The Father sort en salles ce 26 mai
Avec son adaptation cinématographique de The Father, l’écrivain Florian Zeller a raflé 2 Oscars haut la main. Inspiré de sa pièce « Le Père », ce poignant long métrage narre avec autant d’intelligence que de subtilité la dégénérescence mentale d’un octogénaire.
Tout démarre dans un très bel appartement Londonien. Le vieil Anthony y vit avec sa fille Anne qui l’assiste de son mieux dans son quotidien. Aussi aimante que dévouée, elle fait preuve d’une patience infinie jusqu’à ce qu’elle prenne conscience que son père a plongé de façon irréversible dans la démence… Partagée entre la crainte et la douleur, elle souhaite le placer dans une maison de soins mais se laisse envahir par sa culpabilité.
“Lorsque j’ai commencé à rêver de ce film c’est Anthony Hopkins que je voyais “
Jeune auteur français, Florian Zeller est plus connu du milieu théâtral que des cinéphiles. Excellent dramaturge, il a conçu de multiples pièces dont La Vérité avec Pierre Arditi, Une heure de tranquillité avec Fabrice Luchini et enfin Le Père en compagnie de Robert Hirsch.
Lorsqu’il décide d’adapter cette dernière oeuvre au cinéma, Zeller rêve d’offrir le rôle titre à Anthony Hopkins et fait traduire le texte en anglais par Christopher Hampton (Les Liaisons Dangereuses). Séduit par le scénario, Hopkins a accepté de relever le défi et s’est approprié avec brio un personnage qui lui a valu l’Oscar 2021 du meilleur acteur.
Anthony Hopkins face à ses propres démons ?
Il faut dire que du haut de ses 83 ans, le comédien britannique propose une interprétation très sensible de ce « Père » à travers lequel il projette certainement ses propres sentiments de finitude. À la fois digne et vulnérable, Hopkins cherche l’inspiration en lui-même, creuse et convoque ses angoisses intérieures pour donner un dernier souffle à cet octogénaire atteint de démence. Au fil de l’histoire, on voit Anthony perdre pied et plonger dans une confusion mentale incontrôlable. Tandis que les hallucinations prennent le pas sur la réalité, il est terrible de comprendre à quel point ce vieil homme d’une intelligence rare, perçoit sa folie et se réfugie alternativement dans la peur ou le déni.
Olivia Colman : une comédienne tout en subtilité
Face à cette figure paternelle en déchéance, la comédienne Olivia Colman (La Favorite) incarne le rôle de la fille. Avec beaucoup de nuances, elle esquisse le portrait d’une femme déchirée entre l’amour qu’elle porte à son père et le besoin de vivre sa propre existence. Tour à tour tendre, mélancolique ou profondément désespérée, elle confère une grande pudeur à sa protagoniste qui se sent impuissante face à la maladie de son géniteur. Par petites touches et à travers d’infimes expressions, Olivia Colman parvient aussi bien à traduire l’épuisement d’une garde-malade que la dévotion d’une fille ou la culpabilité d’une enfant.
Un scénario labyrinthique et immersif
Avec ce premier film, Florian Zeller entre dans la cour des grands cinéastes non seulement grâce à sa direction d’acteurs très intuitive mais aussi par son magnifique sens de la narration où tout est méticuleusement mis en scène. Au coeur de cet appartement londonien qui sert de socle à ce face-à-face père/fille, le spectateur doit être attentif aux détails et aux scènes qui se répètent : en effet, tout au long du film les pièces et le décor vont progressivement se transformer pour mener Anthony jusqu’à son ultime chambre d’hôpital.
L’évolution visuelle est habilement construite et elle cherche à troubler nos esprits à l’exemple du scénario immersif qui nous déstabilise sans cesse. De toute évidence, le réalisateur s’amuse avec son public en le plaçant dans la tête confuse d’Anthony Hopkins : en nous faisant partager successivement les rêves, les visions et les souvenirs de son triste protagoniste, il nous invite ainsi à reconstituer le puzzle d’une existence qui, hélas, n’a plus rien à voir avec la réalité…
Si vous avez vous-même été confrontés à des parents ou des proches atteints de sénilité ou de dégénérescence mentale, ce film ne peut que vous émouvoir tant il est réaliste. Quant à son final, il risque de vous écorcher vif. Mais, après tout, c’est la spécialité d’Hannibal Lecter….
Florence Y. Gopikian
The Father
Un film de Florian Zeller
D’après la pièce “Le Père”
Avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Rufus Sewell, Imogen Poots, Mark Gatiss, Olivia Williams
Sortie en salles : le 26 mai 2021
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