Ces trois là semblaient vouées à se trouver. Depuis de nombreuses années dans le métier en solo, parfois en duo revoilà cette fois Amel Bent, Camélia Jordana et Vitaa en trio. Une composition inédite baptisée « Sorore » sur lequel ces grandes copines unissent leur force en totale harmonie. Un album symbolisant leur attachement les unes aux autres et leur envie commune de défendre la cause des femmes. Chronique musicale.
En toute amitié
À elles trois elles cumulent plus de 3 millions d’albums vendus depuis le début de leurs carrières respectives. Trois univers, trois destins croisés qui aujourd’hui se retrouvent sur le même chemin. Une bande de guerrières issues de la pop R&B, réunissant trois voix que l’on connaît bien : Amel Bent, Camélia Jordana et Vitaa. Une idée née au hasard il y a quelques mois à force de se croiser régulièrement dans les locaux de leur label commun Indiffferenceprod. Un endroit forcément propice aux rassemblements musicaux. Un premier mélange vocal pour le plaisir au son de « Où je vais » d’Amel Bent et la magie opérait. Une révélation pour elle et ses collègues devenues depuis de véritables sœurs de coeur. « Sorore » signifiant « sœur » en latin, c’est justement le nom de leur album commun. Un projet de sept titres et trois interludes, tous issus de leurs discographies respectives. L’idée : remettre au goût du jour quelques uns de leurs plus grands succès. Une façon judicieuse d’injecter une petite piqure de rappel aux fans tout en scellant leurs liens amicaux. Des relectures toutes construites de la même manière autour d’harmonies vocales et arrangements sonores solaires et enivrant. Ici pas de grandes envolées lyriques et très peu d’inserts artificiels, seulement des associations rythmées et mélodieuses et phrasés a cappella. Elles ne visent pas la performance. Le juste équilibre pour redonner des couleurs entre autre à « Ma sœur » de Vitaa pourtant encore dans tous les esprits dans sa version d’origine. Un grand classique entendu et repris à gogo qui parvient ici à se réinventer. Un tube réconfortant qui réjouira les plus nostalgiques, faisant au passage écho à la complicité entre ces trois drôles de dames.
Des femmes de valeur
Un disque qui s’envole en seulement 25 minutes, un temps un peu trop court. Rythmé et entêtant certes mais manquant un peu de chansons inédites. Des reprises hybrides piocheés parmi les succès marquants et si chers à leurs yeux : deux pour chacune. Pas d’animosité ni de problème d’égo, toutes sont traitées à la même enseigne et se répartissant les paroles en chantant d’une seule et même voix. Avec entre autre «Non, non, non » sauce groove et « Moi c’est » de Camélia Jordana chargé à l’époque de faire les présentations. Retour aussi à l’époque de la sortie de son premier album pour Amel Bent qui partage son indispensable post-rupture amoureuse « Ne retiens pas tes larmes » et sa déclaration passionnelle à la musique « Où je vais » point de départ du projet. Une sélection qui n’a rien d’aléatoire, traduisant aussi l’état d’esprit de ces femmes engagées. C’est d’ailleurs l’essence même de la définition de « sorore » un mot pas très populaire, avant tout utilisé par les militantes féministes en signe de solidarité. Une équipe soudée clamant avec conviction son rejet des valeurs de « Marine » Le Pen à travers l’hymne intergénérationnel de Diam’s. Avant de faire retentir le message quasi féministe de « Pourquoi les hommes » pointant du doigt les vices de la gente masculine. Une libération savoureuse et intense que l’on aurait aimé encore plus approfondie.
DROUIN ALICIA