bras »
Ton nouveau single s’intitule « Fort » il fait écho à ton état d’esprit actuel ?
Exactement, aujourd’hui je suis prêt à ne plus baisser les bras. Il y a quelques années j’aurais sans doute eu envie d’abandonner mais maintenant je sais que c’est un travail de fond qui prend du temps, je me sens plus fort. Même dans ma manière de m’exprimer auprès des Médias je suis plus réfléchi, j’ose dire ce que je pense, je n’ai plus peur de dire quand quelque chose n’a pas fonctionné où ne me correspondait pas. Je suis prêt à affronter toutes les barrières qui vont se mettre devant moi, j’ai plus peur je ne me décourage plus.
Dedans tu dis « J’ai inspiré trop fort, je ne m’y attendais pas », c’est une référence subtil au tourbillon médiatique dans lequel tu t’es retrouvé en sortant de “The Voice” ?
Exactement. C’est aussi cette image récente où j’ai repris mon souffle sans avoir peur de revenir cinq ans après. C’est vraiment compter jusqu’à trois et aller de l’avant. Et je ne suis pas prêt de m’arrêter.
Tu prononces aussi la phrase percutante « Exister sans un bruit, tout garder dans une cage » c’est une façon d’extérioriser ces souffrances passés et de les oublier ?
Totalement. C’est le mood dans lequel j’étais ces dernières années, de souffrir mais rien dire et tout garder pour moi. Ne pas faire de bruit, pas sortir de chanson. Ce silence que je ne voulais plus vivre. Cette chanson c’est ça « rêver d’une autre vie au milieu du carnage » se bouger, et faire cesser toutes ces choses que tu ne peux plus tolérer, recommencer à créer et repartir du bon pied.
Le single a eu un très bon accueil, comment expliques-tu ce soutien indélébile de tes fans ?
J’ai beaucoup de chance parce que ma participation à « The Voice » remonte à quasi 9 ans et je me dis après tout ce temps et ce silence ils sont toujours là. Même ceux qui étaient plus discrets sont revenus en même temps que ce nouveau single, me renvoient des messages. Il y a même des nouveaux arrivants. Beaucoup me disent qu’ils écoutent en boucle « Fort ». Et le commentaire qui me fait le plus plaisir c’est « Enfin on te retrouve, avec une chanson qui te met réellement en valeur » donc je me dis que j’ai eu raison de m’accrocher.
C’est un beau pied de nez à ceux qui t’ont blessé ?
C’est une façon de leur dire qu’ils ont essayé de me mettre plus bas que Terre, de me blesser mais que je suis toujours là. Je ne vais pas arrêter pour ceux qui m’ont mis des bâtons dans les roues et m’en mettent encore. Je ne suis plus impressionné, avant je pensais qu’ils allaient me bloquer mais c’est terminé je continuerais coûte que coûte. J’espère qu’ils entendent les mots du single. Ça s’adresse en particulier à certaines personnes du métier, celles qui me promettaient monts et merveilles puis m’ont remplacé par une autre artiste en haut dans leur catalogue, m’ont jeté du jour au lendemain.
Tu n’as plus peur des critiques notamment sur ton physique ?
Nan pour moi si les gens ne sont pas capables d’écouter une chanson sans regarder le physique de la personne c’est qu’ils n’ont rien compris. La musique c’est une émotion, pas forcément quelque chose que tu regardes. Ceux qui aiment vraiment mes chansons ne se focalisent pas dessus. Dans « The Voice » ça fonctionne pareil. Idem en radio on ne nous voit pas. Et puis on peut être très beau mais sans aucune musicalité, on ne devrait jamais s’arrêter sur un physique. Ces standards de beauté doivent changer pour laisser la chance au talent avant tout.
On le voit sur la pochette du single, on peut dire que aujourd’hui ton ciel brille à nouveau ?
Clairement c’est plus bleu, un beau ciel avec seulement quelques nuages qui vont finir par se dissiper. Je suis serein.
C’est ce que tu vas exprimer sur ton nouvel album en préparation ?
Le nouvel album est vraiment positif, on y aborde des sujets parfois durs mais en essayant de faire ressortir le positif de ça. J’espère qu’il va amener de la force aux gens qui vont se dire tout est possible maintenant, je mets mes talons je débarque dans la rue et plus rien ne va m’arrêter. Que ça va aider des gens aussi. J’ai déjà eu des retours dans ce sens sur « Fort » c’est ce qui me plaît, que les gens se retrouvent dans mes chansons et soient aidés. C’est le but de tout artiste, s’imprégner d’une chanson, que les gens l’écoutent en boucle, le chantent pendant les concerts…
Il est prévu pour quand ?
Il n’est pas encore terminé, pour le moment il est prêt à environ 60 % il y a encore un peu de travail. Mais j’ai vraiment hâte !
Merci à Olympe
DROUIN ALICIA
Single « Fort » disponible